jeudi 28 avril 2011

Souffrance (2)

Jeudi de Pâques


N.B : Jusqu’à Samedi, comme on me l’a suggéré, je m’efforcerai de faire quelques réflexions à propos de la souffrance, du mal…. Mon propos n’est donc pas sujet d’homélie, mais partage sur une question souvent posée…

“Il leur expliqua, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait“.

La supplication du pauvre Tobie (citée hier) qui s’apparente étrangement à celle du “saint homme Job“ me semble s’exhaler encore du cœur du saint roi Josias (7ème s.), percé par une flèche perdue. Ce fut l’occasion, dans l’histoire biblique, de la première et immense réflexion sur la souffrance, sur le mal ! Elle accompagnera les psalmistes durant la grande épreuve de l’exil à Babylone.
Cette supplication traverse toutes les lamentations des siècles - et la vôtre et la mienne -, pour aller trouver sa résolution dans le cœur même du Christ percé, lui aussi, par la lance du soldat romain. On dirait que la trajectoire de cette flèche blessant à mort le juste roi Josias nous indique, à travers les âges et les mondes, l’unique solution : le mystère pascal du Christ ! Mystère très étrangement pressenti par le prophète Zacharie qui fait dire à Dieu : “Ils (les habitants de Jérusalem) regarderont vers moi (donc vers Dieu), celui qu’ils ont transpercé !“. St Jean a bien compris cela au pied de la croix : Dieu, en Jésus, est lui-même transpercé par la lance du soldat romain. Et Jean perçoit alors que c’est du côté du Christ percé par la lance du soldat que coule une eau divine et salvatrice pour tous les hommes…

Oui, le croyant peut alors approcher lentement de ce mystère !

D’ailleurs, humainement, - dites-moi ! - qui peut parler à celui qui souffre sans le blesser, sans accroître son mal ? - Il n’y a que dans le cœur transpercé du Christ que l’on peut appréhender la souffrance, la méditer et l’affronter en nous-mêmes et autour de nous. Bien plus, il le faut, car, avec l’amour, la souffrance est au cœur de l’humanité.

La souffrance et l’amour ! Voilà bien ce qui remplit l’homme ! Et remarquons qu’il y a un lien entre ces deux réalités : on souffre toujours à proportion de son amour. La puissance de souffrir est, en nous, la même que la puissance d'aimer. Aussi, Dieu lui-même a tant aimé les hommes qu'il leur a donné son propre Fils en croix ! La souffrance et l’amour en Jésus Christ !

Dès lors, avec l’amour du cœur transpercé du Christ, tout devient possible, face au mal lui-même. Claudel avait raison : “Le Christ n'est pas venu supprimer la souffrance. Il n'est pas venu l'expliquer, mais il l'a remplie de sa présence d’amour !“.

Et, en ce sens, lutter contre la souffrance devient même un devoir d’amour, peut devenir action divine ; il faut louer tous les tous les acteurs de bienfaisances diverses, tous les savants, tous les médecins qui contribuent à soulager la souffrance quelle qu’elle soit. Savent-ils qu’ils prêtent leurs mains au Dieu Créateur, au Dieu Rédempteur, au Dieu-Amour ?

Il n’y a jamais rien de nouveau dans le mal ! C’est toujours dans le bien que l’on crée. On crée en brisant le seuil de l’impossible humain, avec Jésus, le Ressuscité, le vainqueur du mal par excellence, la mort elle-même ! En lui, “Dieu a les issues de la mort elle-même“ !
Et Dieu fait en sorte de donner à l’homme de créer, de re-créer, c’est-à-dire de faire naître dans les ombres de notre monde la lumière qui vient de l’au-delà du monde. C’est en donnant sa vie que l’homme la reçoit ! Et en la donnant, tout se passe comme si Dieu nous donnait d’enjamber les ténèbres de ce monde et d’aller vers lui dans le sentiment fragile de faire surgir de nos mains tremblantes et de nos vies chancelantes ce qui paraissait ne pas être !

Oui, seules - et j’en reviens -, la flèche du juste roi Josias devenant mystérieusement la lance du Centurion romain peuvent amener à cet élargissement de notre propre cœur capable alors de recevoir un trésor de l’amour divin, un trésor de Vie par-delà la souffrance, la mort elle-même.
J’en suis convaincu. Mais je sais encore : c’est déjà extraordinaire de recevoir cette confidence, cette conviction du Christ ressuscité ! C’est encore plus extraordinaire d’en vivre, tant la réalité dépasse nos pauvres forces humaines ! ! !



A suivre


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