mardi 5 avril 2011

Les prophètes !

Carême 4. Mardi - “Les orgues de Dieu… !“ (Ezéchiel 47.1sv)

Ayant été absent, rentrant tout juste, je n’ai pas eu le temps de “faire mon mot“. Aussi je me permets simplement de vous rappeler, à propos de la lecture, certains thèmes (ou idées) que j’ai déjà émis. Ils me semblent importants. … Et puis, surtout, c’est une occasion de vous dire : je ne vous oublie pas !

Il faut le savoir et surtout le reconnaître : Dieu, comme un grand organiste, aime jouer les partitions de son chant d’“Alliance avec l’homme“ sur toutes les touches du clavier humain. Il a le goût d’utiliser les registres des hommes les plus divers, selon les circonstances et les époques. Cela est consolant pour les originaux… Or, chacun est original… puisque unique aux yeux de Dieu! Chacun est une note que Dieu aime utiliser. Le savons-nous ?

Ainsi en est-il pour le registre des “prophètes“ que Dieu “utilise“ ! Et aujourd’hui encore, Dieu utilise ce registre : savons-nous reconnaître les prophètes de notre temps ?

- Isaïe - on en a déjà parlé - est un Seigneur parmi les Seigneurs de son temps. Il a ses entrées à la cour royale. Il s’entretient avec Achaz, Ezéchias… A propos des rois de Damas et de la puissante Assyrie, il donne avis et conseils. C’est que ce grand prophète fait de la grande politique, s’il vous plaît, en recommandant cependant de mettre toute sa confiance en Dieu seul ! Prions instamment Isaïe pour tous les chrétiens engagés dans une mission politique ou sociale.

- Jérémie, plus modeste, n’est pas spécialement un visionnaire. Cependant, le Seigneur lui fait remarquer ce qui l’entoure ! “Que vois-tu, Jérémie ?“ - “Je vois un rameau d’olivier ! - “Que vois-tu encore Jérémie ? - “Je vois un chaudron sur un foyer attisé !“. Il voit bien Jérémie ! Mais le Seigneur lui transmet un sens insoupçonné à ce qu’il voit. Aussi devient-il le révélateur “des signes de son temps“ ! Réaliste, il devient un observateur avisé face aux événements tragiques de son époque (la montée de la puissance babylonienne). Prions pour que nous sachions, par grâce divine, discerner les signes de notre temps, en nous-mêmes et autour de nous !

- Ezéchiel, lui, va de vision en vision. Il a des “hallucinations“ perpétuelles que le Seigneur est obligé d’“encadrer“ souvent. Dieu a pris un homme avec une imagination qui a tendance à travailler “en roue libre“, si l’on peut dire. Aussi Dieu “pédale“ souvent avec lui pour orienter et redresser son imagination …si fertile ! Que voulez-vous ! Ezéchiel est un prophète d’exil (à Babylone)… ; alors il souffre, Ezéchiel… Et, parce qu’il souffre, il rêve ; sa foi rêve d’un retour à Jérusalem grâce à la puissance du Seigneur. Dans l’angoisse, ne nous arrive-t-il pas de rêver, nous aussi, et parfois tout éveillés ! “Tu as retenu les paupières de mes yeux, dit le psalmiste (manière originale de parler de l’insomnie !). Je réfléchis … ; je médite, je m’interroge“ (Ps 77.5). Il est permis de rêver tout éveillé, avec nostalgie, en pensant aux grâces déjà reçues. Mais que nos rêves éveillés deviennent alors prières de foi et surtout d’espérance !

Ainsi, avec Ezéchiel, on ne sait jamais s’il a les yeux ouverts ou endormis avec des cauchemars.

- Il voit le rouleau d’un livre que le Seigneur lui commande de manger et qui a le goût du miel. Dès lors il transmettra avec saveur la Parole de Dieu. Savons-nous “manger“, nous aussi la Parole de Dieu. Le P. Jousse, naguère, un Sarthois, parlait de “la manducation de la Parole de Dieu !“. Certains Pères de l’Eglise conseillait de la “ruminer“.

- Il voit, Ezéchiel, des ossements dans une vallée ; ces ossements se rassemblent et reprennent vie. Le peuple de Dieu va reprendre vitalité ! Or, nous, nous savons que le Christ est ressuscité… Et nous-mêmes avec lui, en lui !

- Il voit, Ezéchiel, une source qui sort du temple et qui va purifier les eaux de la mer morte. C’est le Seigneur qui lave son peuple de toutes ses fautes… C’est le passage de notre lecture. Les chrétiens en connaissent le sens ! Lors de son baptême, Jésus descend en ce fleuve dont le nom signifie descendre, il descend en quelque sorte au point le plus bas du globe jusqu’à la mer morte (symbole du péché du monde). Lui, le sans péché, il descend prendre la péché de l’humanité, “Agneau de Dieu qui prend sur lui les péchés du monde“. Et il “remonte“, traversant ce Jourdain comme Moïse autrefois la mer rouge ; il remonte vers le temple de Jérusalem qu’il veut détruire pour le rebâtir en son propre Corps (“Détruisez ce temple ; et je le rebâtirai en trois jours…“). Aussi, à sa mort, du côté droit de ce nouveau Temple qu’est son Corps percé par la lance du Centurion coule une nouvelle source, un nouveau Jourdain pour que tout homme puisse y descendre, et purifié (comme autrefois Naaman, le Syrien) puisse remonter pour “voir déjà - le voile de l’ancien Temple se déchirant - Celui qui nous voit sans cesse“ ! N’est-ce pas tout le sens de notre baptême, cette petite source en nous qui doit se développer en torrent pour tout purifier en nous-mêmes et témoigner de cette purification.

Cependant, Ezéchiel n’est pas tout à fait un rêveur. Cette eau qui sort du temple est l’eau de la source de Gihon, au pied du temple, c’est aussi la source qu’Isaïe avait déjà utilisée pour la faire parvenir - en creusant un canal, le fameux canal d’Ezéchias - à l’intérieur des murs de Jérusalem, comme signe de la protection de Dieu face à l’envahisseur assyrien. Cette eau arrivait dans une piscine, la piscine de Siloë. Et c’est là que, plus tard, Jésus guérira un aveugle-né – “Va te laver à la piscine...“, avant de déclarer : “Je suis la Lumière du monde !“. Mais ne sommes-nous tous des aveugles. Voyons-nous le Seigneur qui passe sans cesse près de nous pour nous purifier, nous libérer ? Etre sur la trajectoire de Dieu qui passe ! Car, “là où le péché a abondé la grâce a surabondé“ dira St Paul.

Que le Seigneur nous aide tous à entrer de plus en plus en son mystère pascal actualisé en nous par le baptême.

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