mercredi 12 décembre 2012

Qui donc est Dieu ?


 Avent 2 Mercredi  12-13  -    (Is 40.25-31 – Mth 11.28-30)

“A qui donc pourriez-vous me comparer… ?, dit le Dieu Saint“, d’après le prophète Isaïe. Autrement dit : “Qui donc est Dieu ?“.

Dieu nous répond : “Levez les yeux et regardez : qui a créé tout cela ?“. Et il est bien vrai qu’en contemplant la création, on peut approcher du Créateur. St Paul l’affirmera nettement : “Ce qu'on peut connaître de Dieu est manifeste“, car : “ce qu'il a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité…“ (Rm 1.20).

Toute la création est la signature du Créateur !
On perçoit cependant, au cours de l’existence, combien le savoir de la science, si important soit-il, ne suffit pas. D’une part, malgré les progrès des sciences, l’homme ne semble pas aujourd’hui être devenu plus libre, plus humain ! Malheureusement ! Et d’autre part, les sciences n’arrivent pas à répondre  à la question divine : “A qui donc pourriez-vous me comparer… ?“.

C’est qu’il y aura toujours cette grande  différence entre la science et la foi… La science privilégie le comment, la foi est sensible au pourquoi.
Il y a l'intelligence de la raison qui cherche à comprendre le fonctionnement des choses de ce monde. Et il y a l'intelligence spirituelle (la foi) qui cherche à comprendre le sens de ce monde, visible et invisible.
Certes, nous pouvons affirmer : “Le Seigneur est le Dieu éternel ; c’est lui qui crée la terre entière“. Mais nous ressentons également et fortement : “Son intelligence est insondable !“.

Et nous allons balbutiant avec Grégoire de Nazianze :
« O Toi, I'Au-delà de tout, n'est-ce pas là tout ce qu'on peut chanter de Toi ? 
Quelle hymne Te dira, quel langage ? Aucun mot ne T'exprime.
A quoi l'esprit s'attachera-t-il ? Tu dépasses toute intelligence.
Seul, Tu es indicible, car tout ce qui se dit est sorti de Toi.
Seul, Tu es inconnaissable, car tout ce qui se pense est sorti de Toi…
Tu as tous les noms, mais comment Te nommerais-je, Toi le seul qu'on ne peut nommer ? … Prends pitié, ô Toi l'Au-delà de tout, n'est-ce pas tout ce qu'on peut chanter de Toi ? »

Ce texte est un bon représentant de ce que l’on appelle : la théologie “apophatique“, une théologie qui se tient en deçà du langage, qui n'avance des mots que pour dépasser les mots, et se termine en silence contemplatif.

Grégoire de Nysse avait bien compris cela, lui aussi ; il écrivait : “Les concepts créent toujours des idoles, seul le “saisissement“ pressent quelque chose“. Oui, "saisis", on pressent que Dieu est l’intériorité de l’être, la transcendance de l’être. Il est le chant du chant, le rêve du rêve… Que dire, là encore ? Le grand St Augustin ne disait pas autre chose et St Thomas d’Aquin également, lui qui, au moment de sa mort, voulait que l’on brûle tout ce qu’il avait écrit : “C’est de la paille !“, disait-il.

La foi, cette connaissance spirituelle, est une approche de Dieu emplie de distance, de silence, et qui intègre non pas le doute, mais du moins le non-savoir. (“Mille questions ne font pas obligatoirement un doute !“, disait le Cal Newman).

Au livre de la Genèse, au récit d’Abraham, il est dit à cet homme qui croit devoir mettre à mort son enfant pour rendre gloire à Dieu : “Ne lève pas ta main sur l’enfant, je sais maintenant que tu crains Dieu“. - “Craindre Dieu“, quand le texte hébreu dit : “Je sais maintenant que tu frémis d’Elohim“ (Trad. : Chouraqui). Frémir de Dieu, oui comme on frémit de la beauté, de l’amour, etc.

La foi, cette connaissance spirituelle, est avant tout le “frémissement“ d’une relation : “Dieu était là ; et je ne le savais pas. Mais maintenant, je le sais“, affirmait Jacob en un lieu qu’il nomma “Bethel“ - “Maison de Dieu“. Le “frémissement“ d’une relation qui prouve que Dieu s’intéresse toujours à l’homme avec le respect de sa liberté (c’est souvent le problème : “Si tu veux…“).

Oui, il faut le reconnaître, ce “frémissement d’Elohim“ est mis à mal parfois, surtout quand les nuages semblent s’amonceler et que mille questions surgissent…, Il nous faut alors écouter le Seigneur Jésus qui doucement nous demande au fond du cœur : “Vas-tu me quitter, toi aussi ?“, tout en prononçant son Nom qui est si secrètement adressé à chacun qu’il est indicible pour d’autres, ce Nom divin que les Juifs ne veulent pas prononcer par respect et que l’on traduit bien pauvrement par : “Je suis !“ - Je suis toujours là, toujours près de toi - !

Ce Nom divin, dit-on, n’est que la racine du verbe “être“. Il peut donc se traduire par : “Je suis !“ ou par “J’ai été !“ ou encore par “Je serai !“. (Les temps des verbes ne sont pas toujours très précis en hébreu). Alors Dieu nous murmure : puisque j’ai été avec toi à tel ou tel moment - ne t’en souviens-tu pas ? -, je suis et serai toujours avec toi ! C’est alors que monte en nous cette réponse de St Pierre : “Seigneur, à qui irais-je ? A qui irions-nous ? Tu es le chemin, la vérité, la vie ! Nous croyons et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu !“.

St Thomas d’Aquin affirme avec force - dans son traité sur les “Noms divins“ -, qu’on ne peut pas cerner l’Incernable, qu’on ne peut pas pleinement analyser l’Infini… Dieu est tellement le “Tout-autre“ ! Cependant, ce “Tout-autre“ s’est fait proche et se fait proche de nous… !  Et alors, je lui fais confiance ! C’est ce que nous exprimerons dans quelques jours, à Noël !

Aussi, nous pouvons affirmer avec Isaïe : “Dieu rend des forces à l’homme épuisé, il développe la vigueur de celui qui est faible… Ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils prennent leur essor comme des aigles, ils courent sans se lasser, ils avancent sans se fatiguer“.

Aussi, Notre Seigneur nous dit ce matin : “Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau ; et moi, je vous procurerai le repos…. Devenez mes disciples…, car mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger !“.

“Qui est vainqueur du monde, demande St Jean, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?      
La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi !“ (I Jn 5.4,5). Et nous le savons, avec cet apôtre : le jour où la foi prendra fin, “nous serons semblables à Dieu, parce que nous le verrons tel qu’il est !“ (id 3.2).

Pour retrouver les principaux textes, voir Blog : http://mgsol.blogspot.com/

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