mardi 2 février 2010

Présentation du Seigneur au temple ! – 2 Février

Sommes-nous prêts à redonner à Dieu tout ce qu’il nous a donné le premier ? Tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons ?

Aujourd’hui, en cette fête de la Présentation de Jésus au temple, Marie est notre modèle, elle nous montre la seule attitude qui soit véritablement chrétienne : elle tient dans ses mains un petit enfant, le sien, chair de sa chair, corps de son corps. Et que fait-elle de son enfant ?

Elle le redonne à Dieu,

elle le donne aux hommes en la personne du vieillard Syméon !

Oui, Marie, vient d’abord “rendre grâce“ ! Elle exprime ce sentiment qui et le fondement de l’âme juive. “Rendre grâce“ est même inscrit dans la signification du mot “Juif“ (Yehudim). Un “Juif“ (et donc un chrétien) ne cesse de rendre grâce. Certes, il est conscient d’être le “roi de la création“. Mais il en est aussi le prêtre : il ne cesse de retourner à Dieu tout ce que Dieu lui a donné, dans un grand sentiment de reconnaissance !
  • “Tu diras ce jour-là : « Je te rends grâce, Seigneur »“ (Ex 12.1).
  • “J’exulte de tout mon cœur et je rends grâce à Dieu de tout mon cœur en chantant…“ (Ps 28.7).
  • “Rendez grâce au Seigneur, car il est bon !“ (Dn 3.39).
  • “Que les peuples te rendent grâce, Seigneur, tous ensemble !“ (Ps 67).
  • “En tout temps, à tout sujet, rendez grâce à Dieu !“ (Eph 5.20).

On pourrait multiplier les citations…

Oui, Marie et Joseph, conscient que Dieu est toujours premier viennent au temple ! Geste de reconnaissance dans tous les sens du mot : action de grâce, merci, magnificat. Mais geste encore de dépossession de soi. Marie le comprendra de plus en plus… : “Cet enfant n’est pas à moi, semble-t-elle dire, il est à toi, Seigneur. Je le reconnais : Tu es son Père”. C’est une reconnaissance de paternité divine et un renouvellement de sa propre consécration au jour de l’Annonciation : “Je suis la servante du Seigneur”.

Comme Abraham autrefois pour Isaac, Marie sacrifie son Fils entre les mains de Dieu. Mais il n’est plus question de l’immoler comme une victime, mais de l’offrir. Sacrifier ce n’est pas d’abord détruire, c’est “faire sacré“, consacrer. Marie, en présentant son enfant, pouvait prier ainsi : “Que ton Nom de Père soit sanctifié“, c’est-à-dire reconnu comme saint, souverain, premier. – Que le Nom de mon Fils qui est ton Fils soit sanctifié, c’est-à-dire que cet enfant soit reconnu par moi, et ensuite par tous les hommes comme étant en relation étroite, exceptionnelle avec toi, son Père. C’est ton Fils Unique, le Saint de Dieu qu’il faut sans cesse “écouter“ !

Comme ils ont raison les parents chrétiens de s’empresser, dans la mesure de leur foi, de porter à l’Eglise, Temple de Dieu, leur enfant, pour le présenter à Dieu, notre Père, pour le “sacrifier”, le sanctifier, le consacrer ! Il portera désormais, lui aussi, grâce au Christ, Frère aîné, le nom de “fils de Dieu”. Ce baptême des petits enfants n’empêche pas une série de renouvellements conscients, personnels au cours des divers âges de la vie ! Ce n’est qu’à douze ans que Jésus lui-même parlera de son Père pour la première fois dans l’Evangile : “Je dois être aux affaires de mon Père !”.

Et, plus encore, pour Marie, il ne s’agit pas seulement de redonner son enfant à Dieu ; elle va jusqu’à le donner aux hommes. Elle est tout le contraire d’une mère possessive. Elle remet l’enfant entre les mains du vieillard Siméon qui, inspiré par l’Esprit Saint, comprend la portée de ce geste : “Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations…” – “Maintenant tu peux laisser mourir en paix ton serviteur”. Cet enfant lui donne envie de mourir ! C’est déjà le mystère pascal : la mort est vaincue, puisqu’elle ne fait plus peur en quelque sorte… Vraiment, cet enfant, parce qu’il est “redonné” à Dieu, reconnu Fils de Dieu, est le Sauveur, Sauveur d’Israël, Sauveur de tous les hommes ! Car il a cette puissance divine qui lui permet d’avoir “les issues de la mort elle-même“, de toute mort !

Avec Marie, prenons le temps, nous aussi :
  • de remercier Dieu pour tout ce que nous avons et pour tout ce que nous sommes, d’offrir à Dieu tout ce que nous avons reçu de lui.
  • de l’offrir également à tous ceux avec qui nous vivons… ?

Mais comment faire ? Une réflexion seulement. En Orient, cette fête de la Présentation est appelée “Fête de la Rencontre” ! Dieu rencontre les hommes !

Il suffit d’être attentif, de se savoir sans cesse sur la trajectoire de Dieu qui passe…
  • Syméon n’avait pas prévu de rencontrer le Messie sous une forme aussi inattendue. Et Anne non plus ! Mais Dieu passait…
  • Et tous ces pêcheurs du lac de Tibériade s’attendaient-ils au passage de Dieu près du rivage ?
  • Et Nathanaël… ? Et Zachée…

Là encore on peut multiplier les exemples. La petite Bernadette qui allait ramasser du bois près d’une grotte à Lourdes…, s’attendait-elle… ?

Et tous, simple chrétien ou prêtre, évêque..., n’avons-nous pas perçu, comme dans le souffle d’une brise légère parfois (dans “l’éclatement d’un silence“, dit le texte à propos du prophète Elie) le passage de Dieu qui invitait à le rencontrer…, le rencontrer vraiment ?

Mais quel est donc le facteur de cette rencontre ? Comme à l'annonciation, à la visitation, à la Pentecôte et en bien d'autres circonstances, comme en nos rencontres avec Dieu, le principal acteur est l'Esprit Saint. “Poussé par l’Esprit Saint, dit le texte, Syméon vint au temple…“. Oui, l'Esprit-Saint est le merveilleux secret de cette rencontre comme il est l'unique secret de toute rencontre sur la terre, rencontre entre Dieu et chacun, et de ce fait, rencontre profonde entre les hommes ! Syméon aurait pu ne pas obéir à cette sollicitation… … de l’Esprit Saint !

Vraiment, l'Esprit Saint est le don par excellence et Jésus n'est venu sur terre que pour nous le donner : "Il vous est bon que je m'en aille ; sans cela l’Esprit ne pourrait venir" (Jn 16/7). Il est l'âme de l'Eglise, la source de toute véritable vie, de toute joie, de toute harmonie.

Ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits (pressés, poussés) par l’Esprit Saint“ (Rom 8.14), dit St Paul. Plus nous croirons possible la présence amoureuse de l'Esprit Saint en nos rencontres les plus familières, en nos actions les plus habituelles, plus Dieu pourra réaliser pour nous la splendeur si cachée et si réelle de cette rencontre que l’Evangile nous présente aujourd'hui.

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