mercredi 10 février 2010

Mercredi – Ste Scholastique ! - 5 T.O p. -

Je ne peux m’empêcher de dire “un mot“ aujourd’hui sur Ste Scholastique, sœur de St Benoît, qui est si vénérée en notre diocèse, en la ville du Mans. Notre chapelle de la Visitation est marquée, à l’extérieur, sur le transept Ouest, d’une statue de la Sainte avec une inscription de reconnaissance en date de 1944, au moment de la libération.

Benoît et Scholastique étaient jumeaux ; leur naissance coûta la vie à leur mère. Leur père, noble de la région de Norcia (Nord-est de Rome, en Ombrie) poursuivit leur éducation… Puis, Scolastique, assez douée (son nom signifie “écolière“) fut confiée à des religieuses comme oblate - ce qui était alors courant -, tandis que Benoît alla à Rome étudier les “Belles Lettres“.

Le frère et la sœur s’aimaient d’un grand amour fraternel ; mais tous deux aimaient Dieu par-dessus tout. Et on peut supposer, avec Mabillon, qu’après la mort de leur père, Scholastique s’établit près de son frère au pied du Mon Cassin, non loin du monastère qu’il avait fondé. Ils ne se voyaient qu’une fois par an ! La rencontre avait lieu dans une petite maison à mi-chemin de leurs lieux de résidence. La journée était consacrée à la prière et à des échanges spirituels.

St Grégoire le Grand - dans ses “Dialogues“ - raconte dans le “style merveilleux“ habituel à l’époque, le dernier entretien du frère et de la sœur. Et s’il faut faire la part de l’exagération dû à ce style, on devine combien Benoît et Scholastique étaient épris de l’Amour de Dieu !

Je ne peux m’empêcher de citer de grand pape : “ Comme l’heure s’avançait dans leurs pieux entretiens, la sainte femme adressa à son frère cette demande : « Je vous prie de ne pas me quitter cette nuit afin que nous puissions parler jusqu’au matin des joies du paradis ». Benoît lui répondit : « Que dites-vous là, ma sœur ! Je ne puis à aucun prix rester hors du monastère ».

Le ciel était alors si pur qu’il n’y avait pas dans l’air l’apparence d’un nuage. La pieuse vierge, en entendant le refus de son frère, posa sur la table ses mains entrelacées et y cacha son visage pour prier le Seigneur tout-puissant. A l’instant où elle releva la tête, il y eut un tel éclat d’éclairs et de tonnerre, un tel déluge de pluie que le vénérable Benoît et les frères qui l’avaient accompagné n’auraient jamais pu franchir le seuil du lieu où ils se trouvaient. C’est que la sainte femme, en inclinant la tête dans ses mains, avait répandu sur la table des ruisseaux de larmes qui avait changé en pluie la sérénité du ciel. L’orage suivit de près cette prière et il y eut un tel rapport entre cette prière et cette tempête que le tonnerre gronda au moment même où elle leva la tête et que la pluie tomba au même instant.

L’homme de Dieu vit bien qu’il ne pouvait retourner à son monastère. Il s’en plaignit avec tristesse en disant : « Que le Dieu tout-puissant vous pardonne ma sœur ; qu’avez-vous fait ? ». Elle répondit : « Je vous ai prié et vous n’avez pas voulu m’écouter ; j’ai prié mon Seigneur, et il m’a exaucée. Maintenant, sortez si vous le pouvez ». Mais il ne pouvait quitter la maison ; il avait refusé d’y rester, et il resta malgré lui. Ils veillèrent alors toute la nuit, se rassasiant des saintes paroles qu’ils se disaient l’un à l’autre sur la vie spirituelle.

A la volonté de Benoît, conclut St Grégoire, s’opposa un miracle que le cœur d’une femme obtint de la toute-puissance de Dieu.

Au matin du jour suivant, Benoît et Scholastique se quittèrent pour ne plus se revoir en cette vie. Trois jours plus tard (10 fév. 543), Benoît, étant à la fenêtre de sa cellule, eut une vision où lui parût l’âme de sa sœur entrant dans le ciel sous la forme d’une colombe… Il envoya chercher le corps de Scholastique pour l’apporter à son monastère et il le déposa dans le tombeau qu’il avait préparé pour lui-même, afin que la mort ne séparât point ceux dont les âmes avaient toujours été unies en Dieu“.

La ruine du Mont-Cassin (par les Lombards), prédite par St Benoît, eut lieu, d’après Mabillon, vers 580, du vivant de St Grégoire le Grand ; les moines se réfugièrent à Rome, abandonnant sous les ruines les corps de leurs saints fondateurs. AU 7ème siècle, des moines d’Orléans et du Mans conçurent et exécutèrent le dessein d’enlever du Mont-Cassin les corps de St Benoît et de Ste Scholastique, les apportant en France… Mais un courant d’opinion prétend que les corps restèrent en Italie… Je passe sous silences l’histoire compliquée des reliques… et pourquoi Ste Scholastique est tant vénérée en notre ville depuis le 7ème siècle… Il faut se référer aux historiens !

Je conclurai simplement à propos de ce nous raconte St Grégoire le Grand, façon naïve et spirituelle, à propos de la dernière rencontre de Benoît avec sa sœur : “Ceux qui n’échangent rien ne deviennent rien“, a-t-on dit (Saint-Exupéry). C’est vrai. Mais l’échange la plus précieuse - sans bavardages inutiles - se fait dans la Communion en Dieu ! Et cet échange conduit alors inévitablement à une union des cœurs qui déjà ici-bas se moque des frontières du temps et de l’espace…

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