lundi 18 novembre 2013

L'Aveugle !

33e Lundi T.O. 13/C                 

Dans les évangiles, il y a beaucoup de guérisons d'aveugles ! Ce sont des guérisons d'aveugles qui ne voyaient pas et qui se mettent à voir très clairement ! Evidemment, c'est surtout la signification de ces guérisons d'aveugles qui est importante.
Car nous sommes tous victimes de cette terrible maladie qu'est :
- l'aveuglement que reprochait le prophète Isaïe à Israël au début de son ministère : "Un bœuf connait son propriétaire ; un âne la mangeoire de son maître ; Israël ne connait pas, ne comprend pas !". Il ne voit pas ! (Cf Is 1.3).
- Aveuglement qu'est ce "divertissement" dont parlait Pascal. Dieu est là ! Toujours ! Et on ne le voit pas, trop "divertis" par des choses secondaires, voire sans importance ! Nous pensons à tout sauf à l'important, à l'essentiel : Dieu présent ! C'est extrêmement ennuyeux parce qu'on y perd son temps. Et à force de perdre son temps, on perd sa vie ! Or, nous n'en avons qu'une !

Tous, il nous faut guérir de cet "aveuglement", afin que notre intelligence accède de plus en plus à la compréhension plénière du dessein de Dieu à notre égard : il nous veut "à son image et ressemblance", ressemblants à lui ; il nous veut "fils de Dieu" ! Or, il nous faut "voir clair" pour accéder à la "justice" de Dieu, infiniment plus grande et importante que notre justice humaine si précaire et partisane souvent, "justice" de Dieu qui, selon St Paul, est notre "justification", notre sanctification en la vie même de Dieu !
Oui, que notre intelligence accueille ce que St Paul appelle la "folie de Dieu" (I Co. 1.25), folie qui est plus sage que la sagesse humaine, "folie" divine qui s'est manifestée par l'incarnation du Fils de Dieu. Il est venu nous révéler l'amour de Dieu pour tous les hommes par son mystère pascal de mort et de vie !

Il y a donc le signe de cette guérison de l'aveugle de Jéricho que Jésus accomplit juste avant sa rencontre avec Zachée qui s'efforçait, lui aussi, de "voir Jésus", sans trop y parvenir, mais à qui Jésus va se laisser "voir" véritablement au point de changer tout le parcours de son existence !

Il y a donc cet aveugle, à la porte de Jéricho - "Que veux-tu que je fasse pour toi ?", lui demande Jésus. - "Seigneur, fais que je voie !", lui répond-il. Et Jésus le guérit en lui disant : "Retrouve la vue ! Ta foi t'a sauvé !" - La foi est finalement l'œil de la véritable connaissance. D'ailleurs, l'aveugle guéri "suivait Jésus", précise le texte, "en glorifiant Dieu !" ; Il suit Jésus qui le mène à la "vision" de Dieu-Père, à la vie d'amour de Dieu. Désormais, il comprend, mieux que les apôtres, ces paroles du Seigneur : "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il renonce à lui-même, prenne sa croix et qu'il me suive !". (Mc 8.33).

En St Marc, Jésus donne ce conseil, cette consigne alors qu'il vient de guérir un autre aveugle, celui de Bethsaïde. C'est au moment où Jésus lui-même s'afflige de voir ses propres disciples ne rien comprendre au "Signe" qu'il vient de poser, le "Signe" par excellence, celui de la multiplication des pains. Ils ne comprennent pas ; ils ne voient pas ! Alors, Jésus guérit un aveugle qui commence, lui, à voir ! C'est une guérison très curieuse, une guérison "progressive". Jésus, après lui avoir mis de la salive sur les yeux et lui imposer les mains, lui demande : "Vois-tu quelque chose ?" - Et lui de répondre : "J'aperçois des gens ; je les vois comme des arbres, mais ils marchent !". Il y aurait beaucoup à dire sur cette notation humoristique... Les Pères de l'Eglise ne s'en sont pas privés ! Jésus pose à nouveau les mains sur ses yeux ; et, du coup, l'ancien aveugle voit clair : "Il voyait tout, nettement, de loin !" (Mc 8.22sv).

Après la guérison de l'aveugle de Jéricho, Jésus monte à Jérusalem pour accomplir son "exode" comme dit St Luc juste après la Transfiguration, c'est-à-dire accomplir son dessein d'amour des hommes par son mystère pascal de mort et de résurrection, de vie !
Il semble bien que dans cette dernière montée vers Jérusalem, les apôtres étaient encore très loin de voir, de comprendre..., comme nous-mêmes souvent ! Jésus les enseignera encore, à Jérusalem, lors de la fête de Soukkot (qui rappelait les merveilles de l'exode). Il accomplira le signe, le merveilleux miracle de l'aveugle-né, à la piscine de Siloé, symbole, selon Ezéchiel, de l'eau qui, dans sa vision, sortait du côté droit du temple pour aller revivifier la mer morte, lieu de mort par excellence à cause du péché de l'homme. Et l'aveugle de Siloé verra clair lui aussi ! Il devient présage de résurrection ; il devient déjà le "vivant", véritablement, qui voit si clair qu'il est alors capable, comme le note St Luc, d'entrer dans le temple pour louer Dieu ! Il entre déjà dans ce temple qu'est le Corps du Christ dont nous sommes nous-mêmes les membres par notre baptême que réactualise toute Eucharistie, signe pascal de foi qui nous fait "voir" : "Il est grand le mystère de la foi !".


Que nous soyons, comme l'aveugle de Bethsaïde, en progression d'une vision de plus en plus claire, que nous soyons comme l'aveugle de Jéricho ou celui de la piscine de Siloé qui, d'un seul coup, voient parfaitement clair, il nous faut, nous aussi, parvenir, par la foi, à la vision même du Christ glorieux, lui qui peut nous faire accéder à la connaissance parfaite du dessein d'amour de Dieu à notre égard. N'est-ce pas là notre mission, ou mieux notre héritage à nul autre pareil : chanter la gloire de Dieu, chanter la Vie de Dieu qui s'est manifestée en Jésus-Christ !

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