jeudi 27 décembre 2012

St Jean, Apôtre !


27 Décembre 2012 
   
St Jean ! 
Une immense figure d’apôtre dont on ne finira jamais d’approfondir la pensée ! 
Il se situe, St Jean, comme au sommet de la Révélation néo-testamentaire ! Il est, comme on a dit, l’“Aigle de Patmos“ ! Il est au sommet. Il regarde tout à partir du sommet de la Croix, à partir du sommet qu’est Dieu, de Dieu révélé en Jésus Christ ! 
C’est le plus jeune des apôtres. Et peut-être qu’étant le plus jeune, non seulement physiquement, mais psychologiquement, spirituellement, il va le plus vite, il va vite à l’essentiel…

Jésus lui-même avait comme suggéré cette rapidité de son disciple “bien-aimé“. Rappelez-vous l’histoire de la finale de son Evangile (ch. 21). Pierre, qui avait renié son Maître au moment de sa passion, non seulement reçoit le pardon du Christ ressuscité, mais se trouve “restauré“ en quelque sorte dans sa fonction de “Chef de l’Eglise“ : “Pais mes agneaux“, lui est-il dit ! 

Et, sans doute “es-qualité“, il s’inquiète du sort du disciple bien-aimé, de Jean : “Et lui, que lui arrivera-t-il ?“. Et Jésus a l’air de lui répondre : “De quoi te mêles-tu ?“. – Que voulez-vous ! Pierre a bien conscience désormais d’être l’“Ordinaire du lieu“, comme le Droit Canon le dit d’un évêque, un homme capable de mettre de l’ordre avec sagesse autant que possible ! Et il faut reconnaître que c’est ce qu’il y a de plus difficile à trouver dans l’existence : un homme (ou une femme, bien sûr !) qui sache mettre de l’ordre ! Finalement un véritable “Ordinaire du lieu“, c’est quelqu’un d’assez extraordinaire !

Ainsi, Pierre sent le besoin de mettre de l’ordre… Et il s’inquiète de Jean pour savoir bien le placer avec “ordre“, en quelque sorte, dans le collège des Apôtres. Quelle place doit-il avoir ? Quel est son avenir ?

Mais Jésus se moque d’un ordre trop calculé, trop minutieux humainement parlant : “De quoi te mêles-tu ?“. Car il y a des appelés par Dieu pour qui l’ordre humain ne convient pas trop. Par grâce, ils vont plus vite, trop vite pour les autres. Rappelons-nous : c’est St Jean qui va plus vite au tombeau. Cependant arrivé le premier, il laisse d’abord Pierre entré. C’est quand même lui l’“Ordinaire du lieu“, n’est-ce pas ? Il faut le respecter !

Mais cela n’empêche pas Jean d’aller plus vite : “Il vit, et il crut !“
C’est que Pierre n’avait pas été au pied de la croix ! Jean, lui, toujours rapide, y était avec la Vierge Marie. Et là, il comprit très vite, se rappelant la célèbre phrase du prophète Zacharie : “Ils regarderont vers moi, dit Dieu, celui qu’ils ont transpercé !“ (Zach. 12.10). Et du côté du Christ transpercé par la lance du centurion, il voit le sang, symbole de vie, s’écouler sur les hommes rachetés par le Sacrifice Unique ; il voit l’eau s’en écouler pour la purification de tous !

Il a vite compris, St Jean ! 
Il est vrai qu’il fut le confident de la Vierge Marie, la Mère par excellence. Elle fut certainement à l’origine de cette connaissance privilégiée de celui qu’on a appelé “Jean le Théologien“, elle, Marie, qui a eu du Verbe incarné - en qui réside corporellement la plénitude de la Divinité - une connaissance à nulle autre pareille !

Aussi, n’est-il pas étonnant que Jean commence son évangile par cette phrase qui rappelle la création racontée par le livre de la Genèse : “Au commencement était le Verbe… ! En lui était la vie“. Tout fut par le Verbe, et la création et la nouvelle création qu’est la Rédemption !
Et il nous dit aujourd’hui : “Ce qui était au commencement…, c’est le Verbe, la Parole de la vie. Et la vie s’est manifestée…  Et nous vous annonçons cette vie éternelle qui était tournée vers le Père… pour que vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils…“.

"Ce qui était au commencement !". C'est le Verbe ! Et par lui, "nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils…!“.  Nous sommes déjà avec St Jean, dès le commencement, devant le mystère de la Sainte Trinité. 
Dès Noël, dès le commencement où la Vie divine s’est manifestée en Jésus Christ, le chrétien, avec l’apôtre bien-aimé, voit déjà dans le mystère de la Trinité une confidence que Dieu a réservée pour la plénitude des temps. Déjà nous sommes plongés dans cette Vie que nous partagerons pleinement au jour éternel. Dieu, en son Fils incarné, n’est pas venu nous révéler seulement qu’il est “UN“ - un seul Dieu ! -, mais comment il est “UN“ pour que nous puissions vivre de cette unité : « Qu’ils soient “UN“, comme nous sommes “UN“ », priait Jésus.

A Noël, semble nous dire St Jean, c’est le mystère même de Dieu qui vient comme nous envelopper, envelopper les communautés chrétiennes qui sont appelées à vivre une charité qui soit - non pas seulement une entente plus ou moins aimable, harmonieuse -, mais qui doit être “épiphanie“ de Dieu.

Dans les Actes des apôtres, les premiers chrétiens - dans deux tableaux idylliques - ont voulu vivre cette Vie de charité au point de devenir un pôle d’attraction pour tous : “Voyez comme ils s’aiment !“, disait-on. 
Comme le mystère de l’Incarnation, le mystère de la Sainte Trinité n’est pas un rébus qui vient meurtrir notre intelligence. Au contraire, c’est un océan de lumière en lequel nous sommes invités à pénétrer - car “la Vie est la lumière des hommes“ -. Certes, on ne peut pas encore regarder pleinement ce mystère. C’est comme le soleil qui est trop éblouissant pour être directement regardé. Mais c’est le soleil qui donne de la couleur à tout ce qui existe ici-bas. 
Ainsi avec le mystère de la Sainte Trinité nous sommes invités, dans la réalité la plus banale de l’existence, à donner une couleur de vie divine à toutes chose, en exorcisant notre égoïsme, notre “Moi“, afin de devenir comme Dieu, sans égoïsme, “relation vers l’autre", "relation vers Dieu" (pros ton Théon). N’exister que comme relation vers l’autre, vers Dieu. Trouver la consistance de notre personnalité non en notre “Moi“, mais dans la relation vers Dieu, vers l’autre, Dieu ne s’étant incarné que pour nous insérer en ces "relations" que s'échangent les Personnes divines. Dieu n'est que "pure Relation"! 

Pour terminer, en ce temps de Noël qui permet quelque distraction joyeuse, j’ose vous rapporter une histoire véridique ; mais c’est presque un conte de Noël. 
Il y avait naguère un célèbre prédicateur, assez original, le P. Gourbillon (un des fondateurs de la “Vie Catholique“). Un jour il expliquait comment se servir d’un missel pendant la messe (C’était, bien sûr, bien avant le Concile Vatican II).
Pendant son sermon, il y avait un Monsieur qui avait l’air de s’embêter (Il n’y a rien de plus démoralisant pour un prédicateur que de voir quelqu’un qui regarde sa montre, qui baille, etc…). Mais le P. Gourbillon, toujours intrépide… (1), s’approcha du Monsieur et lui fit une leçon particulière : ce que sont l’offertoire, la préface, la communion etc…
Finalement, le Monsieur, très poliment, lui remit sa carte de visite que le Père mit dans sa poche…  Le soir venu, il ressort de sa poche cette carte de visite. Etait écrit : François Mauriac ! Alors, il n’a pas “perdu le nord“ pour autant. Il avait publié une petite brochure sur la Sainte Trinité. Il lui envoya avec cette dédicace : “Enfin une famille qui s’entend !“. C’était naturellement une allusion au “Mystère Frontenac“, “le nœud de vipère“ !

“Enfin une famille qui s’entend… !“. La Famille de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Nous sommes invités à y entrer depuis Noël, depuis notre baptême !

(1) tellement intrépide qu’un jour il a été renversé par un camion. Et le journal local a rapporté l’affaire en concluant : “le camion est en réparation… !“ -

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