samedi 22 janvier 2011

Liturgie

2 T.O. Mardi imp. - Liturgie au Dieu vivant - (Heb. 9)

Un Simple mot aujourd’hui à propos de la lettre aux Hébreux que nous entendons depuis le début du Temps Ordinaire.

Vous connaissez certainement la structure du temple, en son essentiel : Il y a le parvis des gentils, ensuite un mur qui empêchait les non-Juifs d’aller par-delà ; les prêtres vaquaient à leur service autour du point central, le “Saint des Saints“. Seul le grand prêtre, une fois par an, le jour du Kippour, le jour de l’expiation, pénétrait derrière le voile, murmurait le nom de Dieu et obtenait le pardon des péchés.
Cette architecture du temple est à connaître si on veut comprendre cette lettre aux Hébreux - Ch 8 ou 9, surtout -. Elle explique qu’au moment de la mort de Jésus sur la croix le voile se déchire - les trois Synoptiques insistent sur ce fait ! -. C’est qu’il est, lui, Jésus, le véritable Grand Prêtre, qui entre une fois pour toutes dans le véritable Saint des Saints.
non pas dans un temple fait de la main d’homme, mais dans la demeure même de Dieu ;
non pas avec le sang des boucs, des béliers, de toutes les victimes mais avec son propre sang.
Il y entre pour obtenir la rédemption définitive,
non pas de quelques descendants d’Abraham selon la chair seulement,
mais de tous ceux qui, à travers le temps et l’espace, vont bénéficier de ce sacrifice universel du véritable Grand Prêtre.
"Tandis que chaque prêtre se tient chaque jour pour remplir ses fonctions et offre fréquemment les mêmes sacrifices qui sont à jamais incapables d'enlever les péchés, lui, par contre, après avoir offert pour les péchés un sacrifice unique, siège pour toujours à la droite de Dieu... Par une offrande unique, en effet, il a mené pour toujours à l'accomplissement ceux qu'il sanctifie." (Heb 10/11 sv).

Et notre texte d’aujourd’hui se termine par cette phrase : “Il a purifié nos consciences des œuvres mortes pour faire de notre vie une liturgie au Dieu vivant”. St Pierre dira, lui : “Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière !“ (I Pet 2.9).

Déjà ici-bas, la liturgie elle-même nous fait chanter, célébrer les louanges, l’action de grâce, les bénédictions qui sont proclamées dans la Jérusalem céleste en l’honneur du Christ qui, vainqueur de la mort, nous a délivrés de toutes nos entraves peccamineuses.
La liturgie, disait naguère le Cal Daneels, n’est pas tant l’expression de nous-mêmes, une satisfaction de nous-mêmes (“On a bien chanté !”, “c’était un plaisir partagé !“) que l’expression du chant victorieux du Christ qui, traversant le voile du temple, siège désormais, avec son humanité, à la droite de son Père !

Il faut souvent en revenir au sens étymologique des mots. Liturgie : “leitos urgos“. La Liturgie est un “travail“ (urgos) (non pas une contemplation, une méditation, même si la liturgie provoque à ces états de prière, mais en d’autres moments), un “travail“ “en commun“ (“leitos“) (1). Mais ce “travail en commun“ - ressentie avec peine ou plaisir selon les circonstances, mais peu importe ; ce n’est pas le but - est au service d’un “travail“ de “communion“ avec le Christ qui, traversant le voile du temple éternel, nous entraîne avec lui “à la droite de son Père“, à “l’accomplissement de ceux qu’il sanctifie“.

C’est ainsi qu’en conséquence, dira par la suite cette lettre aux Hébreux, la liturgie célébrée ici-bas, nous appelle à faire de toute notre vie une “liturgie au Dieu vivant“ : s’efforcer de marcher à la suite du Christ, traverser nous-mêmes ce voile du temple qui nous empêche encore de “voir Celui qui nous voit sans cesse“ afin de participer à la Vie même de Dieu qui s’exprime en l’éternel chant d’amour des trois Personnes divines !

De cette divine et grandiose réalité, nous en avons comme une anticipation, car les Sacrements de la Nouvelle Alliance véhiculent, à travers le temps et l'espace, la réalité même de ce qu'ils signifient. Quand on célèbre l'Eucharistie avec une grande foule ou avec quelques-uns, au japon ou en un autre endroit du globe…,
"celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui".
ce qui s'est passé "une fois pour toutes" lorsque le voile s'est déchiré est rendu présent, de présence réelle, à travers le temps et l'espace.

“Si tu savais le don de Dieu !“, disait Jésus. Si on savait ce qu’est la Messe“, disait le Curé d’Ars.

(1) Pour la petite histoire : l’ancien Père Abbé de Solesmes, Dom Cozien, lorsqu’il revenait d’un “pontifical“ tout en sueur, en était tout heureux : il lui semblait avoir “bien travaillé“ ! Et le P. Prou, à sa suite, répétait souvent que notre travail principal était la liturgie !

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