lundi 25 avril 2011

Résurrection - Eternité !

Lundi de Pâques

“Hommes de Galilée, dit Pierre dans son premier discours après la Pentecôte, cet homme Jésus que vous avez fait mourir…, Dieu l’a ressuscité… !“. Voilà bien l’objet du kérygme : le premier objet de la prédication apostolique. Une proclamation qui reprend l’affirmation des premiers disciples : “C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité ; il est apparu à Simon !“ (Lc 24.34). Et à la suite de Pierre, tous les apôtres - St Paul particulièrement - insisteront sur ce fait de la résurrection : “Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi !“ (I Co 15.14). Et St Pierre terminera sa seconde lettre ainsi : “A Jésus Christ soit la gloire dès maintenant et jusqu’au jour de l’éternité“ (2 Pet 3.18). Cette éternité qui nous est promis : “Je suis le Pain vivant qui descend du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité“ (Jn 6.58).

Résurrection - Eternité ! Deux mots qui peuvent poser question : même s’ils sont très liés l’un à l’autre, ils ne recouvrent pas la même réalité ! On a trop tendance à imaginer une succession de temps : le présent actuel qui s’écoule, puis la “Pâques (passage) de la mort à la vie, puis enfin l’éternité mais conçue comme un temps sans fin... Mais c’est introduire dans le temps, avec ses codes, ses mesures arbitraires, quelque chose - l’éternité - qui n’a rien à voir avec le temps !

Ce que l’on peut dire : l’Eternité, c’est Dieu ! La Résurrection, c’est Jésus-Christ !
- L’Eternité est propre à Dieu : “IL EST “ ! Et cela suffit. “Il est“ l’Eternel présent, le pur Acte d’être ! L’homme, lui, parce que créé “à l’image de Dieu“ a une âme immortelle. Mais il n’est pas de soi “Eternel“ ! Il ne peut accéder à l’Eternité qu’en communiant à l’“Unique Eternel“, c’est-à-dire à Dieu, à Dieu-Trinité ! - Communion plénière quand nous serons dans la gloire ! - Communion anticipée ici-bas quand nous sommes dans la grâce qui est une union à Dieu !

- La Résurrection, elle, relève de ce que la théologie orientale et patristique appelle : l’“Economie“ qui est une réflexion sur l’Agir de Dieu, sur la pédagogie divine à notre égard… tout au long de notre vie. Elle n’est pas une réflexion sur l’ETRE de Dieu.
Ainsi, la Résurrection de Christ inaugure un monde nouveau, tout en étant un événement de ce monde ; elle est à la charnière des deux mondes. Elle est une “Pâques“ où s’accomplit le passage d’un monde obscur marqué par la mort vers un monde de lumière et de béatitude. Elle n’est pas encore la jouissance plénière de l’“Etre Eternel“, la communion parfaite avec Dieu-Eternel. La Résurrection est un moment du temps qui peut donner accès à la Vie éternelle ! C’est peut-être en ce sens qu’il faut comprendre l’injonction de Jésus à Marie de Magdala : “Ne me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père… et votre Père…“ (Jn 20.17). Marie ne peut plus “toucher“ son Seigneur à la façon du monde temporel ; elle ne pourra le “toucher“ que lorsqu’il sera reconnu par elle-même, par ses disciples comme entré dans la gloire de la paternité de Dieu, paternité qu’il veut partager avec tous ceux qui, par le lien de la foi, resteront “en alliance“, unis à lui qu’il veut déjà appelés “ses frères“ : “Va dire à mes frères…“ !

Ainsi la Pâque du Christ annonce et appelle notre résurrection qui est également un événement…, un événement en deux temps :
- Tout d’abord, l’expérience d’une résurrection spirituelle dès la vie présente : comme une nouvelle naissance déjà annoncée par Jésus à Nicodème (Jn 3.3) : nous naissons à la vie divine par la porte de la foi, des sacrements de la foi.
- Dans un deuxième “temps“, au-delà de la mort, nous connaîtrons la résurrection corporelle.
L’une et l’autre s’inscrivent dans une histoire et donc jalonnent une durée, durée temporelle pour la première, durée mystérieuse pour la seconde qui n’est ni le temps, ni l’éternité, mais quelque chose entre les deux, une sorte de permanence (sans avant, ni après) comme un “état“ de vie. (St Thomas d’Aquin emploie le mot “aevum“ : temps illimité, époque).
Sans entrer dans l’imaginaire (surtout pas), on pourrait parler :
- d’un “état“ de vie spirituelle ici bas, d’union avec Dieu qui est d’aujourd’hui comme d’hier et de demain, on l’espère …
- d’un “état“ de vie spirituelle qui sera notre mort expérimenté comme une entrée dans “l’autre monde“ où nous nous retrouverons avec tous ceux qui font cette même “Pâques“, ce même passage.
- un “état“ de vie spirituelle qui permettra d’être “ajusté“ à Dieu (cet état qu’on appelle communément purgatoire).
- enfin, un “état“ de vie spirituelle qui, comme l’expérience d’une résurrection finale et plénière, nous permettra de jouir de l’Eternité qu’est Dieu lui-même. (Pour tout cela, cf. St Thomas d’Aquin : Som. théo. Ima 10.5 & 6).

Aussi, dès maintenant, nous pouvons nous exclamer comme St Jean, en son chapitre 3ème de sa première lettre qu’il faudrait lire et relire (je vous y invite) : “Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est“.

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