samedi 9 avril 2011

Le Prophète !

Carême 4 Samedi - Jr 11,18-20 - Jn 7,40-53

Le temps m’a manqué pour commenter les textes liturgiques d’aujourd’hui ! Et je n’aime pas cela. St Benoît ne nous apprend-t-il pas le soin que nous devons avoir pour accomplir l’“Opus Dei ?“. Je ferai mieux peut-être de vous inviter à une méditation silencieuse, tant la “Parole de Dieu“ est respectable et à respecter. N’oublions pas que pour les Juifs, la Torah est un peu comme le Saint-Sacrement pour nous. D’ailleurs, en terre chrétienne, on parle équivalemment et de la “Table de la Parole“ et de la “Table du Pain“… eucharistique !

On peut dire cependant que la figure de Jérémie annonce la tragédie du mystère pascal que nous allons fêter très prochainement. Ce prophète, jeune, fut en butte aux conspirations faites contre lui par ses compatriotes et sa parenté elle-même dans son village d’Anatoth. Et, plus tard, il vivra, avant Jésus, l’exclusion, la persécution dont souffraient les juifs d’Alexandrie qui restaient fidèles à leur identité, et se trouvaient par là même en butte aux tracasseries de la part de leurs congénères qui s’assimilaient trop facilement au paganisme ambiant. Avec lui, se profile la figure de Celui qui sera le rocher de contradiction qui “doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël“, pour reprendre le langage du vieillard Syméon s’adressant à la Vierge Marie lors de la Présentation au Temple.

L’Evangile, comme celui d’hier, nous fait assister à la fête de Soukkoth, près de la piscine de Siloé. Il fait partie de ces trois chapitres de St Jean, auxquels on peut donner, comme le fait la Bible de Jérusalem, le titre de “La grande révélation messianique et le grand refus“. Jésus, est-il, oui ou non l’“Envoyé“ ?

La foule se divise. Les uns s’écrient : “C’est vraiment Lui, le grand prophète !“. On ne relira jamais assez le texte supposé connu du Deutérono-me, la promesse de Moïse entérinée par Dieu Lui-même : “Le Seigneur ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez. C'est cela même que tu as demandé au Seigneur ton Dieu, à l'Horeb, au jour de l'Assemblée : "Pour ne pas mourir, je n'écouterai plus la voix du Seigneur mon Dieu et je ne regarderai plus ce grand feu", et le Seigneur me dit : "Ils ont bien parlé. Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai…“ (Dt 18,15-21)

Comme la Samaritaine, une partie du peuple reconnaît en Jésus le Prophète : “La femme lui dit : "Je sais que le Messie doit venir, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, il nous expliquera tout." Jésus lui dit : "Je le suis, moi qui te parle." ( Jn 4,25-26)

Ce sont les autorités responsables du peuple, plutôt que le peuple lui-même qui est sceptique. Les gardes envoyés pour arrêter Jésus, reviennent sans avoir accompli leur mission, et disent, comme la foule au bord du lac : “Jamais homme n’a parlé comme cet homme. Il parlait « avec autorité »“. Il me semble avoir lu ou entendu que sous cette expression « avec autorité », il y a la distinction entre les paroles que Dieu dit directement au Sinaï et les paroles qu’Il transmet par l’intermédiaire de Moïse. Ici, on suggère que Jésus parle non pas comme les scribes, mais comme Dieu Lui-même au Sinaï : directement. « Avec autorité »!

Parmi les responsables du peuple se distingue, cependant, Nicodème, celui qui alla trouver Jésus de nuit au cours de son premier séjour à Jérusalem. Celui qui hésite longtemps (cela arrive, n’est-ce pas ?), celui qui, en fin de compte, sera là à la fin de l’Evangile, pour recevoir le corps de Jésus à sa descente de Croix, avec Joseph d’Arimathie : “Après ces événements, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Pilate le permit. Ils vinrent donc et enlevèrent son corps. Nicodème - celui qui précédemment était venu, de nuit, trouver Jésus - vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d'aloès, d'environ cent livres“. ( Jn 19,38-39)

La méditation de la liturgie d’aujourd’hui nous invite à réfléchir que judaïsme et christianisme ne sont qu’apparemment deux religions. Il serait plus exact de dire que c’est un différent qui a surgi comme à l’intérieur du dessein de Dieu. “La Pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, est devenue la pierre d’angle“. Ce sera la grande réflexion souffrante, crucifiante en la pensée de St Paul, lui qui, “pharisien, fils de pharisien“ fut illuminé par le Christ glorieux sur le chemin de Damas, lui qui aurait voulu mourir pour ses frères de race !

En tous les cas, c’est une invitation à méditer toujours plus profondément sur les voies de Dieu qui ne sont pas nos voies : “Vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle du Seigneur. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la Parole qui sort de ma bouche : elle ne revient pas vers moi sans effet…“ (Is 55, 8-11)

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