samedi 1 janvier 2011

Bonne année !

1er Janvier 2011 - Ste Marie, Mère de Dieu

En ce premier jour de l'An, je vous redis à tous, en toute simplicité "Bonne et Sainte Année".
La salutation du Célébrant, au début de toute célébration est souvent et doit être littéralement : "Le Seigneur avec vous !", sans précision de temps. Oui, “le Seigneur avec vous !“,
du fait que vous êtes réunis en son nom ("Si deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux"),
du fait de votre baptême qui vous a fait ressemblants au Christ, Fils de Dieu,
du fait de votre appartenance à l'Eglise, Corps du Christ,
du fait, bien sûr, de votre profession religieuse qui vous a consacrées à Dieu.
Oui, “le Seigneur est avec vous !“. Qu'il le soit de plus en plus et tout spécialement au cours de l'année civile qui commence : qu'il soit le guide de toutes nos pensées, de toutes nos actions. Que Marie - que nous saluons "Mère de Dieu" aujourd'hui - nous aide à l'accueillir comme elle-même l'a accueilli pour le salut de tous les hommes. Dans la Paix !

St Paul nous a justement rappelé dans la seconde lecture : “Dieu a envoyé son Fils“. Bien sûr, quand nous disons “Fils“ pour désigner le "Verbe de Dieu", nous n'employons pas ce mot en son sens habituel. Et d'ailleurs, si nous disons “Verbe“ plutôt que “Parole“, c'est parce que "Verbe", mot peu usité, nous fait comprendre qu'il ne s'agit pas de la "parole" au sens ordinaire. C'est qu’aucun mot, aucune formule ne peut dire Dieu. Il faut le savoir si nous voulons continuer à utiliser des mots et des formules sans idolâtrie. Le mot “Dieu“ lui-même est un peu comme le "Saint des Saints" du Temple de Jérusalem : un espace vide, mais un espace vide qui est pourtant comme le centre de tous le reste de l'espace.
Nous voici donc en face d'une formule : "Dieu a envoyé son Fils" dont les termes eux-mêmes nous échappent, je dirais une formule-tremplin qui nous projette dans l'Inconnaissable, l'Inconnaissable qu'est Dieu, comme le reconnaît St Thomas d'Aquin quand il énumère les noms divins. Et s'il est bon de reconnaître humblement que la raison ne peut atteindre Dieu que difficilement, c'est pour souligner l'énormité, l'audace inouïe de cette autre formule : "Marie, Mère de Dieu", objet de la fête d'aujourd'hui. Car la foi chrétienne, c'est aussi cela : ce Jésus, né d'une femme, est Dieu.

Mais, du coup, quand nous disons : "Jésus, né d'une femme" ou "Jésus, fils de Marie", les mots ne sont plus, comme pour "Fils de Dieu", des indications qui nous orientent un peu vers le mystère divin ; ils sont pris au sens le plus habituel, celui de notre expérience humaine, de sorte que lorsque le "Fils de Dieu" se fait "fils de Marie", c'est l'Inconnaissable qui se fait connaître, c'est Celui auquel on ne peut donner de nom qui se met à porter un nom (“L'enfant reçut le nom de "Jésus", le nom que l'Ange lui avait donné avant sa conception“).
Celui que l'espace ne peut contenir, le voici enfermé dans le corps de Marie ;
Celui qui transcende tous les temps, le voici en un point du temps ; celui qui est "Parole éternelle" se soumet à une parole humaine.
Bref, voici Dieu enfermé dans nos limites, dans les limites d'un homme situé dans le temps et dans l'espace : “L'an quinze du règne de l'empereur Tibère, Ponce-Pilate étant gouverneur de la Judée, un nouveau-né est couché dans une mangeoire“… dans une mangeoire de la maison du pain - “Bethléem“ - : Dieu devient homme pour se faire "nourriture" vitale de tous les hommes !

Ainsi quand Dieu est venu nous manifester qu'il était avec nous sur nos chemins, il n'est plus l'Etre suprême sans visage. Désormais, nous avons devant les yeux un visage ; dans la bouche, un nom ; dans les oreilles, des paroles qui disent la Parole éternelle. Et certainement que ce visage devait ressembler à celui de Marie, et ses paroles avoir les intonations des siennes, comme un enfant peut ressembler à sa mère. Et quand le Concile d’Ephèse a imposé la formule “Marie, Mère de Dieu“, il voulait justement souligner que l'homme que Marie avait mis au monde était bien le Dieu de l'Univers.

Et que veut dire encore, dans le concret, "Mère de Dieu" ? Tout l'Evangile nous répond : Cela veut dire "se faire le lieu de passage" par lequel Dieu va à l'homme.
- Comme toutes les mères, mais d'une façon plus singulière, Marie ne possède pas son fils pour elle-même, mais pour les autres, pour tous les hommes, pour leur salut.
- Mais en même temps, plus elle donne, se donne et donne son fils, plus "elle médite en son cœur les événements" qui lui arrivent par son fils et qui le manifestent comme Dieu. De plus en plus elle le reconnait et le reçoit comme Dieu.

Autrement dit, plus elle donne son fils, plus elle le reçoit comme Dieu. - Et nous-mêmes, soyons-en persuadés pour cette année qui s'ouvre : plus nous donnerons, nous nous donnerons, plus nous essayerons de transmettre le Christ par nos attitudes, notre capacité d'écouter, nos paroles, bref par tout notre être humain, plus le Christ divin se manifestera en nous-mêmes, en notre cœur qui "médite tous les événements" de notre vie.
C'est en transmettant le Christ que nous l'accueillerons davantage en nous-mêmes. Qui donne reçoit. Et c'est ainsi que le Christ, que Dieu sera de plus en plus, comme dit St Paul, "tout en tous".

“Le Seigneur avec vous !“. Bonne et sainte année !

Aucun commentaire: