vendredi 27 février 2009

Commandement, Loi et Liberté - Vendredi ap. Cendres.- (Isaïe. 58 ;1-9)

Ils jeûnent ! Ils s’humilient ! Mais ils ne pratiquent pas ma loi pour autant. Ils n’obéissaient pas !…

Il est toujours question de loi, d’obéissance ! Langage difficile aujourd’hui que St Paul décrypte dans sa lettre aux Romains (ch. 7):

Pensant très probablement à Adam et donc à tout homme, l’apôtre affirme que sans les commandements (la Loi), il n’y aurait pas eu de transgression (de faute). Si la Loi ne m’avait pas dit : « Tu ne convoiteras pas ! », je n’aurais pas connu la convoitise ! Mais le commandement étant venu, la tendance au mal qui est en moi, saisissant l’occasion, m’a séduit. C’est bien connu : il suffit parfois de dire à un enfant : “ne fais pas ceci“ pour qu’il le fasse ! A cause du commandement, dit Paul, le péché a pris vie en moi !

Alors, les commandements (La loi) sont mauvais ? Certes pas ! Paul, ce zélateur de la Loi… ne va pas dire le contraire ! Mais, dit-il, la convoitise s’est servie de la Loi pour manifester sa virulence de sorte que “ce que je veux, je ne le fais pas; et ce que je hais, je le fais“. Pourtant, je prends plaisir à la Loi de Dieu, dira-t-il. Mais je découvre en même temps une autre loi qui m’entrave.

Malheur à moi. Mais non ! A cause du Christ, Fils de Dieu envoyé par le Père dans la condition de notre chair de péché. - N’oublions pas : Paul est un converti qui a fait l’expérience du mystère de l’amour de Dieu, face à ce qu’il appellera le mystère d’iniquité (le péché). En mourant sur la croix, il a tué en sa chair, en l’homme, la convoitise du péché pour nous donner son Esprit d’Amour afin de parvenir à sa ressemblance, lui le Fils de Dieu !

Et c’est l’objet de toute une pédagogie de Dieu à notre égard. Elle nous fait découvrir que la Loi divine ne doit pas s’imposer à nous de l’extérieur comme une contrainte. Mais, par la force de l’Esprit du Christ en nous, elle doit passer de l’extérieur à l’intérieur de nous-mêmes pour accomplir la volonté de Dieu dans les spontanéités de notre liberté. C’est alors, nous ne sommes plus des esclaves sous une Loi (qui révèle le “mystère d’iniquité - le péché - en nous), mais des êtres libres dans un régime de grâce !

Le P. Congard emploie une belle comparaison : Les lois divines à notre égard sont en gros, dit-il, les mêmes que nous découvrons dans l’évolution de la nature : il y a d’abord des êtres qui n’ont rien de solide (mollusques) ; puis arrivent les êtres qui ont un solide, mais à l’extérieur d’eux-mêmes (comme les escargots). Et au fur et à mesure que l’on avance dans l’évolution, le solide passe de l’extérieur à l’intérieur. Et on arrive aux vertébrés qui peuvent courir, danser, voler… librement.

Spirituellement, nous ne sommes pas encore des vertébrés ! Peut-être seulement des escargots ! Et nous avons encore besoin d’être des “chrétiens de l’Ancien Testament“, comme dit Pascal, besoin d’une carapace extérieur qui prépare notre squelette intérieur pour que l’on puisse tenir librement debout avec le Christ ressuscité.

Les commandements nous aident seulement à jouer devant Dieu notre partition musicale dans les spontanéités de notre liberté. Que voulez-vous, avant de chanter avec allégresse et spontanéité vocale et cordiale, il faut bien se soumettre aux lois et règlements du chant. Mais un jour vient où ces règlements deviennent en nous comme une seconde nature. C’est alors que nous pourrons chanter librement comme les anges dans le ciel !

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