T.O.
34 imp. Lundi - (Dan. 1.1-20)
Le
livre de Daniel rapporte la foi des exilés à Babylone. Epoque très dure
! On ne pouvait même plus rendre un culte au Dieu Un, au Dieu trois fois Saint,
à ce Dieu qui avait tant fait pour son peuple depuis la traversée de la mer
rouge, qui avait fait "passer" leurs ancêtres de la
"servitude" au "service" du Dieu Unique ("servitude"-"service",
jeu de mots également en hébreu : "advout-avoda").
Et de
ce passage, de cette "Pâque" primitive, de ce baptême en quelque
sorte, les hébreux avaient gardé foi et espérance indéfectibles !
Aussi,
au milieu de leur captivité, ils priaient, ils chantaient : "Notre Dieu est un Dieu de
délivrance" (Cf. nombre de psaumes écrits à cette époque !). Il a accompli
des merveilles pour son peuple. Il en accomplira encore ! La Merveille de la
délivrance !
Et, de
fait, en 538, Cyrus, roi de Perse, demande aux Juifs de revenir sur la terre de
leurs ancêtres pour rebâtir de temple !
C'est
comme une résurrection !
On sait
que la rédaction - la rédaction finale du moins - de ce livre de Daniel date de
l'époque ou les Juifs sont à nouveau persécutés : on veut les contraindre
à adorer des divinités étrangères placées dans le temple - "Abomination de la désolation !" -. C'est le temps de
la persécution organisée par Antiochus-Epiphane (l'occupant
grec !). C'est le temps des martyrs dont nous avons entendu les
récits dernièrement (Livre des Macchabées).
On se
rappelle alors l'enseignement des exilés d'autrefois. Le Livre de Daniel, ce
livre de style apocalyptique, dévoile (c'est le sens du mot
"apocalypse") qu'au-delà des épreuves, des persécutions même
très fortes, il y aura comme une résurrection semblable à toutes les
précédentes.
Le
peuple est donc dans l'attente du "Jour du Seigneur", du Roi victorieux
que nous avons fêté hier : "Donne,
Seigneur, donne la victoire !" (Ps 118..25).
Toujours
au cours de l'histoire, il y a eu des persécutions.
Toujours,
au cours de l'histoire, il y a eu des martyrs, hérauts de la Royauté de
Dieu !
Toujours,
au cours de l'histoire, les chrétiens proclamaient, chantaient : "La victoire qui a vaincu le monde,
c'est notre foi !" (I Jn 5.4).
Toujours, au cours de
l'histoire, il y a cette énergie pleine de cette certitude que tout ce qui existe
est appelé à sur-exister.
St Paul l'affirmait à sa façon
alors qu'il était dans le dénuement : "Nous
ne voulons pas nous dévêtir, mais revêtir un vêtement sur l'autre, afin que ce
qui est mortel soit englouti par la vie. Celui qui nous a formés pour cet
avenir, c'est Dieu qui nous a donné les arrhes de l'Esprit". (2 Co.
5.4)
Et plus récemment, c'est ce que
proclamait, par exemple, le patriarche Athénagoras (réflexion
que j'avais notée naguère) :
"Désormais, tout a un sens.
Toi, et toi
encore, tu as un sens. Tu ne mourras pas !
Ceux que tu
aimes, même si tu les crois morts, ne mourront pas !
Ce qui est
vivant et beau, jusqu’au dernier brin d’herbe,
jusqu’à cet
instant fugitif où tu as senti tes veines pleines d’existence,
tout sera
vivant à Jamais.
Même la
souffrance et la mort ont un sens, deviennent des chemins de vie.
Tout est
déjà vivant parce que le Christ est ressuscité !".
Les
chrétiens savent de certitude absolue cette réalité à venir ! Comment cela se
fera-t-il ? Ils ne le savent pas très bien. Mais ils savent cette réalité à venir ! Parce que le Christ est ressuscité !
Et
c'est cette certitude qu'à travers les siècles chantent les martyrs ! Telle
Catherine d'Alexandrie que nous fêtons aujourd'hui.
Mais
remarquons : au cours de l'histoire, il y eût des "persécutions fortes"
et des "persécutions plus sournoises".
On peut
rappeler toutes sortes de "persécutions fortes" depuis
les origines du christianisme jusqu'au 20ème siècle, jusqu'à
maintenant !
Pensons-nous
suffisamment à tous ces chrétiens actuellement persécutés, physiquement,
psychologiquement, spirituellement. Ils sont nombreux de par le monde. Ils
crient leurs souffrances comme au temps des exilés à Babylone ! Ils crient : on
les entend parfois par médias interposés. Ils crient leurs souffrances ; et ils
chantent aussi leur foi. Puissions-nous chanter, nous aussi, avec eux, à
l'aide des psaumes qu'ils récitaient, notre prière pleine d'espérance à leur
intention.
Non
seulement "leur sang est semence de chrétiens", disait Tertullien.
Mais il ont suivi le Christ jusqu'au bout, jusqu'à la croix, manifestant
- une "foi active",
- un "amour qui se met toujours en
peine" face à leurs bourreaux eux-mêmes,
- une "persévérante espérance en Notre
Seigneur Jésus Christ..." (Cf. I Thess. 1.3).
Foi,
espérance, charité qui viennent d'un "au-delà de la mort elle-même". "O mort, où est ta victoire ?,
demandait St Paul ! (I Co. 18.35).
Mais il y a aussi et plus encore des "persécutions sournoises". Ce
sont celles auxquelles fait allusion notre lecture. Les persécuteurs sont, du
coup, plutôt attrayants. Ils veulent apprivoiser les chrétiens, les conduire
vers une culture remplis de tentations diverses, de richesses (matérielles
ou autres) très attrayantes, mais culture qui oblige à plus ou moins s'éloigner
du Christ. C'est courant ! C'est actuel !
Les chrétiens sont parfois comme ces jeunes gens dont il est
question dans la lecture et à qui on promet vie facile, fastueuse, agréable...
et que sais-je encore. En lisant le livre de Daniel, on peut penser à ce que St
Jean écrit dans sa première lettre : "N'aimez ni le monde ni ce qui est dans
le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui. Car
tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des
yeux et l'orgueil de la richesse - vient non pas du Père, mais du monde. Or le
monde passe avec ses convoitises ; mais celui qui fait la volonté de
Dieu demeure éternellement" (I
Jn 2.15-17).
Ces jeunes gens de la lecture renoncent finalement à toutes
les séductions, avec force et habilté tout à la fois. Et ils apparaissent
finalement plus "beaux", plus "jeunes" que ceux qui
s'adonnent aux plaisirs de la vie, tout en manifestant grande sagesse.
C'est, là encore, comme une sorte de résurrection.
La fidélité à Dieu fait acquérir sagesse divine et, déjà, jeunesse éternelle.
C'est notre foi ! Elle exige souvent esprit critique vis-à-
vis du monde, du pouvoir qu'il peut offrir, de ses diverses séductions. Et il
arrive parfois d'être franchement en rupture avec les modes diverses qui
fleurissent ici ou là, matériellement, intellectuellement, ...et que sais-je
encore... !
Cependant, au milieu de ces ruptures - qui peuvent faire souffrir
parfois - Dieu est présent ! Il nous mène "al
mouth", dit le psaume 48ème, c'est-à-dire "au-delà"..., au-dela de tout,
au-delà de la mort elle-même, pour nous faire participant de sa vie, de sa vie
divine!
Telle est notre foi que nous devons proclamer en toutes
circonstances. Que le Seigneur vous assiste ; Que le Seigneur nous assiste ! Car
le Christ est ressuscité !
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