lundi 22 février 2010

Dieu, le Saint, le Séparé… et le Miséricordieux ! - Carême 1 – Lundi - Lv 19, 1-2.11-18 - Ps 18 - Mt 25, 31-46

Le chapitre 19ème est central dans le livre du Lévitique. C’est sur lui que se fonde l’idéal de la vie morale dont nous sommes héritiers et qui consiste à adopter les mœurs mêmes de Dieu : “Soyez saints, car moi le Seigneur votre Dieu, je suis saint”

La première signification du mot saint, c’est “séparé“. Dieu est “trois Saint“, c’est-à-dire le complètement “Autre“, totalement différent de tout le créé. “À qui me comparerez-vous, dont je sois l'égal ? dit le Saint“. (Is 40.25) “À qui voulez-vous m'assimiler et m'identifier, à qui me comparer, à qui suis-je semblable ?“. (Is 46.5). Et il est vrai qu’on ne peut dire quelque chose de Dieu qu’en maniant très prudemment l’analogie à partir de sa création, en évitant non seulement l’idolâtrie mais l’anthropomorphisme. On connaît Dieu également par ses interventions dans l’histoire, par ses délivrances qui font chanter, comme a chanté Moïse après le passage de la Mer Rouge : “Qui est comme toi parmi les dieux, Seigneur ? Qui est comme toi illustre en sainteté, redoutable en exploits, artisan de merveilles ?“

« Qui est comme toi » ? C’est une réflexion permanente à travers la Bible !

Ce Dieu saint, ce Dieu unique et séparé, s’est choisi un peuple qui en obéissant à ses lois reflète ses attributs. Et justement, le premier de ses attributs, c’est la “sainteté“, la “séparation“. Ce sera donc la caractéristique première d’un peuple que Dieu a choisi, élu, avec qui il a contracté une alliance.

A l’époque de la rédaction du Lévitique, l’accent est mis sur la séparation. Les Cananéens qui peuplent la Terre promise où le peuple d’Israël vient d’entrer, ont des mœurs souvent abominables. On sacrifie des enfants, les perversions sexuelles sont répandues, le mensonge et la violence règnent. On peut d’ailleurs facilement s’en faire une idée en regardant le monde actuel. Et Jésus dira explicitement qu’il ne faut pas aimer ce monde où règne toujours la convoitise, l’égoïsme et une idolâtrie qui, pour être moins grossière que dans l’antiquité, est tout aussi présente, plus dangereuse encore par son raffinement et son élégance. La morale chrétienne comporte bien des ruptures et des séparations par rapport au monde : « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait. » (Jn 15, 18-19). Il faut s’en souvenir en ce temps de Carême !

Pourtant, pourtant…, l’idée de séparation qui était la vertu principale du croyant, au départ, devient peu à peu secondaire. Lors de la vocation de Matthieu, us scandalise les gens de son entourage en se mêlant aux publicains et aux pécheurst comment répond-il aux reproches des pharisiens ? En leur rétorquant ; «Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux ! ».Le principe de base « Soyez saints parce que je suis saint » devient : « soyez miséricordieux comme votre père céleste est miséricordieux ». L’accent n’est plus mis sur la séparation mais sur l’accueil, la rencontre, un apriori de bienveillance. Le Sauveur n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Ceux qui se croient justes et se considèrent comme une élite dans la pratique des observances, une pratique souvent alourdie par les casuistiques minutieuses, se voient condamnés.

Quant à l’Evangile de St Matthieu que l’on vient d’entendre, il laisse à penser qu’au jour du jugement dernier il n’y aura plus que deux catégories de gens.
  • Ceux qui au cours de leur vie ont profité de toutes les occasions de pratiquer la bienfaisance et la charité pour sortir de leur égoïsme et
  • ceux qui pratiquent l’égocentrisme.

On dirait que la séparation n’existe plus qu’entre ces deux catégories de gens. Les portes du Royaume s’ouvrirent sur ceux qui, sans même s’en rendre compte, ont fait du bien à Dieu lui-même, en s’occupant des plus pauvres, des démunis. Le Roi dira : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait ». On a l’impression que tous les problèmes d’œcuménisme, de désunion, de réunions idéologiques, auront disparu. Tous ceux qui ont pratiqué la miséricorde et la compassion entrent dans le Royaume, comme si tous les autres problèmes s’étaient évanouis.

Oui, vous n’êtes pas du monde ! Vous êtes “séparés“ ! Vous devez être “saint“ comme votre Père céleste est “Saint“. Mais notre Père céleste est miséricordieux !

C’est un grand sujet de méditation en ce temps de carême !

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