mardi 18 décembre 2012

Le silence de Joseph !


18 Décembre 12-13  - 

- Marie attend son enfant ! Joseph est étonné ! Mais il reste silencieux, tout en méditant l’évènement ! A l’exemple sans doute - sans trop s’en rendre compte - de Marie qui souvent “méditait en son cœur“, nous dit St Luc.
- L’Ange apparaît demandant à Joseph de ne pas craindre de prendre Marie chez lui ! Joseph ne demande aucune explication. Même pas une question comme Marie : “Comment cela se fera-t-il ?“. Il écoute, lui, en silence !
- Quand la vision s’évanouit, “Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit“…, en silence !

Le silence de Joseph !

Il est très difficile de parler de St Joseph, lui qui ne parlait pas : nous n’avons aucune parole de lui !

 On peut se demander si Jésus n’avait pas voulu avoir sur terre comme une “image“, en quelque sorte, de son Père du ciel, de Celui qui n’a pas besoin de “paraître“, de Celui qui “EST“ ?  Et cela suffit : “JE SUIS“ !

Ainsi, Joseph, ce grand silencieux, nous invite à ajuster sans cesse nos diverses attitudes à ce que nous sommes en réalité - être ce que l’on est ! - afin que les grâces reçues (des grâces reçues pour être ce que l’on doit être) soient de plus en plus manifestes et non cachées sous des apparences trompeuses, trop humaines… et souvent non sans fatuité. Pour cela, il nous faut le silence qui n’est réel qu’une fois le “Moi apparent“ exorcisé… ! Peut-être que pour “recevoir“ Dieu, il ne faut être que pur accueil silencieux!

Il n’y a qu’un idéal chrétien : devenir de plus en plus - et souvent silencieusement - ce que nous devons être, ce que nous sommes : “Mes bien-aimés, disait St Jean, dès à présent, nous sommes enfants de Dieu…“. Et lorsque le Christ apparaîtra “nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est. (I Jn 3.2). C’est notre vocation de baptisés : être de plus en plus, en tant qu’enfants de Dieu, “à son image et à sa ressemblance“, de sorte que cette réalité soit manifeste même sans paroles et surtout sans artifices, ces artifices qui ne sont que paroles pour ne rien dire : un affront à la fois au silence et à la parole !

Et puis, je pense que St Joseph avait bien perçu que les grandes actions de Dieu se réalisent plutôt dans le silence que dans le bruit : l’avènement de l’Emmanuel - Dieu parmi les hommes - ne devait-il pas s’accomplir alors qu’“un silence paisible enveloppait tous les êtres et que la nuit était au milieu de sa course…“. L’Eglise a toujours attribué ce verset du livre de la Sagesse (18.14) à l’accomplissement du mystère de l’Incarnation.

Certes, le silence en soi n’est pas un but ! Certains n’aiment pas “se montrer“, “s’avancer“, “paraître“. Il ne s’agit pas là, obligatoirement, d’une grande vertu. Ce peut être tout simplement l’effet d’un tempérament.

Mais il reste que si le silence n’est pas en soi un but, il peut être un excellent moyen d’acquérir, de façon plus habituelle, une relation avec Dieu et l’entretenir.  Le silence établi autour de soi et surtout en soi, ce silence qui évacue tous ces bruits évanescents et sans consistance, est une condition pour acquérir un “cœur qui écoute“, comme dit St Luc, un cœur capable d’accueillir la Parole, le “Verbe de Dieu“, à l’exemple de St Joseph. C’est alors que la prière - ce dialogue cœur à cœur  avec Dieu -, peut s’établir.

Sachons-le encore : on ne traite jamais mieux avec Dieu que dans le silence ! Car il faut savoir que si Dieu aime à parler au pauvre cœur de l’homme, il n’est pas dans ses habitudes de bavarder avec lui ! Dieu “qui Est“ n’a pas besoin de paraître psychologiquement parlant.
Et c’est bien connu : ceux qui n’ont pas de consistance dans l’être font beaucoup de bruit ; et ceux qui font beaucoup de bruit n’ont souvent que peu de consistance dans l’être. En tous les cas, Dieu est “Celui qui Est“ (1). Et il y a comme une proportion inverse entre l’être et le paraître. Dieu “qui Est“ n’a nul besoin de paraître. Il ne l’a fait en Jésus-Christ que par condescendance amoureuse envers l’homme. Et si nous vivons trop au plan du paraître, on risque alors de faire comme si Dieu n’existait pas, trop distraits que nous sommes alors par les apparences. Pour être en communion avec Dieu, il faut avoir un minimum de ressemblance avec Lui, Lui qui est l“Etre“ ! Il faut passer du paraître à l’Etre. La vie monastique, en général, nous y aide quelque peu : le silence tant demandé par St Benoît (silence extérieur et silence intérieur) devient une manière de vivre avec Dieu, avec Dieu seul, de ne voir que Lui en toutes choses ou évènements. Comme Joseph, le Silencieux ! Et cela suffit !

C’est vrai : si le silence n’est pas un but en soi, Il est…  - on peut le dire en ce temps qui nous prépare à Noël - …il est comme un berceau, une crèche pour accueillir la “Parole de Dieu“, qui s’est faite “Parole d’homme“, “Verbe de Dieu“ fait chair.
Le silence n’est alors que écoute de la Parole
méditée dans le “livre de Dieu“, la Bible,
chantée tout au long des offices,
adorée et reçue dans l’Eucharistie !

Et puis une âme de silence - c’est évident - entretient en elle-même, plus facilement, un esprit de charité fraternelle. C’est quand elle surgit d’un silence profond que la parole est plus ajustée pour entretenir des relations humaines en la relation avec CELUI QUI EST et qui ne se révèle que par une seule Parole, son Fils Unique : “Ecoutez-le !“. C’est la seule parole que Dieu-Père nous dit ! Les paroles qui n’ont pas leur source en cette “Parole de Dieu“, “Verbe fait chair“ pour être “Lumière du monde“, ne font qu’augmenter les ténèbres !

St Joseph, priez pour nous ! Que votre silence admiratif devant l’“Emmanuel“ nous aide à “être“ et devant Dieu et devant les hommes, plutôt que de “paraître“ !

(1) L’interprétation grecque n’est pas tellement différente de l’interprétation hébraïque : “O ôn“ = “Celui qui Est…“

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