19 Décembre 12-13 -
Dieu promet à Zacharie, comme autrefois à
Abraham - il faut souligner le parallèle -, le plus merveilleux cadeau, celui
d'un enfant. Mais le vieillard doute ! Il est trop vieux ; il n'a plus de
force… Aussi, réclame-t-il un signe ! Et il n'obtient que le signe de
son doute : il est réduit au silence ! Il ne peut plus parler
puisqu'il n'a pas cru, puisqu’il n’a pas
voulu recevoir la Parole divine !
Oui, il faut bien le remarquer :
puisque le doute rend sourd à la Parole de Dieu, les lèvres de l'incrédule sont
paralysées. Il réduit Dieu au silence ; et réduisant Dieu au silence, il
se condamne à être muet ! Conséquence logique ! La Parole de Dieu, si
efficace habituellement, devient stérile…, à cause du manque de foi, cette
sorte de foi que demandait si souvent Notre Seigneur avant d’opérer la
merveille d’un miracle. C’est fréquent et dramatique cela ! Et, bien plus,
on va alors s’étonnant : “Que fait
donc Dieu ? Il nous oublie !“.
Cependant, pour Zacharie, comme pour chacun
d'entre nous, Dieu agit. Il agit toujours malgré nos obstacles et nos
freins. Voici qu'un père radieux tient dans ses mains le "Don de
Dieu" - c'est la signification du nom de Jean -. Et enfin, il reconnaît ce
"Don de Dieu". Alors, reconnaissant le "Don de Dieu",
les lèvres du sceptique s’ouvrent : il proclame, il chante, il rend grâce
devant tous ! …
C’est que Dieu emploie toujours la même
pédagogie envers l’homme : Zacharie revit la même aventure qu'Abraham,
l'aventure d'une véritable fécondité, celle d’une "paternité". Ils
ont connu tous les deux la plus grande épreuve, celle de la stérilité, de la
solitude… apparente. Cependant, l'un et l'autre, comme tout homme plus ou moins
sceptique, ont été visités par la grâce de Dieu : Je te donne un enfant: “Isaac“, "l'enfant du rire"
(qui répond au rire sceptique de Sara et d’Abraham)… ; je te donne “Jean-Baptiste“, "le Don de Dieu" qui
répond au doute de Zacharie !
Sachons donc remarquer en nos vies les
divers "dons de Dieu" pour que nous puissions passer du doute stérile
à une foi de plus en plus profonde et féconde, à cette grâce de la
"paternité", qu’elle soit charnelle ou spirituelle. Baptisés, nous
avons tous à vivre cette "paternité" : transmettre la
vie ! LA VIE MÊME DE DIEU ! Sachons nous en souvenir en ce temps de
Noël. Dieu veut toujours s’incarner en l’homme… Il nous demande de collaborer à
sa paternité divine ! “Comment cela
peut-il se faire ?“ - Mais “rien
n’est impossible à Dieu“ (Cf. Luc 1.37), avait dit l’ange à Marie, reprenant ce qui
avait été dit à Sara : “Y-a-t-il une
chose trop prodigieuse pour Dieu ?“ (Gn 18.14).
Il faut donc
que l’homme, que tout homme, toute femme accepte à fond l’épreuve de la
paternité ou de la maternité, qu’il la traverse malgré bien des difficultés
inévitables, malgré, parfois, les apparences visibles ?
Car la paternité
(maternité) humaine et surtout spirituelle fait communier normalement à l’Amour
Créateur de Dieu.
Comment cela se
fait-il ? C’est que, de toutes façons et en n’importe quelle situation, la
paternité fait passer, avec l’espérance que seul l’Amour peut recéler, fait
passer de l’autre côté des apparences visibles. C’est, d’une manière ou d’une
autre, avoir partie liée avec l’Amour divin manifesté aux origines des mondes.
C’est, en Dieu, se tenir dans le mystère le plus profond où l’on voit battre le
cœur de l’univers ; c’est vivre dans le feu de l’Amour créateur qui actuellement
et sans cesse réchauffe le monde.
Bref, c’est
être père avec le Père. Et cela suffit.
C’est témoigner,
en l’entretenant en nous-mêmes, de l’Amour de Dieu-Père qui est à l’origine de
tout. Ste Thérèse de Lisieux avait bien compris cela ! Etre père et mère
spirituellement - et aussi pour ceux qui enfantent charnellement -, c’est ne
jamais douter de l’Amour de Dieu-Père. C’est
crier par toute sa vie - reçue de Dieu et à rendre à Dieu - qu’il n’y a
rien de plus fort que cet Amour…
C’est proclamer
que toutes les vilenies, les divisions et les crimes ne sont que le refus
misérable de l’homme… C’est alors comme le reflux momentané de l’immense vague
de l’Amour créateur obligée de se retirer pour que l’homme se sente vivre,
comme la mer se retire pour laisser apparaître les continents. Mais c’est
toujours la mer qui “porte“ les continents… !
Une manière de
dire que Dieu, lui aussi, le premier, fait l’épreuve, en créant, de la
paternité…, laissant aux hommes la libre possibilité de collaborer à toutes ses
œuvres… (Si seulement les
écologistes de tous poils pouvaient comprendre cela !!)
L’histoire du
monde n’est finalement que cette longue pédagogie
paternelle en laquelle la tendresse divine est donnée à l’homme pour qu’à son
tour, il puisse, en toute liberté, devenir véritablement père de sorte que la
“ressemblance“ soit parfaite, Dieu l’ayant créé, le créant toujours “à son image et ressemblance“.
Je crois que nous manquons
d'hommes et de femmes qui soient
vraiment paternels, maternelles. C'est, peut-être, la grande crise de notre
époque. Tout le monde veut être frères, sœurs ! Oui, bien sûr ! Mais souvent
cela n’affecte que l’affectif et n’empêche nullement, d’ailleurs, le désir, chez
chacun, d’être, d’une manière ou d’une autre, “prior inter pares“, le premier
d’entre ses semblables ! Evidemment ! Mais c’est alors oublier la
véritable paternité… !
Oui, nous manquons de pères.
- La crise du sacerdoce est une crise de
paternité spirituelle.
- La crise de la famille, c'est une crise
de la paternité dans la famille.
- Même la crise politique, d'une certaine
manière, c'est aussi une crise de la paternité.
Le jour où il y aura assez d'hommes
paternels, assez de femmes maternelles, alors, le monde sera meilleur.
Je crois qu'aujourd'hui on met trop
l'accent sur la fraternité. Dans la fraternité, on veut un amour d'échange, et
on supprime par le fait même l'amour de surabondance, celui qui donne plus
qu'il ne reçoit. Et ce n'est pas étonnant alors que dans une société qui veut trop
uniquement la fraternité, il y ait un esprit de revendication, car, alors, on
surveille toujours si son frère a quelque chose de plus que soi. Tandis que
quand on est père, on se réjouit toujours quand ses enfants ont quelque chose
de plus que soi. Et quand ils n'ont pas plus que soi, on le leur donne !
L'amour n'est pas compatible avec l'esprit
d'égalité. Car si l'amour c'est l'échange, le plus grand amour c'est celui de
Jésus en croix, lui qui avait dit : “Pierre,
celui qui me voit, voit le Père“, lui qui disait encore à ses Apôtres,
avant de mourir : “Mes petits
enfants !“.
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