vendredi 28 décembre 2012

Saints Innocents !

C'est dans la nuit que le Fils de Dieu, "Lumière née de la Lumière", a pris corps d'homme!
Et dans la nuit où il fut livré, Jésus prit du pain et dit : "Ceci est mon Corps".
De la crèche à la croix, Dieu est entré dans la nuit des hommes afin qu'ils puissent sortir, au matin de Pâques, de la nuit du péché et de la mort même.

Certes, autour de la crèche,
il y a les anges qui chantent, les bergers qui sont tout esbaudis devant l’Enfant-Dieu,
il y aura les rois de la terre qui viendront adorer !
Mais tout près, il y a Hérode et le massacre des innocents ! Il y a toute l’humanité pétrie d’égoïsme, assoiffée de domination, et toujours prête à répandre le sang.

Près de la crèche, il y a déjà la croix ! Oui, Jésus vient dans la nuit des hommes !

Et en pensant au Saints Innocents, je me reporte facilement à la statue du cloître de Solesmes qui présente Marie portant en ses bras une croix sur laquelle est couché l’Enfant-Dieu ! Représentation assez rare, mais très biblique et signifiante de la mission du Fils de Dieu fait homme !

La crèche n’est pas qu’un décor touchant. L’incarnation du Fils de Dieu ne se poursuivra qu’en traversant le mal que l’homme fait à l’homme, fusse-t-il un enfant innocent. 
Ainsi, les promesses de la nuit de Noël : “aujourd’hui vous est né un sauveur”, ne seront pleinement réalisées qu'en la nuit du calvaire : “Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu !”, s’exclamera le centurion.

Mystère qu’il nous faut vivre souvent dans la foi qui se fait alors, là, silence avide de Dieu !
En la nuit du Calvaire, Jésus se taira comme il est silence en la nuit de Bethléem.
- A ceux qui disent : “Jésus est trop homme pour être Dieu”, Jésus ne répond rien. Et Pilate continue à se laver les mains !
- A ceux qui disent : “Jésus est trop Dieu pour être homme”, Jésus ne répond rien. Et les gens en place mettent, par peur, leur police à la recherche d’un enfant innocent ou pour garder le corps d’un crucifié.
Jésus, lui, donne, se donne silencieusement pour nous laisser découvrir, dans la foi, ce que veut dire de la crèche à la croix : “Il fallait qu’il soit Dieu pour être tellement homme”.

Oui, Jésus est passé de la nuit de Bethléem à la nuit du Vendredi Saint pour que l’humanité, au matin radieux de Pâques, sorte de la nuit du péché et du crime des innocents. Et la nuit de Bethléem, c’est déjà l’aurore du matin de la résurrection ! Tous les “Saints Innocents“ nous le rappellent !

Alors, quel doit être notre attitude devant les innocents que l’on massacre en silence ? Devant ces mystères de silence, il nous faut d’abord nous pénétrer, silencieusement, de la présence silencieuse du Christ.
C’est l’invitation de l’Eglise depuis Noël, depuis Pâques.
Regardez ! Et n’est-ce pas là l’important : autant à Noël qu’à Pâques, le prêtre va prendre du pain et, en la place du Christ, dira : “prenez, ceci est mon Corps !”. Autant à Noël qu’à Pâques ! La fête des Saints Innocents nous redit en même temps que Dieu a pris corps d’homme pour qu’il soit livré en vue du salut de la multitude des hommes !

Et aujourd’hui, c’est dans la pauvreté mystérieuse d’un même “signe”
- que le Christ nous donne son corps d’Enfant-Dieu né à Bethléem - mot qui signifie : “maison du pain“ -,
- que le Christ nous donne son Corps glorifié au matin de Pâques 
pour qu’il devienne “pain partagé“, pain que nous avons à partager autant dans le mystère de Noël que dans celui de Pâques !

Et si, avec les bergers de Bethléem, nous reconnaissons en ce corps d’un bébé le Fils de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, alors, pourquoi Dieu serait-il incapable de faire ce qu'il dit : “Ceci est mon Corps” ?
Cette nouvelle présence mystérieuse et cachée, manifestée en la nuit où il fut livré, ne lui est pas plus difficile qu’en la nuit de Bethléem !
Toute la question est là : En la fête de Noël, allons-nous célébrer un vieil événement ; ou bien, sommes-nous venus recevoir et partager le “signe”, le “sacrement”, le “pain“ de la présence de Jésus-Christ venant toujours pour le salut et des assassinés et des assassins, tous ceux-là nos frères ?

Il nous faut désormais “partager le pain” que le Christ nous donne, ce pain qui est don de sa vie en nous ? Depuis Noël, depuis Pâques, sachons-le avec St Paul : désormais, "vous êtes le corps du Christ". Par le Baptême et l'Eucharistie, nous ne faisons plus qu'un avec le Christ ; c'est son incarnation rédemptrice qui se prolonge par et en nous ! Ce doit être notre évangélisation, à la fois ancienne et nouvelle !

Voilà ce que signifie la fête des Saints Innocents !

"Le verbe s'est fait chair. Il a habité parmi nous. Et nous avons vu sa gloire !”. C'est l'apôtre saint Jean qui écrivait ces lignes.
Qu'a-t-il donc vu au juste ? Il a vu un homme, Jésus de Nazareth.
On devinait Dieu en lui ; il ne faisait qu'un avec Dieu ! C’est notre foi !
Et cet homme allait aimer les siens jusqu'à donner sa vie pour le monde : "Nous avons vu sa gloire !".
La gloire de Jésus, c'était donc d'aimer, de guérir, d'annoncer à tous la tendresse et la miséricorde de Dieu. C'était là sa nourriture, c'était là sa joie.
C'est cela qu'il venait dire et montrer aux hommes.
C'est cela aussi que nous devons dire et montrer aux hommes d'aujourd'hui, nous qui sommes les membres du Christ, les prolongements de son incarnation rédemptrice.

Et cela peut aller jusqu’à donner sa vie, à l’exemple du Christ, le Juste injustement mis à mort, à l’exemple des justes, des Innocents - enfants ou adultes -  qui donnent leur vie à cause du Christ. 

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