33e Lundi T.O. 13/C
Dans les évangiles,
il y a beaucoup de guérisons d'aveugles ! Ce sont des guérisons d'aveugles qui ne
voyaient pas et qui se mettent à voir très clairement ! Evidemment, c'est
surtout la signification de ces guérisons d'aveugles qui est
importante.
Car nous sommes
tous victimes de cette terrible maladie qu'est :
- l'aveuglement
que reprochait le prophète Isaïe à Israël au début de son ministère : "Un bœuf connait son propriétaire ; un
âne la mangeoire de son maître ; Israël ne connait pas, ne comprend pas !".
Il ne voit pas ! (Cf
Is 1.3).
- Aveuglement qu'est
ce "divertissement" dont parlait Pascal. Dieu est là !
Toujours ! Et on ne le voit pas, trop "divertis" par des choses secondaires,
voire sans importance ! Nous pensons à tout sauf à l'important, à l'essentiel :
Dieu présent ! C'est extrêmement ennuyeux parce qu'on y perd son temps. Et à
force de perdre son temps, on perd sa vie ! Or, nous n'en avons qu'une !
Tous, il nous faut
guérir de cet "aveuglement", afin que notre intelligence accède de
plus en plus à la compréhension plénière du dessein de Dieu à notre égard : il
nous veut "à son image et
ressemblance", ressemblants à lui ; il nous veut "fils de
Dieu" ! Or, il nous faut "voir clair" pour accéder à la
"justice" de Dieu, infiniment plus grande et importante que notre
justice humaine si précaire et partisane souvent, "justice" de Dieu
qui, selon St Paul, est notre "justification", notre sanctification
en la vie même de Dieu !
Oui, que notre intelligence
accueille ce que St Paul appelle la "folie
de Dieu" (I
Co. 1.25),
folie qui est plus sage que la sagesse humaine, "folie" divine qui
s'est manifestée par l'incarnation du Fils de Dieu. Il est venu nous révéler
l'amour de Dieu pour tous les hommes par son mystère pascal de mort et de vie
!
Il y a donc le
signe de cette guérison de l'aveugle de Jéricho que Jésus accomplit juste avant
sa rencontre avec Zachée qui s'efforçait, lui aussi, de "voir Jésus",
sans trop y parvenir, mais à qui Jésus va se laisser "voir"
véritablement au point de changer tout le parcours de son existence !
Il y a donc cet
aveugle, à la porte de Jéricho - "Que
veux-tu que je fasse pour toi ?", lui demande Jésus. - "Seigneur, fais que je voie !", lui répond-il. Et
Jésus le guérit en lui disant : "Retrouve
la vue ! Ta foi t'a sauvé !" - La foi est finalement l'œil de
la véritable connaissance. D'ailleurs, l'aveugle guéri "suivait Jésus", précise le texte, "en glorifiant Dieu !" ; Il suit Jésus qui le mène à la "vision"
de Dieu-Père, à la vie d'amour de Dieu. Désormais, il comprend, mieux que
les apôtres, ces paroles du Seigneur : "Si
quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il renonce à lui-même, prenne sa croix et
qu'il me suive !". (Mc 8.33).
En St Marc, Jésus
donne ce conseil, cette consigne alors qu'il vient de guérir un autre aveugle,
celui de Bethsaïde. C'est au moment où Jésus lui-même s'afflige de voir ses
propres disciples ne rien comprendre au "Signe" qu'il vient de
poser, le "Signe" par excellence, celui de la multiplication des
pains. Ils ne comprennent pas ; ils ne voient pas ! Alors, Jésus guérit
un aveugle qui commence, lui, à voir ! C'est une guérison très curieuse, une
guérison "progressive". Jésus, après lui avoir mis de la salive
sur les yeux et lui imposer les mains, lui demande : "Vois-tu quelque chose ?" - Et lui de répondre : "J'aperçois des gens ; je les vois
comme des arbres, mais ils marchent !". Il y aurait beaucoup à dire
sur cette notation humoristique... Les Pères de l'Eglise ne s'en sont pas
privés ! Jésus pose à nouveau les mains sur ses yeux ; et, du coup, l'ancien
aveugle voit clair
: "Il voyait tout, nettement, de loin !" (Mc 8.22sv).
Après la guérison
de l'aveugle de Jéricho, Jésus monte à Jérusalem pour accomplir son
"exode" comme dit St Luc juste après la Transfiguration,
c'est-à-dire accomplir son dessein d'amour des hommes par son mystère pascal de
mort et de résurrection, de vie !
Il semble bien que
dans cette dernière montée vers Jérusalem, les apôtres étaient encore très loin
de voir, de comprendre..., comme nous-mêmes souvent ! Jésus les
enseignera encore, à Jérusalem, lors de la fête de Soukkot (qui rappelait les
merveilles de l'exode). Il accomplira le signe, le merveilleux miracle de
l'aveugle-né, à la piscine de Siloé, symbole, selon Ezéchiel, de l'eau qui,
dans sa vision, sortait du côté droit du temple pour aller revivifier la mer
morte, lieu de mort par excellence à cause du péché de l'homme. Et l'aveugle de
Siloé verra clair lui aussi ! Il devient présage de résurrection ; il devient déjà
le "vivant", véritablement, qui voit si clair qu'il est alors
capable, comme le note St Luc, d'entrer dans le temple pour louer Dieu ! Il
entre déjà dans ce temple qu'est le Corps du Christ dont nous sommes nous-mêmes
les membres par notre baptême que réactualise toute Eucharistie, signe pascal
de foi qui nous fait "voir" : "Il
est grand le mystère de la foi !".
Que nous soyons,
comme l'aveugle de Bethsaïde, en progression d'une vision de plus en plus
claire, que nous soyons comme l'aveugle de Jéricho ou celui de la piscine de
Siloé qui, d'un seul coup, voient parfaitement clair, il nous faut, nous aussi,
parvenir, par la foi, à la vision même du Christ glorieux, lui qui peut
nous faire accéder à la connaissance parfaite du dessein d'amour de Dieu à notre
égard. N'est-ce pas là notre mission, ou mieux notre héritage à nul autre
pareil : chanter la gloire de Dieu, chanter la Vie de Dieu qui s'est manifestée
en Jésus-Christ !
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