dimanche 22 février 2009

Production – Fécondité - 6. T.O. Vendredi imp. - (Gen 11.1-9)

L’homme, pourtant créé “à l’image de Dieu“, s’est comme désintéressé de Dieu, s’est même détourné de lui !

Dieu avait cependant un magnifique et grandiose projet ! Il avait mis l'humanité en marche vers une ville dont il est "l'Architecte et le Fondateur", selon la belle expression de la lettre aux Hébreux. Et cette ville devait être faite de pierres précieuses. Et il n'y avait pas deux pierres précieuses semblables (cf Apoc. ch. 21).

Or, au lieu de rentrer dans ce projet divin avec enthousiasme, foi, confiance et amour, les hommes préfèrent élaborer des contre-projets : au lieu d’assembler les “pierres précieuses“ que Dieu leur donne pour collaborer à sa construction, ils font des briques et encore des briques ! L’homme est créé pour les épanouissements de la fécondité divine ; et il se laisse tomber dans les esclavages de la production matérielle : faire des briques ! Il y a là un symbole très impressionnant que l'on retrouve tout le temps : "faire des briques" - "Faisons des briques et construisons une tour" (la fameuse tour de Babel). C’est le même symbole que l’on retrouve avec les pyramides d'Egypte.

Inconsciemment, on est tous tentés d'échanger la logique de fécondité contre celle de la production, l'esclavage de la production : faire des briques. Vous savez, on peut faire des briques même si l’on est prêtre par exemple, et que l’on ne pense qu'à ce que l'on élabore, à ses plans, ses projets, et qu'on oublie de prier. On peut faire des briques quand on est tellement pris par son action…, quelle qu’elle soit. On élabore son système à soi, et facilement on adore l'œuvre de ses mains.

Qu'est-ce qui se passe alors ? Au lieu de remonter vers son créateur dans un élan d’actions de grâce (eucharistie) par lequel il retrouve son harmonie, le monde, de par la faute de l'homme qui peut être roi de la création mais qui oublie d'en être le prêtre, d'en faire l'hommage à Dieu, retombe alors au chaos, dans la multiplicité du chaos. On ne comprend plus. Et c'est l'histoire de la tour de Babel.

“Faire des briques !“ : ce sera le symbole par excellence de la production de l’esclavage en Egypte où l’eau, pour féconder la terre, vient d’en bas. L’homme est penché alors, sans cesse courbé vers la terre. Il ne pense, n’agit que pour faire produire la terre : des briques et encore des briques !

Quand les Hébreux arrive en Terre promise, l’eau qui féconde la terre ne vient pas spécialement d’en bas ; elle vient surtout d’en haut, du ciel. Alors, de temps à autre, l’homme se relève, se met debout pour demander à Dieu d’ouvrir les bienfaiteurs robinets du ciel. Et, l’eau une fois tombée, l’homme se relève encore pour bénir Dieu en signe de reconnaissance, lui rendre action de grâce. Tant que l’on vit - ne serait-ce qu’un peu - dans cette dimension verticale, on est invincible. Sinon on devient vite esclave en faisant des briques et encore des briques.

De plus - et ce serait à méditer – quand l’homme retrouve son rapport vertical avec Dieu (par la prière…), les relations au plan horizontal en sont obligatoirement améliorées : le véritable partage s’organise mieux. Il y a une illustration de cette pensée à propos de la manne qui, dans le désert, descend du ciel : chacun en a ce qu’il faut. Et personne ne thésaurise égoïstement.

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