lundi 9 février 2009

L’hospitalité - 4. T.O. Vendredi imp. - (Héb. 13.1-8)

La lecture d’aujourd’hui nous donne beaucoup de conseils pour notre vie chrétienne. Je n’en retiens qu’un seul : “N’oubliez pas l’hospitalité !“. - L’hospitalité est une grande vertu. Les Grecs y voyaient un des traits marquants d’un peuple civilisé. D’ailleurs, dans beaucoup de langues primitives, les mots “hôte“ et “ennemi“ ont une racine commune. En latin “hôte“, c’est “hospes“ ; et “ennemi“, c’est “hostis“ : même racine ! Et certains d’expliquer que la civilisation à franchi un pas décisif le jour où l’étranger, d’“ennemi“ est devenu un “hôte“, c’est-à-dire le jour où la communauté humaine a été créée et que ne résonnait plus le cri de Caïn au seuil de l’histoire humaine : “Je serrai errant et fugitif sur la terre ; et quiconque me rencontrera me tuera“.

Mais pour nous, l’hospitalité est surtout une vertu de foi. St Benoît, dans sa règle, en donne le motif : “Les hôtes seront reçus comme le Seigneur lui-même afin qu’il puisse nous dire au jour du jugement : « J’ai été un hôte et vous m’avez reçu !»“.

Notre foi cherche à honorer Dieu partout où il se trouve ; et il se “cache“ très souvent en nos frères malgré parfois des apparences contraires. Certes, souligne St Benoît, il faut pratiquer envers chacun un “congruus honor“, l’honneur qui convient : on n’accueille pas n’importe qui n’importe comment. Cependant le Seigneur est en chacun de nos frères car chacun, quelque soit sa pauvreté humaine ou spirituelle, est aimé de Dieu, d’un amour qui l’appelle sans cesse à être de plus en plus “à son image et ressemblance“. Et qui sait si chaque rencontre n’est pas une occasion de détecter et même de promouvoir cette ressemblance.

Oui, Jésus demeure toujours cet étranger près de nous : “Voici que je me tiens à la porte et je frappe“. Au fond, dans la pratique de l’hospitalité chrétienne, celui qui est le plus comblé, ce n’est pas celui qui est reçu, mais celui qui reçoit puisqu’il reçoit le Christ lui-même : “N’oubliez pas l’hospitalité ; quelques-uns à leur insu hébergèrent Dieu lui-même“, dit notre lecture en référence à Abraham qui accueille trois mystérieux visiteurs…

Certes, l’hospitalité est difficile ; c’est pourquoi elle demande tant de foi, car accueillir le Christ, c’est toujours accueillir un crucifié qui entend rester “en agonie jusqu’à la fin du monde“, comme disait Pascal. Mais c’est accueillir aussi un Ressuscité. Et ce Ressuscité œuvre toujours à être bien vivant en tout homme qui l’accueille !

Je me permettrai de terminer par un trait d’humour. Il y a quelques jours, nous avons accueilli notre nouvel évêque. Chose curieuse, en latin d’Eglise, l’évêque d’un diocèse se dit : “Ordinarius loci“, “l’Ordinaire du lieu“ ! - Il y a beaucoup de gens “extraordinaires“ ; on les admire légitimement sans doute. Cependant, me semble-t-il, accueillir un homme “ordinaire“, c’est-à-dire qui sache mettre personnes et choses dans l’“ordre“ qui convient et à leur juste place (celle que Dieu veut pour chacun), accueillir un tel homme “ordinaire“ en le recevant comme le Christ lui-même, c’est finalement très “extraordinaire“. Et avec la grâce de Dieu et à l’aide de nos prières, en pratiquant l’hospitalité à l’égard de notre “Ordinaire du lieu“, nous parviendrons à la chose la plus “extraordinaire“ qui soit : la vie du Ressuscité en chacun de nous !

“N’oubliez donc pas l’hospitalité ; quelques-uns à leur insu hébergèrent Dieu lui-même !“

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