mardi 12 avril 2011

Serpent

Carême 5. Lundi Regarder le Christ en croix (Nomb 21.4sv)

Il y a un jeu de mots plein d’humour (d’humoir noir) dans l’expression “serpent d’airain“ (serpent de bronze)

Serpent : (nerach). N’oublions pas que les Hébreux venaient d’Egypte ! En ce pays, on croyait qu'un animal dangereux pouvait être neutralisé ou manipulé par son image. Ces représentations transformaient la menace mortelle du serpent (par ex.) en une fonction guérissante. C’est un peu comme dans l’art de la médecine : on prend un peu du poison, on l’inocule dans l’organisme pour en faire un antidote ! Ainsi, des images d'animaux accompagnaient les morts, afin de les protéger des forces du monde souterrain. Encore maintenant, on voit l’image du serpent figurée sur le pare-brise des voitures des médecins et des pharmaciens.
Ainsi, en se moquant, Moïse dit au peuple : en regardant le serpent, regardez bien en face l’objet de votre erreur, votre mal (ne pas croire en Dieu). Et en regardant votre erreur bien en face (avec contrition, dirions-nous), vous serez sauvés !

Et Moïse insiste ! Dieu lui avait commandé de faire un serpent ! Et lui de se dire : “je le ferai en airain“ : "nerochet" ! Il en découle un jeu de mots dans l’expression “serpent d’airain“ : (nerach nerochet). Les deux mots ont la même origine, celle du verbe : faire de la divinisation, consulter les augures, ce que les Hébreux faisaient facilement quand ils se détournaient de Dieu !
Autrement dit, en amplifiant sa moquerie, Moïse leur demande de bien reconnaître le serpent, c’est-à-dire leurs erreurs, leur manque de confiance. Et ce faisant, Dieu leur pardonnera et ils seront sauvés ! La faute qu’il regarde bien en face avec contrition devient un antidote par la foi retrouvée.

C’est cette explication que semble donner Jésus dans son entretien avec Nicodème (Jean 3) : “Ce qui et né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit !“.
+ Reconnaître d’abord que ce qui et né de la chair est chair, comme David qui reconnaît sa faute : “Vois, mauvais, je suis né !“
+ Ce qui conduit à une “renaissance“ : “crée en moi un cœur pur !“ demandait alors David après avoir reconnu sa faute avec contrition : “ce qui est né de l’Esprit est esprit !“.

Aussi, se référant à l’épisode du désert, Jésus peut ajouter : “comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l'homme soit élevé…“. C’est-à-dire regardez avec contrition le Christ en croix dont la mort est le “salaire du péché“, dira St Paul. Regarder en face son erreur ! Et alors, par la foi, le salut est donné !
+ “afin que quiconque croit ait, en lui, la vie éternelle“.
+ “Qui croit en lui n'est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu“.
+ “Et le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré l'obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises“.
+ “Quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de crainte que ses œuvres ne soient démasquées“.

On comprend mieux les phrases de St Jean : ­­
- faire la vérité, regarder en face, le serpent, objet de nos fautes, de nos erreurs… Faire la lumière jusque là !
- Et alors par la foi, le salut est donné !

C’est toujours le même mouvement : descendre jusque dans sa bassesse pour remonter, “renaître“, dit Jésus à Nicodème.

C’est tout le sens de notre baptême : descendre dans la mort avec le Christ pour remonter avec lui vers la VIE.

Aucun commentaire: