mercredi 5 décembre 2012

Pain pour les pauvres… !


Avent 1 Mercredi  12-13  -   

“De grandes foules vinrent à lui, avec des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d’autres infirmes…  Jésus les guérit“ ! Et il multiplia des pains pour toute la foule…

Il y aurait beaucoup à dire sur la multiplication des pains, ce Signe des signes accomplis par Notre Seigneur ! Le Signe par excellence !
Ce Signe est à la fois mémoire du passé et Annonce de l’avenir !

- Ce signe est mémoire des hauts faits de Dieu envers son peuple : “Pour le nourrir, Dieu fit pleuvoir la manne !“, dit le psaume 78ème (Cf. Ex. 16 ; Nb 11). Et, de même, au nom de Dieu, le prophète Elisée multiplie orge et blé, car, dit-il, “on mangera et il y aura des restes !“ (2 Reg 4.43).
La manne, le blé que Dieu donne est le symbole de sa présence efficace. C’est ainsi, dit Dieu, “que vous connaîtrez que c’est moi le Seigneur, votre Dieu !“  (16.12).

- Ce signe est aussi annonce de l’avenir ! Il annonce les hauts faits que le Seigneur accomplira encore si l’on met toute sa confiance en sa parole, car “l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu !“. (Mth 4.4 – Cf. Dt 8.3).
Aussi, le vrai pain, c’est Jésus lui-même ! “Je suis le pain vivant qui descend du ciel !“. Il est le vrai pain, étant le “Verbe de Dieu“, la Parole de Dieu dont il faut se nourrir, qu’il faut garder : “Celui qui garde ma parole ne verra pas la mort“ (Jn 8.51). Table de la parole et table du pain qu’il ne faut jamais séparer !

Jésus, au soir du Jeudi-Saint,
à la veille d’accomplir son mystère pascal, son “exode“ dont il s’était entretenu avec Moïse et Elie sur la montagne de la Transfiguration (1),
avant d’accomplir cet exode au plein sens du mot - sa Pâques, son passage de la mort à la vie -,
Jésus prit du pain, le distribua en disant : “Faites ceci en mémoire de moi !“
.
Une mémoire d’un haut fait divin en vue du salut à venir pour la multitude des hommes,
- une mémoire qui annonce un avenir, car ce pain est déjà, pour notre propre exode à la suite du Christ, “pain des anges devenu pain des voyageurs“ (2).
Oui, ce pain est “le pain de Dieu qui descend du ciel et qui donne la vie au monde !“ (Jn 6.33). Celui qui mange de ce pain “a la vie éternelle ; et moi, dit Jésus, je ressusciterai au dernier jour“ (Jn 6.54).

Et St Jean écrira dans son Apocalypse : “Au vainqueur, je donnerai de la manne cachée !“. La “manne cachée“ est une allusion à la manne du désert conservée, cachée, dans l’arche de Dieu avec les tables de la Loi et le bâton de Moïse (Cf. Ex. 16.32 ; Heb. 9.4). Et cette arche fut elle-même cachée par Jérémie au Mont Nébo, après la ruine de Jérusalem. Selon la tradition juive, elle sera retrouvée “au jour du Seigneur“, au jour où nous serons tous un dans le Christ, comme lui-même est Un avec son Père (cf. Jn 17.21sv). Car alors, “nous serons semblables à lui puisque nous le verrons tel qu’il est !“ (I Jn 3.2).

“Nous serons semblables à lui… !“.  Finalement, par l’Eucharistie - pain et vin donnés en nourriture -, c'est moins le Christ qui descend en nous que nous qui sommes rendus présents à son Corps, en avant-goût de l'éternité. Ainsi le pain et le vin deviennent-ils apparence, transparence en totale référence au Corps du Christ désormais glorieux.

Je me permets de préciser un détail : St Matthieu, à la charnière des deux Testaments, ce “bon scribe qui tire de son trésor de l’Ancien et du neuf“, autrement dit qui discerne dans les paroles et les gestes de Notre Seigneur l’accomplissement des actions divines au travers des âges passés (3) pour annoncer sa présence efficace dans les âges à venir, est le seul à insister sur la présence des aveugles, des estropiés…, des muets, etc. Pourquoi ?

C’est que ce bon scribe de Matthieu connaît bien son “Histoire Sainte“. Quand David est sur le point de conquérir la petite colline des Jébuséens qui deviendra Jérusalem où sera construit le temple de Dieu, ses ennemis lui firent savoir : “Tu n’entreras ici qu’en écartant les aveugles et les boiteux !“. C’était pour dire : “David n’entreras pas ici !“.
Et pourtant, David s’empara de la colline de Sion ; Alors, une rumeur circula rapidement : “Quant aux boiteux et aux aveugles, ils dégoûtent David“. Et  l’on ira répétant : “Aveugles et boiteux n’entreront pas dans la Maison“, dans la Cité de David, dans le Temple. (cf. 2 Sam 5/6 sv). Voilà pourquoi les aveugles et les boiteux… ne pouvaient entrer dans le temple ! Seul le Messie, d’après les prophètes (Isaïe) pourra supprimer cette exclusion, cette discrimination.

Aussi, Jésus, descendant de David certes, mais nouveau Moïse que Moïse lui-même avait annoncé comme plus grand que lui (Cf. Dt. 18), fera mieux que lui : il donnera à tous sans exception le vrai pain venu du ciel ; il donnera accès pour tous au vrai Temple de Dieu qu’il est lui-même (son Corps !).  
Ainsi, Jésus répondra simplement aux émissaires de Jean-Baptiste qui lui demandaient : “Es-tu celui qui doit venir ?“…, : - “Allez dire à Jean : les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent, les pauvres sont évangélisés…“.  Ce qui veut dire : Je suis le Messie annoncé par les prophètes, Messie pour toutes les nations sans exception, Messie pour la multitude des hommes,  ce Messie qu’Israël doit lui-même reconnaître et annoncer au monde entier.

C’est un détail historique mais qui entraîne une seule et importante remarque : Désormais, même si nous sommes aveugles, estropiés, muets, infirmes…  - et nous le sommes tous d’une manière ou d’une autre -, sachons que Jésus nous accueille et nous accueillera à son festin du Royaume de Dieu dans la Jérusalem céleste, à ce festin dont l’Eucharistie est le repas viatique pour y parvenir.

Mais : “Savons-nous nous reconnaître suffisamment aveugles et infirmes ? Car Jésus n’a-t-il pas dit : “Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs !“. Qu’en sera-t-il donc de ceux qui se disent et se déclarent justes… ?

(1) “Ils parlaient de son exode qu’il allait accomplir à Jérusalem !“ (Lc 9.30)
(2) “Ecce panis angelorum, factus cibus viatorum“ (Seq. Lauda Sion…)
(3) Ici : la manne, et le miracle d’Elisée.

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