samedi 27 février 2010

Le Pardon ! - Carême 1 Vendredi – (Ez 18, 21-28 - Ps 129 - Mt 5, 20-26)

Dans la justice humaine, quand un homme a commis une faute, un délit, on note tout dans un casier judiciaire ; et même quand la peine encourue pour la faute a été purgée, le dossier reste et ne bouge pas. Le coupable a pu s’amender, se réintégrer dans la société, devenir un bienfaiteur, le casier judiciaire reste indélébile. Le temps qui s’écoule ne change rien à la fiche où sa culpabilité reste décrite.

Ezéchiel nous affirme que les voies de Dieu sont différentes. Dieu n’a qu’un but : la vie du pécheur ! Et, s’il se repend loyalement, tout est effacé. Dieu ne se souvient plus de rien. Ezéchiel est totalement dans la ligne du prophète Osée qui affirme que le pardon est une véritable“ re-création“, que le pardon de Dieu peut être à l’origine d’une alliance, d’un amour plus beau que celui des origines, que celui des fiançailles.

“Le pardon que nous recevons au baptême est si plein et si entier, qu’il ne nous reste absolument rien à effacer, soit de la faute originelle, soit des fautes commises par notre volonté propre, ni aucune peine à subir pour les expier“, dit le catéchisme de l’Eglise catholique de 1992 (§ 978).

Le sacrement de pénitence, pour ceux qui sont tombés après le baptême, opère la même réconciliation totale avec Dieu et avec l’Eglise….
  • § 982 : “Il n’y a aucune faute, aussi grave soit-elle, que la Sainte Eglise, qui a reçu les clefs du Royaume des cieux ne puisse remettre. Il n’est personne, si méchant et si coupable qu’il soit, qui ne doive espérer avec assurance son pardon, pourvu que son repentir soit sincère“…
  • § 983 : “La catéchèse s’efforcera d’éveiller et de nourrir chez les fidèles la foi en la grandeur incomparable du don que le Christ ressuscité a fait à son Eglise : la mission et le pouvoir de pardonner véritablement les péchés, par le ministère des apôtres et de leurs successeurs“.

C’est tout à fait dans la ligne de l’enseignement du saint Curé d’Ars dont nous avons accueilli les reliques :
  • “Le plus grand plaisir de Dieu et de nous pardonner !“
  • “Nos fautes sont des grains de sable à côté de la grande montagne des miséricordes de Dieu !“.
  • “Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon ; mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui !“.

Par le sacrement de réconciliation, Jésus accomplit cette nouvelle alliance que les prophètes avaient entrevue. Il devient l’agneau qui porte le péché du monde !

Cependant, il faut souligner que l’’Evangile nous montre ce que la prise de conscience du don et du pardon de Dieu pour chacun de nous doit avoir pour conséquence : nous devons être pour les autres ce que Dieu est pour nous ; nous comporter avec les autres avec la même gratuité que Dieu a manifestée pour nous ! Nous avons tous des sentiments de culpabilité qui continuent à traîner au fond de notre conscience, mais souvent ils sont mal placés. Le meilleur moyen de les exorciser est de nous comporter pour le prochain comme Dieu s’est comporté avec nous.

Mt 5, 23-24 :“Lorsque tu vas présenter ton offrande à l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande”.

Le Saint Curé d’Ars disait de façon assez catégorique : “Le Bon Dieu ne pardonnera qu’à ceux qui auront pardonné : c’est la loi !“.

Je crois que nous avons tous un effort à faire pour rétablir la hiérarchie des valeurs. Les meilleurs auteurs spirituels disent que le meilleur moyen de se débarrasser des scrupules et de nous faire pardonner les fautes que nous commettons tout au long de notre existence, est d’adopter pour les autres le comportement de bienveillance, d’accueil, et de gratuité de Dieu à notre égard, de faire pour eux ce que Dieu a fait pour nous.

Ceux qui pardonnent véritablement sont souvent des êtres qui ont été eux-mêmes blessés. Mais, plutôt que d’étendre la contagion du mal qu’on leur a fait, ils l’arrêtent à eux-mêmes ! Ils en épuisent le venin. Au lieu de garder des poings serrés prêts au pugilat, ils ouvrent les mains pour toute générosité. Et la bonté finit par submerger la souffrance et la rancune.

Cette “transmutation“ qui s’accomplit souvent dans le secret est l’acte à la fois le plus humain et le plus divin…, le plus rédempteur ! Ceux qui pardonnent, non seulement transfigurent leurs propres blessures grâce au rayon divin du soleil de Pâques, mais contribuent à guérir la plaie qui court toujours sur le visage de l’humanité et qui la défigure depuis les origines : la violence !

Lamek avait dit aux origines de l’histoire : vengez-vous 77 fois ! (Gen 4.24).

Jésus dira : pardonnez 70 fois 7 fois ! (Mth 18.22).

Aucun commentaire: