mercredi 18 février 2009

Dieu, protecteur…, rédempteur - 6. T.O. Lundi imp. - (Gen 3.1-8)

Les lectures de ces jours-ci sont plus difficiles qu’elles ne le paraissent. Elles ne forment pas obligatoirement une suite bien ordonnée. Elles ont sans doute des origines diverses, qui, pour certaines sont peut-être antérieures aux premiers livres de la Genèse (qui racontent la création).

Ceci dit, on peut remarquer dans notre texte d’aujourd’hui comme une ambigüité sociale. Caïn était un agriculteur et Abel un berger, un nomade pratiquement. Or Dieu apprécie le sacrifice d’Abel, le nomade, et pas celui de Caïn, l’agriculteur. Il semble préférer l’itinérant au sédentaire. D’ailleurs, plus tard, c’est quand Noé, de nomade devient cultivateur, qu’il lui arrive quelques ennuis : il cultive trop sa vigne, celui-là !

Or voici qu’après le meurtre de son frère, Caïn est obligé de fuir : “Tu seras errant“, lui dit le Seigneur comme une malédiction. Du coup, c’est le nomade qui devient un réprouvé, en situation dangereuse ! Ce que d’ailleurs comprend parfaitement Caïn : “Le premier venu me tuera !“. (A remarquer qu’on ne voit pas très bien qui est ce premier venu : Adam et Eve n’ont eu que deux fils et Abel a été tué !!!). Il y a dans la réponse de Caïn comme une inversion sociale : d’une situation saine et bénie, le nomade passe à un statut dangereux et maudit.

Peut-être que le texte veut surtout souligner que l’homme, une fois cultivateur, n’est plus apte à devenir nomade. Il serait alors toujours un déraciné, ne jouissant plus des sécurités d’un sédentaire.

Cela dit, spirituellement, nous sommes tous des errants sur la terre, des métèques dont la vie est précaire. Nous sommes un peu comme Caïn au seuil de l’histoire, dans la crainte d’une mort éternelle.

Alors le Seigneur répond : “Si l’on tue Caïn, il sera vengé sept fois !“. C’était une loi à l’époque qui se perpétuera longtemps : le sang d’un membre de la famille, du clan devait être vengé ; s’il était tombé dans la misère, dans l’esclavage, il devait être racheté. Et celui à qui incombait ce devoir de “venger“, de rachater, c’était le “goël“ (en hébreu), le rédempteur. Par sa réponse à Caïn, le Seigneur se fait son rédempteur, son “goël“. Bien plus, “Caïn sera vengé jusqu’à sept fois“. Le “Caïn“ est comme “réévalué“, si je puis dire. Sa “valeur“ sera multiplié jusqu’à sept !

Sérieusement, cela veut dire que Dieu se fait le défenseur, le rédempteur de la vie de l’homme dont la vie est précaire. Dieu prend déjà parti pour défendre la fragilité de l’homme vulnérable, même si cette fragilité est une conséquence de sa faute.

C’est notre situation ! L’homme pécheur est un “maudit“. De ce fait, il devient un “déraciné“ vulnérable sur lequel les malheurs risquent de s’accumuler. C’est alors que le Seigneur lui-même se fait le “Sauveur“, le “Rédempteur“ de cet homme fragile et vulnérable. L’homme pécheur s’est “dévalué“ par ses fautes ; Dieu s’apprête à le “surévaluer“ et jusqu’à sept fois, c’est-à-dire infiniment.

Et Dieu a tenu son engagement tout au long de l’histoire d’Israël, tout au long de l’histoire de l’homme… et encore en ces jours qui sont les nôtres. Et si en Jésus Christ, l’homme était “réévalué“ infiniment ? “Grâce à l’amour de notre Dieu“, diront St Paul et St Jean.

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