mercredi 17 février 2010

Le Désert ! - Mercredi des Cendres.

Le Carême : une période de quarante jours !

A l’exemple du Christ : “Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit, pendant quarante jours“ (Lc 4.1).

Bien sûr, le chiffre “quarante“ (années d’une génération pour les Anciens) désigne une période assez longue dont on ne connaît pas la durée exacte (Cf. Gn. 7.4 - Ex. 24.18). Ici, cette période évoque sans doute le temps que Moïse passa sur la Montagne (Ex. 34.28 – Dt. 9.9,18) ; elle symbolise probablement les quarante années qu’Israël passa dans le désert (Nb. 14.34) auxquelles se rapportaient déjà les quarante jours de marche d’Elie (I Rois 19.8).

Ainsi, de même, nous sommes invités et même “poussés“ par l’Esprit au désert pour mieux nous retrouver sous le regard de Dieu. Le désert est à géométrie variable ; mais c’est toujours le lieu où l’on désire retrouver Dieu mille fois mieux qu’au milieu des distractions du monde dans lequel nous sommes si facilement plongés. Il est bon de nous retrouver nous-mêmes dans la loyauté sous le regard du Seigneur !

Nous sommes invités ; nous sommes “poussés“ par l’Esprit… ! A nous de répondre. Dieu ne veut pas abolir notre liberté qu’il a lui-même créée et dont il est plus jaloux que nous ! Il nous invite au désert pour retrouver au contraire une liberté bien souvent entravée par nos convoitises, pour retrouver cette limpidité du regard qui vient de la pureté du cœur, qui aspire alors à tout unifier, à recentrer toutes nos activités dans le PRINCIPAL. Si on obéit à cette sollicitation, c’est pour expérimenter cette parole de David après sa faute : “Tu aimes, Seigneur, la vérité au fond de l’être“ !

Le prophète Osée présente Dieu comme un époux jaloux, éperdument amoureux : il ne se résigne pas à ce que nous perdions le bonheur que Lui seul peut nous donner : “C’est pourquoi, je vais la séduire ; je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur“ (Os 2.16).

Il y a, en hébreu, un jeu de mots bien connu et significatif : “au désert, je parlerai !“ (“midbar dibarti“) : C’est le désert qui est le lieu idéal pour écouter la voix de Dieu. La Parole de Dieu ne résonne pas toujours dans les éclairs et le tonnerre comme au temps de Moïse, encore moins dans les lieux aux milles distractions… comme l’Egypte(le monde !). La voix de Dieu se fait davantage entendre, comme au temps du prophète Elie, dans un “souffle doux et léger“. Il faudrait même traduire : “dans l’éclatement d’un silence“ ou “dans une poussière de silence“. Oui, le silence du désert est nécessaire pour discerner la voix du Seigneur. A chacun de trouver ce désert où l’Esprit nous pousse à entrer.

Dans cette phrase d’Osée, il y a même un mot très impressionnant : “Je vais la séduire !“ Dieu veut nous séduire ! Et le verbe, dans la Bible - que nul n’en soit choqué ! - est employé quand on parle d’une jeune fille qui a été entraînée à l’écart pour s’unir à elle… C’est ce verbe qui est ainsi employé dans l’histoire de Dalila que les Philistins chargent de “séduire“ Samson pour le dépouiller de sa force. Ce verbe “séduire“ est encore employé quand Dieu s’en prend à un prophète qui renâcle devant la mission dont il a été chargé !

Tu m'as séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire ; tu m'as maîtrisé, tu as été le plus fort.

Je suis prétexte continuel à la moquerie, je suis la fable de tout le monde. Chaque fois que j'ai à parler, je dois crier et proclamer : "Violence et dévastation !". La parole du Seigneur a été pour moi source d'opprobre et de moquerie tout le jour !

Alors je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom ; mais c'était en mon cœur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à le contenir, mais je n'ai pas pu“. (Jer. 20.7-9)

Ainsi - ne nous en étonnons pas ! - l’amour que Dieu a pour nous emploie parfois la manière forte ! “Si tu savais le don de Dieu !“.

Aujourd’hui, laissons-nous conduire au désert. Quelle que soit la méthode employée par Dieu, c’est celle qui convient le mieux, car c’est lui qui nous connaît et nous aime le plus ! Il sait comment s’y prendre envers chacun de nous sans nous tenter au-dessus de nos forces. Sachons-nous nous abandonner à sa providence aimante et miséricordieuse !

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