mercredi 10 février 2010

Notre vie, un pèlerinage ! - 5 T.O p. Mardi – (I Rois 8.22 sv – Ps 83)

Je me permets de vous engager à lire, relire, méditer cette belle prière du roi Salomon, lors de la Dédicace du temple de Jérusalem :
  • “Seigneur, il n’y a pas d’autre Dieu que Toi !“. Le Dieu révélé par Jésus Christ, Dieu fait homme, il n’y en a pas d’autre !
  • “Toi qui gardes ton Alliance et ton Amour à tes serviteurs !“ Cet Amour d’Alliance manifesté par le Christ dans son mystère pascal : “Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ses amis…“.
  • “Quand ils marchent devant toi de tout leur cœur…“. Nous sommes en marche vers Dieu pour voir Celui qui nous voit sans cesse !

Notre vie est un pèlerinage vers la Cité dont Dieu est “l’Architecte et le constructeur“, comme dit la lettre aux Hébreux. Bossuet a bien exprimé cela : “Toute la doctrine de l’Evangile, toute la discipline chrétienne est entièrement renfermée dans cette seule parole : “Egredere“ - “Sors“. La vie du chrétien est un long et infini voyage, durant le cours duquel, quelque plaisir qui nous flatte, quelque compagnie qui nous divertisse, quelque ennui qui nous prenne, quelque fatigue qui nous accable, aussitôt que nous commençons à nous reposer, une voix s’élève d’en haut qui nous dit sans cesse et sans relâche : “Egredere“ - “Sors“ et nous ordonne de marcher plus outre. Telle est la vie chrétienne !“ (Panégyrique de Sr Benoît).

Et, à ce propos, je vous suggère également de méditer le psaume 83ème dont nous avons entendu quelques extraits. C’est, par excellence, le psaume du pèlerin en marche vers le sanctuaire éternel du Seigneur.
  • "Que tes demeures sont désirables !" - "Désirables" : c'est le dynamisme affectif de l'homme, le dynamisme le plus puissant au fond de lui-même, qui peut le faire chanter, louer, danser… (comme David devant l’Arche) !.
  • “Mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur,mon cœur et ma chair crient de joie vers le Dieu vivant“.Pas seulement l'âme, pas seulement l’esprit, pas seulement la sensibilité, mais tout mon être : âme, esprit corps ensemble.
  • L’oiseau même a trouvé une maison et l'hirondelle un nid pour elle, où elle pose ses petits : tes autels, Seigneur, mon Roi et mon Dieu ! Heureux les habitants de ta Maison, ils te louent sans cesse."Heureux les habitants de ta maison !". "Heureux", dans la Bible, n'est pas un mot creux. C'est un pluriel de plénitude. C'est comme cela que Jésus commence la charte du Christianisme sur la montagne des Béatitudes.… … Le premier psaume commence par "Heureux"… "Heureux l'homme…"
  • - Heureux les hommes dont la force est en toi, qui gardent au cœur tes montées. "Qui gardent au cœur les montées…" : Ceux qui se mettent en route, qui sont en pèlerinage, qui se rassemblent.
  • Ils marchent de hauteur en hauteur, Dieu leur apparaît en Sion. En fait, on descend quand on arrive vers le temple de Salomon. Mais le mot hébreu peut se traduire : "de murailles en murailles" ou "de vertus en vertus". Dieu nous fait toujours monter vers lui !
    Alors, Dieu leur apparaît en Sion. - Ce n'est pas comme cela que la Tradition juive comprend : "Voir Dieu" Non ! Les Juifs ont corrigé par le passif tout en gardant le complément d'objet direct : "Quand irais-je et serais-je vu la face de Dieu ?". C'est le pèlerin qui comparaît devant Dieu ! Mais c'est déjà tellement bouleversant que c'est comme si, déjà, il voyait Dieu.

Seigneur Dieu, écoute ma prière. Mieux vaut un jour en tes parvis que mille à ma guise, rester au seuil dans la Maison de mon Dieu qu'habiter la tente de l'impie. Car le Seigneur ne refuse pas le bonheur à ceux qui marchent sans reproche.Seigneur, heureux qui se fie en toi !

Ce langage est le langage des pèlerinages. Il nous convient ! On marche pour faire un jour l'expérience bouleversante de la rencontre : voir celui qui nous voit. D’ailleurs, dans la Tradition juive (Mishna et Talmud), on appelle "pèlerinage" : la "rééya" qui vient du mot "Raa" : "Voir". Nous voyons déjà, dira St Paul, même si c’est à travers un mauvais miroir ! Nous qui sommes créés "à l'image et ressemblance" de Dieu, nous sommes faits pour être en voyage vers Dieu.

Le plus grand danger pour un être humain, c'est de s'installer, de renoncer à l'aventure du Bonheur. Ceux qui sont à l'image de Dieu sont en voyage vers Dieu. On se met en pèlerinage pour déjà faire une expérience qui anticipe sur celle que nous ferons lorsque, au terme de notre existence, nous verrons Dieu comme il nous voit présentement. Et cette expérience ici-bas est déjà une connaissance. Celle qui nous arrive imparfaitement par l'oreille, si on met en pratique ce que l'on a compris de la Parole de Dieu, nous rajeunit déjà à l'image de l'éternelle jeunesse de Dieu. Et quand cette connaissance imparfaite que l'on a par les oreilles fera place à la connaissance parfaite que l'on aura par la vision, le pouvoir transformant de la connaissance s'exercera au maximum et nous serons, comme disent les Pères de l'Eglise, "divinisés" ("omoioi autô esometha" : "nous serons semblables à lui" - I Jean 3,2). Telle est notre vocation, notre destinée !

Aucun commentaire: