vendredi 5 février 2010

Prier, Louer ! - 4 T.O p. Vendredi - (Sirac 47.2sv)

Dans les portraits de famille que trace Sirac, le Sage - un écrivain non reconnu par la Tradition juive ; c’est un “apocryphe“ -, il y a, bien évidemment, l’éloge de David, le roi “choisi par Dieu“. Notre lecture est une belle synthèse de la vie de ce grand roi !

“Il fut choisi pour le sacrifice de communion“. Le texte hébreu précise : “pour un sacrifice de paix“ ! Enfant, “il joua avec le lion et les chevreaux“ : un signe d’une belle harmonie, d’une paix dans la nature. David est la figure prophétique du Messie de paix qu’annoncera le prophète Isaïe : “Le veau et le lionceau seront nourris ensemble… ; le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, le jeune enfant étendra la main…“. C’est la paix du paradis retrouvé…, cette paix que devra rétablir un des rejetons du fils de Jessé : le Christ !

Et si David fit de nombreuses guerres - contre Goliath et les Philistins, les Ammonites, les Madianites et autre peuplades…, ce n’était que pour établir une paix durable qui permit à son fils Salomon de régner avec grandeur et magnificence, d’annoncer ainsi le Royaume de Dieu.

Mais notre texte souligne un trait marquant du caractère de David, de sa physionomie spirituelle : “Dans toutes ses actions, il célébra le Saint, le Très-Haut… Il chanta des hymnes et aima son Créateur. Il donna de l’éclat aux solennités…“, et cela dès la prière du matin. Nulle part ailleurs, on ne trouve une telle insistance sur cette facilité qu’avait David à louer Dieu.

Certes le livre de Samuel et celui des Chroniques gardent le souvenir d’un jeune roi qui dansait joyeusement et même avec frénésie devant l’arche de Dieu quand celui-ci fut ramené avec grand éclat à Jérusalem. Ce fut l’occasion de cérémonies grandioses. Mais si David peut être considéré comme un “Maître en spiritualité“, c’est qu’il ne cessait pas de prier… ! ! Non seulement il faisait des “prières de vie“, mais surtout il faisait de sa vie une “vie de prière“ !

Bien sûr, il faut des moments où l’on s’arrête pour penser à Dieu seul ! C’est un moyen de “confesser“ son existence, d’être comme l’eau tranquille du lac face au soleil, totalement transparente pour en recevoir une énergie toujours nouvelle.

Mais ceci dit, il faut aussi et surtout intégrer toute son existence dans la prière, faire de toute sa vie une prière.

En ce domaine, David est un exemple. Je trouve qu'on ne donne pas assez d'importance aux titres des psaumes qui lui sont attribués (faussement, sans doute, mais peu importe ! ) :
  • “De David quand il fuyait devant son fils Absalom“ (3)
  • “De David quand le Seigneur le délivra de Saül“ (18)
  • “De David pour la dédicace de sa maison (30)
  • “De David quand il se déprécia aux yeux d’Abimélek qui le chassa“ (34)
  • “De David, après sa faute“ (50 : Miserere)
  • “De David quand les Philistins se saisirent de Gath“ (56)
  • “De David quand il était dans le désert de Juda“ (63)
  • "De David quand il coupa le manteau de Saül…"
  • etc.

Il priait tout le temps! Il ne faut pas attendre d'avoir une disposition parfaite pour commencer à prier, sinon on risque de ne jamais prier. Il faut, certes, des moments privilégiés. Mais il faut prier en toutes circonstances… La première des dispositions pour une bonne spiritualité, pour prier, c'est de toujours, en toutes circonstances, laisser la vérité de Dieu balayer le fond de son cœur. - "Tu aimes, Seigneur, la vérité au fond de l'être", disait David (Ps. 50.8)) - C’est indispensable pour la prière. Cette première disposition empêche d’être un “Tartuffe“ devant Dieu. Même après sa faute, David pria, en laissant “la Vérité de Dieu balayer le fond de son cœur“.

Oui, à propos de la prière, David est un grand Maître en spiritualité. Si tous les psaumes sont attribués en bloc à David, c'est parce que les psaumes, c'est toute la Bible sous forme de prière. Et quand on fait le parallèle entre son histoire et l'Histoire Sainte - celle du peuple élu et celle aussi des Saints -, on s'approprie le langage des psaumes. Et avec David, on prie sans cesse, en toute circonstance. On prie non seulement quand on peut prendre la position parfaite (s’il y en a une !?), mais dans tous les instants de l'existence telle qu'elle se présente… Comme David, on laisse toute sa personne être interpellée par Dieu. On laisse la lumière de Dieu balayer le fond de son cœur, en tout instant. Er même après une faute, dans une prière de repentance véritable qui est bien autre chose qu'une culpabilité morbide, on rebondit dans l'existence… avec le Seigneur !

Oui, la première condition d’une “vie de prière“, c’est d’être ouvert à la vérité de Dieu sur nous-mêmes, en reconnaissant, avec grande humilité, que Dieu prend les hommes “tels qu'ils sont et là où ils en sont“. C’est en ce sens que St Paul disait : “Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu“. (I Co. 10.31). Priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance, car c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus“ (I Thess 5.16).

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