lundi 9 février 2009

Le Commencement – 5 T.O. Lundi imp. - (Gen 1.1-19)

“Au commencement !“

Jean Guitton a écrit à propos de l’Annonciation faite à Marie : “Les commencements sont toujours riches de signification, contenant déjà en germes ce qui va se développer par la suite… C’est , en effet, un des caractères de la conduite de Dieu sur l’histoire que de ramasser en de certains moments critiques ou en de certains êtres privilégiés ce qui doit, par la suite, se développer longuement, se déployer et s’expliciter. Ainsi l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir déjà de ce qui n’est pas encore“ (J. Guitton, “La Vierge Marie“.)

Aussi faut-il sans cesse se ressourcer à ce ”commencement“ de notre vie. Mais ce “commencement“ n’est pas toujours chronologique. Dans le domaine de notre foi, le Christ est “LE COMMENCEMENT“. Et pourtant, dit l’Ecriture, il vient à la “plénitude des temps“. Cependant, “par lui, avec lui, en lui“, tout le passé prend sens et l’avenir est annoncé. “Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Commencement et la Fin“ (Apoc. 21.6).

Ainsi, n’y-a-t-il pas en chacune de nos vies - c’était hier ou ce sera demain - un “commencement“, un moment capital, si riche de signification qu’il justifie toutes les démarches déjà vécues et éclaire considérablement l’avenir. Englobant le passé, il annonce le futur. Il donne sens à tout. C’est souvent un événement (heureux ou douloureux), une rencontre…, que sais-je, une lueur de notre intelligence qui donne soudainement signifiance à tout ce que nous avons fait et ferons.

N’y-a-t-il pas en chacune de nos vies - c’était hier ou ce sera demain - ce moment privilégié d’un “commencement“ avec Dieu, ce moment vraiment fondateur d’une Alliance avec le Christ qui donne valeur à certaines étapes de la vie. Bien plus, ce “commencement“ est comme un soleil qui, par delà même les moments tragiques ou douloureux, éclaire un chemin de lumière…

C’est l’un des sens, me semble-t-il, de ce premier mot de la Bible. Ce “commencement“ n’est pas chronologique ; il est existentiel. Il est une inflorescence, un capitule qui présente les fleurs d’hier et annonce déjà celles de demain pour former un immense bouquet fleuri au jour éternel, au “jour unique“ de Dieu.

Une remarque amusante pour terminer. La première lettre de ce mot “commencement“, qui est donc la première lettre de la Bible est un “beth“, est cependant la deuxième lettre de l’alphabet hébreu. Dans la tradition juive, on dit que la première lettre de l’alphabet (Aleph) en a été si jalouse qu’elle en est restée muette de stupeur. Dès lors, elle ne se prononce pas (comme la lettre “h“ en français, par exemple : “homme“).

Cette première lettre de la Bible pourrait être figurativement comparée à notre “C“ de notre alphabet. Elle est fermée de tous les côtés, sauf du côté où commence la lecture. Ainsi, cette première lettre de la Bible semble nous dire : si tu commences par le commencement, si tu as la clef du commencement, de “ton commencement“, ne te poses pas trop de questions ; tu perds ton temps en pensant à ce qui est derrière, dessus ou dessus. Commence par là, par ce côté ouvert, commence par le commencement, ton “commencement“. Et tu n’auras pas trop de ta vie pour déchiffrer tout ce qui est dit à partir de ce commencement.

Et que dire quand notre “commencement“ est inclus dans celui qui a dit : “Je suis le COMMENCEMENT“.

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