dimanche 24 novembre 2013

Christ - Notre Roi !

Fête du Christ-Roi   -   2013

Tout le drame de notre vie est contenu dans une question, une question du Christ à nous-mêmes, à chacun d’entre nous. Et, pour terminer l’année liturgique, l’Eglise nous ramène à cette seule question que le Christ, au suprême moment de sa vie terrestre, a posée par sa seule présence du haut de la croix, à deux hommes.
Or un seul a bien répondu : celui que l’on appelle le “bon larron”.

St Augustin, commentant cette page d’évangile, s’étonne de ce que le bon larron ait mieux compris la Bible que les experts, les docteurs de la Loi qui, eux aussi, se trouvaient au calvaire, mais qui se moquaient du Christ. Et il prête à ce bon larron cette réponse : “Non, je n’avais pas étudié les Ecritures ; mais Jésus m’a regardé, et, dans son regard, j’ai tout compris”.

Pour nous aussi, pour chacun de nous, il s’agit non pas de s’imaginer le Christ à notre façon...
- façon tout humaine, trop humaine que nous utilisons souvent : ce que j'appelle facilement l'"inversion sacrilège". "Dieu a créé l'homme à son image ; et l'homme le lui a bien rendu !", disait Voltaire ! C'est toujours notre tentation !-
 ... il s’agit non pas de s’imaginer le Christ à notre façon, mais il s'agit surtout de rencontrer le regard du Christ, de rencontrer le Christ lui-même, sa personne.

Et aujourd’hui, sachons tirer de l’évangile les conditions indispensables pour se préparer à cette rencontre.
Nous pouvons en reconnaître trois :
- l’humilité : se reconnaître coupable : “Pour nous, c’est juste !”, disait le bon larron.
- la foi : “Lui n’a rien fait de mal”. Il est pur "par excellence" ! Il est "Fils de Dieu" !
- la prière : "Jésus, souviens-toi !".

La première condition, en effet, pour se préparer à la rencontre du Christ, est simple, immédiate, mais parfois difficile à réaliser, c’est admettre humblement la vérité de notre condition de pécheurs devant Dieu.  Que dit, en effet, le bon larron ? “Pour nous, c’est juste !”.
C’est ce cri des humbles que nous rencontrons si souvent dans la Bible :
- C'est le cri de David après sa faute : "Oui, je reconnais mon péché ! Purifie-moi !
- C’est Zachée qui, devant Jésus, se reconnaît voleur...
- C’est la pécheresse qui pleure ses égarements...
- C’est la Samaritaine qui a honte de sa situation et ne cherche pas à la nier...
- C’est Pierre qui après sa trahison, dit à Jésus : “Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur !”, et qui aurait pu dire lui aussi : “Dans son regard, j’ai tout compris !”.

Et nous pouvons nous demander nous-mêmes : cette vérité-là, l’avons-nous admise ? C’est pourtant dans cette vérité qui souvent nous brûle et fait mal que seulement nous rencontrerons le Christ.
“Pour être sanctifié en vérité, écrivait notre grand Bossuet, il faut voir la vérité de ses fautes”. Et, à propos de Notre Dame, il ajoute : “Les mauvais anges étaient chastes, mais avec toute leur chasteté, parce qu’ils étaient superbes, Dieu les a repoussés jusqu’aux enfers. Il fallait donc que Marie fût humble autant que ces rebelles ont été superbes ; et c’est ce qui lui a fait dire : ‘Je suis la servante du Seigneur’. Il ne fallait rien moins pour la faire ‘Mère de Dieu’ !”

“L’humilité suffit pour conduire à Dieu” (St Jean Chrysostome) ; car “l’humilité qui met les choses à l’échelle de Dieu est aussi l’échelle qui permet de monter à Dieu” (Mgr Ghika).

Si l’humilité fait la lumière, la vérité sur notre condition de pécheur, elle nous amène également à recevoir la lumière, la vérité d’un Autre. C’est cela la foi ! (2ème condition).
Nous reconnaissant incapable d’accéder à la Vérité toute entière, nous sommes prêts cependant à la recevoir. “Pour croire, disait naguère le Pape Paul VI, il faut un principe intérieur qui ne peut venir que de Dieu”, qui ne peut venir que du Christ en croix : “une fois élevé de terre, j’attirerai tout à moi”. Oui, fixqnt le Christ en croix, nous pouvons comprendre et nous exclamer : "Dans son regard, j’ai tout compris”.

Mais, il faut bien préciser : la foi n’est pas un “saut dans l’absurde” ! Si la foi est bien l’assentiment de notre intelligence (éclairée par l’Esprit Saint), elle ne doit pas se contenter de cette adhésion, mais méditer sur la lumière qu’elle reçoit de Dieu lui-même, s’en nourrir, s’en pénétrer de plus en plus, à l'exemple de Notre Dame qui, dit St Luc, “méditait toutes ces choses en son cœur”. Et jusqu'au pied de la croix, elle ne cessait de le faire, de méditer ! Paul VI écrivait encore : “La foi risque de périr par asphyxie ou inanition, si elle n’est pas tous les jours alimentée et soutenue, entretenue”.

Si nos connaissances humaines doivent progresser sans cesse tout au long de notre vie, notre foi doit également progresser en s’approfondissant sous le regard du Christ, en se structurant, en s’enracinant davantage en Dieu lui-même.
Et cela par de simples actes de foi, certes !
Mais aussi par l'information, la réflexion priante. Une foi qui cherche toujours à mieux appréhender, disait St Thomas d’Aquin, à mieux comprendre.
Malheureusement, on en reste souvent à des notions rudimentaires, ou à certaines notions apprises dans la jeunesse. Et l'âge venant, on arrive à se contenter d'un acquis souvent plus ou moins sclérosé, ou à une pratique d'habitudes qui ont perdu leurs significations profondes - telle la pratique dominicale -. Alors, un déséquilibre se produit entre connaissances religieuses plus ou moins rudimentaires et connaissances humaines qui se développent obligatoirement... Faute de mettre sans cesse notre regard dans celui du Christ, il y a le risque d'y avoir en nous-mêmes comme une distorsion entre foi et raison ; on ne comprend plus très bien. Et le Christ ne peut plus véritablement régner en nous !

L’humilité, condition de la foi ! Et prière également ! (3ème condition) : “Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme Roi !”  La prière, c’est déjà la rencontre de Dieu dans la foi. Prier, c’est veiller dans l’attente de sa venue, c’est avoir soif de la visite du Seigneur, c’est marcher à la rencontre de celui qui vient, qui ne cesse de venir : “Seigneur, souviens-toi de moi, disait le psalmiste, c’est ta face que je cherche”.

L’humilité est déjà comme une prière continuelle. Elle est sans cesse un appel au secours lancé vers Dieu. Elle ne nous permet pas de nous appuyer sur notre propre puissance ou sagesse, ou de nous estimer supérieurs aux autres, ce qui arrive dans cette terrible maladie qu’est la suffisance, l’orgueil.

L’humilité et la prière sont inséparables. Elles sont indispensables pour rencontrer le Seigneur dans la foi, avant de le rencontrer face à face lorsqu’il remettra toute chose à son Père, lorsqu’il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Alors son règne n’aura pas de fin.

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