vendredi 21 janvier 2011

La montagne !

2 T.O. Vendredi imp. - “La « Montagne » ! (Mc 3.13-19)

“Jésus s’en alla dans la montagne et il appelle auprès de lui ceux qu’il voulait“

“La montagne“ est dans la Bible et dans les évangiles plus un lieu théologique qu’un lieu topologique.

Et cela depuis Abraham qui, à l’appel de Dieu, partit avec Isaac, vers la montagne de Moriah pour y sacrifier son fils (préfiguration de la croix et de la résurrection) : “Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter. Aussi, dans une sorte de préfiguration, il retrouva son fils !“. (Heb 11.17).

Ce fut ensuite le départ des Hébreux d’Egypte vers la montagne du Sinaï afin de passer de la “servitude“ (esclavage) au “service“ de Dieu (même jeu de mots en hébreu). Là, au Sinaï, Dieu fit alliance avec le peuple !

Et ce peuple, après quarante ans, se stabilisa en la “terre promise“ au tour de la montagne de Sion, “ce lieu que Dieu avait choisi pour y faire habiter son Nom“. Voilà l’important ! Elle n’est pas haute, cette montagne de Sion, mais Dieu l’a choisie ! “Montagne de Bashan (Hermon), montagnes sourcilleuses, pourquoi jalouser la montagne que Dieu a choisie ?“ (Ps. 68.16).

Jésus lui-même reprendra ce même parcours de montagne en montagne à la suite de Moïse (et d’Elie également).
C’est la première fois, en notre passage d’aujourd’hui, qu’il est question d’une montagne en St Marc. Or, près du lac, il n’y a pas de montagne véritable. D’ailleurs, il n’y a aucune précision de lieu. Peu importe. La “montagne“ est le lieu de la solitude, de la prière, de la proximité avec Dieu. Jésus monte donc sur une montagne pour signifier qu’il va accomplir quelque chose d’important pour sa mission : l’institution du groupe des douze apôtres qu’il enverra ensuite dans le monde entier.

Puis Jésus se dirigera vers les hautes montagnes de l’Hermon. Là, aura lieu un autre événement important : la Confession de Pierre. Jusque là, partout à la vue de Jésus, on demandait - d’après Marc - : “mais qui est donc cet homme“ qui parle comme jamais homme n’a parlé et qui accomplit des merveilles ? Dans les montagnes du Nord, c’est Jésus qui pose la question : “Pour vous, qui suis-je ?“ Et Pierre répond admirablement au nom des Douze : “Tu es le Christ !“. (8.29) C’est la fondation de l’Eglise.

Et quelques jours après, encore sur une “haute montagne“, Jésus leur dévoile le sens de l’“Exode“ qu’il va accomplir à Jérusalem (son mystère pascal). C’est la Transfiguration.

Enfin, résolument, dira St Luc, il se dirigera pour accomplir sa “Pâques“ vers Jérusalem, cette montagne que “Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom“ et ainsi se dévoiler au monde entier.

Si, dans la Bible, la montagne est souvent lieu de solitude, de détresse, de tentation, c’est également et surtout le lieu où Dieu parle. Dieu dira par le prophète Amos : “Au désert, je parlerai“ (en hébreu il y a un jeu de mot : “midbar dibarti“). Dieu parle. Et il se révèle toujours de façon personnelle afin que chacun le suive à travers son mystère pascal vers la solitude de la mort, certes, mais surtout vers la VIE. “Ce Dieu est pour nous le Dieu des victoires et les portes de la mort sont à Dieu, le Seigneur“ (Ps 68.21).

En parlant ainsi, je pense particulièrement à ceux qui traversent de dures combats - physiques ou spirituels - comme des “combats à mort“ ou à ceux qui approchent de la mort à ce monde. Je pense à ceux-là et me permets de leur dire, en ma prière, la parole du Christ : “Pour vous, je suis le VIVANT !“.

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