mercredi 19 décembre 2012

Foi et fécondité !


19 Décembre 12-13  -  

Dieu promet à Zacharie, comme autrefois à Abraham - il faut souligner le parallèle -, le plus merveilleux cadeau, celui d'un enfant. Mais le vieillard doute ! Il est trop vieux ; il n'a plus de force… Aussi, réclame-t-il un signe ! Et il n'obtient que le signe de son doute : il est réduit au silence ! Il ne peut plus parler puisqu'il  n'a pas cru, puisqu’il n’a pas voulu recevoir la Parole divine !

Oui, il faut bien le remarquer : puisque le doute rend sourd à la Parole de Dieu, les lèvres de l'incrédule sont paralysées. Il réduit Dieu au silence ; et réduisant Dieu au silence, il se condamne à être muet ! Conséquence logique ! La Parole de Dieu, si efficace habituellement, devient stérile…, à cause du manque de foi, cette sorte de foi que demandait si souvent Notre Seigneur avant d’opérer la merveille d’un miracle. C’est fréquent et dramatique cela ! Et, bien plus, on va alors s’étonnant : “Que fait donc Dieu ? Il nous oublie !“.

Cependant, pour Zacharie, comme pour chacun d'entre nous, Dieu agit. Il agit toujours malgré nos obstacles et nos freins. Voici qu'un père radieux tient dans ses mains le "Don de Dieu" - c'est la signification du nom de Jean -. Et enfin, il reconnaît ce "Don de Dieu". Alors, reconnaissant le "Don de Dieu", les lèvres du sceptique s’ouvrent : il proclame, il chante, il rend grâce devant tous ! …

C’est que Dieu emploie toujours la même pédagogie envers l’homme : Zacharie revit la même aventure qu'Abraham, l'aventure d'une véritable fécondité, celle d’une "paternité". Ils ont connu tous les deux la plus grande épreuve, celle de la stérilité, de la solitude… apparente. Cependant, l'un et l'autre, comme tout homme plus ou moins sceptique, ont été visités par la grâce de Dieu : Je te donne un enfant: “Isaac“, "l'enfant du rire" (qui répond au rire sceptique de Sara et d’Abraham)… ; je te donne “Jean-Baptiste“, "le Don de Dieu" qui répond au doute de Zacharie !

Sachons donc remarquer en nos vies les divers "dons de Dieu" pour que nous puissions passer du doute stérile à une foi de plus en plus profonde et féconde, à cette grâce de la "paternité", qu’elle soit charnelle ou spirituelle. Baptisés, nous avons tous à vivre cette "paternité" : transmettre la vie ! LA VIE MÊME DE DIEU ! Sachons nous en souvenir en ce temps de Noël. Dieu veut toujours s’incarner en l’homme… Il nous demande de collaborer à sa paternité divine ! “Comment cela peut-il se faire ?“ - Mais “rien n’est impossible à Dieu“ (Cf. Luc 1.37), avait dit l’ange à Marie, reprenant ce qui avait été dit à Sara : “Y-a-t-il une chose trop prodigieuse pour Dieu ?“ (Gn 18.14).

Il faut donc que l’homme, que tout homme, toute femme accepte à fond l’épreuve de la paternité ou de la maternité, qu’il la traverse malgré bien des difficultés inévitables, malgré, parfois, les apparences visibles ?

Car la paternité (maternité) humaine et surtout spirituelle fait communier normalement à l’Amour Créateur de Dieu.

Comment cela se fait-il ? C’est que, de toutes façons et en n’importe quelle situation, la paternité fait passer, avec l’espérance que seul l’Amour peut recéler, fait passer de l’autre côté des apparences visibles. C’est, d’une manière ou d’une autre, avoir partie liée avec l’Amour divin manifesté aux origines des mondes. C’est, en Dieu, se tenir dans le mystère le plus profond où l’on voit battre le cœur de l’univers ; c’est vivre dans le feu de l’Amour créateur qui actuellement et sans cesse réchauffe le monde. 
Bref, c’est être père avec le Père. Et cela suffit.

C’est témoigner, en l’entretenant en nous-mêmes, de l’Amour de Dieu-Père qui est à l’origine de tout. Ste Thérèse de Lisieux avait bien compris cela ! Etre père et mère spirituellement - et aussi pour ceux qui enfantent charnellement -, c’est ne jamais douter de l’Amour de Dieu-Père. C’est  crier par toute sa vie - reçue de Dieu et à rendre à Dieu - qu’il n’y a rien de plus fort que cet Amour…

C’est proclamer que toutes les vilenies, les divisions et les crimes ne sont que le refus misérable de l’homme… C’est alors comme le reflux momentané de l’immense vague de l’Amour créateur obligée de se retirer pour que l’homme se sente vivre, comme la mer se retire pour laisser apparaître les continents. Mais c’est toujours la mer qui “porte“ les continents… !

Une manière de dire que Dieu, lui aussi, le premier, fait l’épreuve, en créant, de la paternité…, laissant aux hommes la libre possibilité de collaborer à toutes ses œuvres…  (Si seulement les écologistes de tous poils pouvaient comprendre cela !!)

L’histoire du monde n’est finalement que cette longue pédagogie paternelle en laquelle la tendresse divine est donnée à l’homme pour qu’à son tour, il puisse, en toute liberté, devenir véritablement père de sorte que la “ressemblance“ soit parfaite, Dieu l’ayant créé, le créant toujours “à son image et ressemblance“.

Je crois que nous manquons d'hommes et de femmes  qui soient vraiment paternels, maternelles. C'est, peut-être, la grande crise de notre époque. Tout le monde veut être frères, sœurs ! Oui, bien sûr ! Mais souvent cela n’affecte que l’affectif et n’empêche nullement, d’ailleurs, le désir, chez chacun, d’être, d’une manière ou d’une autre, “prior inter pares“, le premier d’entre ses semblables ! Evidemment ! Mais c’est alors oublier la véritable paternité… !  
Oui, nous manquons de pères.
- La crise du sacerdoce est une crise de paternité spirituelle.
- La crise de la famille, c'est une crise de la paternité dans la famille.
- Même la crise politique, d'une certaine manière, c'est aussi une crise de la paternité.
Le jour où il y aura assez d'hommes paternels, assez de femmes maternelles, alors, le monde sera meilleur. 

Je crois qu'aujourd'hui on met trop l'accent sur la fraternité. Dans la fraternité, on veut un amour d'échange, et on supprime par le fait même l'amour de surabondance, celui qui donne plus qu'il ne reçoit. Et ce n'est pas étonnant alors que dans une société qui veut trop uniquement la fraternité, il y ait un esprit de revendication, car, alors, on surveille toujours si son frère a quelque chose de plus que soi. Tandis que quand on est père, on se réjouit toujours quand ses enfants ont quelque chose de plus que soi. Et quand ils n'ont pas plus que soi, on le leur donne !

L'amour n'est pas compatible avec l'esprit d'égalité. Car si l'amour c'est l'échange, le plus grand amour c'est celui de Jésus en croix, lui qui avait dit : “Pierre, celui qui me voit, voit le Père“, lui qui disait encore à ses Apôtres, avant de mourir : “Mes petits enfants !“.

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