lundi 8 février 2010

Le temple, l’Arche d’Alliance, la Nuée ! - 5 T.O p. Lundi (I Rois 8.1-13)

Finalement, c’est Salomon qui construit une belle Demeure pour Dieu, un temple comme l’avait désiré David ! Un temple pour abriter l’Arche d’Alliance contenant principalement les Tables de la Loi, cette Loi que Dieu avait transmise à Moïse comme signe de sa présence au milieu de son Peuple. Mais comme on ne peut pas voir Dieu face à face ici-bas, cette présence de Dieu était comme voilée : “Quand les prêtres sortirent du sanctuaire, la nuée remplit le temple du Seigneur.
  • C’est la même nuée qui était apparue lorsque Moïse monta sur la montagne du Sinaï : “Alors la nuée couvrit la montagne ; et la gloire du Seigneur demeura sur la montagne !“. (Ex 24.13-16).
  • C’est encore la même nuée qui guidait le peuple à travers le désert vers la Terre promise (Ex 40.36). La présence de Dieu conduisait le Peuple. Etc…

Et nous pouvons facilement transposer :
  • L’Ange dit à Marie : “L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut (la gloire de Dieu) te couvrira de son ombre (de sa nuée)“ (Lc 1.35).
  • Jésus remontant du Jourdain après son baptême, “vit les cieux (la nuée) se déchirer ; et l’Esprit, comme une colombe, descendre sur lui“ (Mth 3.16).
  • Et à la Transfiguration : “Une nuée vint les (les apôtres) recouvrir ; et de la nuée, une voix : “Celui-ci est mon Fils bien-aimée. Ecoutez-le“ (Mc 9.7).
  • Et Jésus annoncera : “On verra le Fils de l’homme venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et dans la gloire“ (Mc 13.25).

Et on peut dire que la gloire de la présence divine nous a été donnée lors de notre baptême. Mais cette présence est encore voilée. Et pourtant bien réelle ! Un jour, elle nous sera pleinement dévoilée ! “Personne n’a jamais vu le Père ; le Fils Unique nous l’a dévoilé !“ (Jn 1.18).

Salomon construit donc un temple pour abriter l’Arche, signe d’union de Dieu avec son peuple, signe de la structuration du peuple élu autour du Dieu Unique ! Dernière étape du transfert de l’Arche à Jérusalem, lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom (Cf Dt 11.5 ; 12.11).

Pour y faire habiter son Nom !“. Expression habituelle qui manifeste la présence de Dieu ! Car on ne peut enfermer Dieu lui-même dans un lieu (On ne peut le mettre en boite !).

Et Dieu lui-même avait indiqué la manière de construire l’Arche avec un luxe de détails étonnant. Tous les éléments divers doivent être d’un seul tenant (“erad“ = unique) : assemblés l’un à l’autre… La création, aux origines, reflétait l’harmonie de l’unité divine. Ici, la Demeure (l’Arche) est tellement bien faite qu’elle est “d’un seul tenant“, reflétant l’unité de Dieu : “Ecoute, Israël…, le Seigneur est l’Unique !“.

Dans le N.T., Dieu ne nous révèle pas seulement qu’il “UN“, mais comment il est “UN“ dans le mystère trinitaire (cf Jn 17.22). Quand Jésus dit : « Qu’ils soient “UN“ comme nous sommes “UN“ », ce n’est pas une vague comparaison ; c’est le mystère même de ces relations divines qui viennent nous envelopper pour que nos relations humaines soient prises dans la charité même de Dieu, dans la Vie de Dieu-Trinité. Nous sommes appelés à former un Temple “d’un seul tenant“ reflétant le “comment“ de l’Unité divine qui nous est révélé par le Christ : “C’est en lui que vous êtes ensemble intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit“ (Eph. 2.22 ). Aussi : “appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix“ (4.3). Toute atteinte à l’unité est grave. Portons comme une angoisse toutes ces divisions entre chrétiens…

Et si l’Arche fut construire, avec un luxe de détails, selon le modèle vu sur la montagne de l’Alliance, c’est que Dieu révèle aussi comment l’adorer : la créativité dans la liturgie doit s’exercer… Mais il faut faire attention : on n’adore pas Dieu n’importe comment, sinon on risque de verser dans l’idolâtrie. L’idolâtrie, ce n’est pas seulement adorer des idoles (veau d’or), mais c’est peut-être aussi adorer Dieu d’une manière qu’il n’a pas demandée, d’une manière trop humaine. Salomon le savait. Dieu lui avait dit : fais-moi un sanctuaire pour que j’habite parmi mon peuple, mais non pas pour que j’habite dedans !


On n’enferme pas Dieu dans un temple fait de main d’homme ! On n’enferme pas Dieu, non plus, dans une idée. Notre Dieu n’est pas le Dieu des philosophes !

On ne met pas Dieu en cage pour le faire chanter, si beau que soit le chant ! Car tout peut devenir objet d’idolâtrie, mêmes les cérémonies qui sont pourtant établies pour éviter l’idolâtrie. Cela se fait à partir du moment où ces cérémonies deviennent des fins en elles-mêmes alors qu’elles sont destinées à être des moyens pour se tourner vers Dieu ! Comme disait le P. Congar : “les ‘quo’ deviennent alors des ‘quod’”. (Les “quo”, c’est-à-dire “les moyens ” deviennent des “choses en soi”). Et plus l’idole est noble, plus elle peut être dangereuse. Et notre aventure d’homme destinée à être “à l’image de Dieu”, en voyage vers Dieu, - pour voir Celui qui nous voit sans cesse - risque d’être contrariée, voire interrompue.

D’ailleurs il est tellement vrai qu’on n’enferme pas Dieu en son temple, c’est que, d’après Ezéchiel, la gloire de Dieu quittera le temple au moment de l’exil comme si Dieu voulait aller vivre avec son peuple exilé. Et la gloire de Dieu reviendra au moment du retour de son peuple ! … …

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