vendredi 14 décembre 2012

Faire attention ! Ecouter !


 Avent 2 Jeudi  12-13  -    (Is 48.17-19 – Mth 11.16-19)

- “Je suis le Seigneur ton Dieu qui te donne un enseignement salutaire… Si tu avais été attentif !... “. Mais tu ne l’as pas été… ! Tu n’as pas écouté !
- Les prophètes ont parlé… Et le plus grand d’entre eux - Jean-Baptiste - a parlé, a désigné le Messie… ! Mais on l’a tué pour avoir prononcé des paroles de vérité !
- Le Christ est venu, lui le “Verbe de Dieu“, la “parole de Dieu“. Mais “il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu !“ (Jn 1.12).

Quelques réflexions seulement, aujourd’hui, sans rédaction véritable, faute de temps - veuillez m’en excuser - ! (la préparation de Noël en est la cause !!!)

“Faites donc attention à la manière dont vous écoutez“, recommandait St Luc (8.18). Savoir écouter ! Ecouter, c’est toute une attention et du corps et de l’esprit et de l’âme ! Frossard disait à propos de Jean-Paul II : “Il écoute si bien que l’on a l’impression de dire des choses intéressantes !“.

Faire toujours attention en toutes choses à accomplir est la meilleure disposition pour la prière.
Car la prière est d’abord faite d’attention. C’est l’orientation vers Dieu de toute l’attention dont l’âme est capable. La qualité de l’attention est pour beaucoup dans la qualité de la prière. La chaleur du cœur et encore moins la mobilisation de l’affectif ne peuvent y suppléer. Seule la partie haute de l’attention entre en contact avec Dieu quand la prière est assez intense et pure pour qu’un tel contact s’établisse. C’est alors que toute l’attention est tournée vers Dieu. Je crois que c’est l’élément premier de la prière.

Aussi s’habituer à porter attention à toutes choses est une grande préparation à la prière. Simone Weil (la philosophe !) remarquait :
quand bien même les efforts d’attention resteraient en apparence stériles pendant des années …
(et nous pouvons penser à Ste Thérèse d’Avila qui resta, si j’ai bon souvenir, pendant dix-huit ans en grande “sècheresse“ durant les temps de prière, elle pourtant l’amie de St Jean de la croix que nous fêtons aujourd’hui !)
… un jour une lumière exactement proportionnelle à ces efforts inondera l’âme.
Et elle ajoutait avec humour : “Les efforts inutiles accomplis par le Curé d’Ars, pendant de longues années douloureuses, pour apprendre le latin, ont porté tous leurs fruits dans le discernement merveilleux par lequel il apercevait l’âme même des pénitents derrière leurs paroles et même derrière leur silence“.

“Faites donc attention !“, disait St Luc. Faire toujours attention en toutes choses pour mieux savoir écouter au moment voulu !

D’ailleurs, dans la Tradition biblique, on ne voit pas, on écoute ! L’acte de foi, c’est le “Chema Israël !“ – “Ecoute Israël !“. Et il faut préciser que Dieu a parlé à Moïse. Et celui-ci ensuite au peuple d’Israël ! Il ne s’est donc pas révélé visuellement à lui. Non ! Il a parlé seulement. - “Ecoute Israël !“. Bien plus, selon la tradition juive, tous les hommes auxquels Dieu s’adresse (et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense) n’ont entendu un message - ou vu des scènes prophétiques, (comme Ezéchiel !!!) - qu’en rêve. Seul Moïse était éveillé : “Je lui parle face à face dans l'évidence,, dit Dieu, non en énigmes ; et il voit la forme de Dieu“. C’est une incitation à écouter surtout l’Envoyé de Dieu, “plus grand que Moïse“, le Christ, car “nul n'a vu le Père, si ce n'est celui qui vient de Dieu. Lui, il a vu le Père“ (Jn 6.46).

Faire toujours attention, même durant la nuit aux moments des insomnies (et parfois elles son nombreuses avec l’âge qui avance, n’est-ce pas). Il faut être attentif, car Dieu peut parler dans le silence de la nuit !
J’aime bien ce passage du livre de Job (4.12sv), à propos d’Eliphaz : À l'heure où les visions nocturnes agitent les pensées, quand une torpeur tombe sur les humains, un frisson d'épouvante me saisit…, un souffle glissa sur ma face.. Quelqu'un se dressa... je ne reconnus pas son visage, mais… un silence... puis une voix se fit entendre !“.

Oui, dans le silence de la nuit, les messagers divins se promènent. Tout comme il n’y a pas de vide dans l’espace, il n’y a pas davantage de vide dans le silence. Simplement, il faut à l’homme une grande oreille (être attentif !) pour capter le flot d’ondes et d’informations que Dieu peut nous envoyer. Dieu ne nous parle pas moins qu’au temps de la Bible, mais notre faculté d’écoute est peut-être moindre ! Ce texte du livre de Job me fait penser également au prophète Elie qui, à l’Horeb, entendit Dieu “dans une poussière de silence“, ou “dans l’éclatement d’un silence“. Il faut pour cela avoir une oreille très fine !

Mais, il faut encore le savoir : les hommes (nous-mêmes parfois) ont inconsciemment peur d’entendre la voix divine. Moïse lui-même se détourne la première fois que Dieu, au buisson ardent, lui adresse la parole. Et Eliphaz dont j’ai parlé, qui a vécu, en rêve, une expérience sans doute unique d’écoute de Dieu, est véritablement terrorisé “dans le flot de pensées des visons nocturnes“, dit-il.

Il n’empêche : en ces jours qui nous préparent à fêter le “Verbe de Dieu“ qui “a pris chair“, exerçons notre attention pour mieux l’écouter et, par lui, formuler une véritable prière : “Abba – Père !“.

Et je terminerai par cette réflexion entendue un jour :
“Quand les choses ont pris le temps d’exister,
quand les premiers cheveux gris se laissent dépister (même chez des religieuses),
quand l’école est un souvenir lointain, perdu dans la conscience,
alors, on a suffisamment d’expérience pour savoir que l’écoute
est plus nécessaire que le conseil
et plus difficile que la parole“.

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