mardi 20 septembre 2011

St Siméon BERNEUX

20 Septembre

On ne peut pas ne pas faire mémoire particulière, ici près de Chateau-du-Loir, de St Siméon Berneux. Lors de sa canonisation, le pape Jean-Paul II disait : “L'évangélisation missionnaire constitue le premier service que l'Église peut rendre à l'humanité entière. Le nombre de ceux qui ignorent le Christ augmente continuellement... À l'égard de ce nombre immense d'hommes que le Père aime et pour qui Il a envoyé son Fils, l'urgence de la mission est évidente“ (Jean-Paul II, 18 mai 1997).

Né à Château-du-Loir, le 14 mai 1814, prêtre diocésain en 1837, puis entré aux Missions Étrangères de Paris en 1839, le Père Siméon Berneux part en 1840 pour l'Extrême-Orient. À Manille, il rencontre Mgr Retord, vicaire apostolique du Tonkin (Vietnam). Les deux missionnaires sympathisent et tous deux brûlent de la même flamme pour le salut des âmes !

Le 17 janvier 1841, Mgr Retord, le P. Berneux et quelques missionnaires arrivent au Tonkin. Après quelques péripéties, ils se dispersent. Le P. Berneux se fixe près d'un petit couvent de religieuses "Amantes de la Croix" ; et là, il étudie la langue annamite. “Quoique je ne puisse pas faire plus de six pas, que je ne reçoive la lumière du soleil que par une petite ouverture à quinze centimètres du sol, et que, pour écrire, il me faille m'étendre sur ma natte de toute ma longueur, je suis le plus heureux des hommes“, écrit-il. Cependant la menace pèse sur le jeune missionnaire !

Dans la nuit du Samedi Saint 1841, cinq cents soldats viennent cerner sa cachette. Dans la soirée, il entend quelques confessions, “prémices de mon apostolat sur la terre annamite ; ç'en fut aussi la fin, dira-t-il. Les desseins de Dieu sont impénétrables, mais toujours dignes d'être adorés“.

À l'aurore de Pâques, il célèbre la Messe. À peine a-t-il fini que les soldats s'emparent de lui. “Je sentis une grande joie, écrira-t-il, quand je me vis traîné, comme le fut notre Sauveur, du jardin des Oliviers à Jérusalem“.

Enfermé dans une cage, il est tout joyeux d'exprimer sa foi en Jésus-Christ . On s’en étonne ! Il répond : “Nous, chrétiens, nous possédons un secret que vous ne connaissez pas. Ce secret change la peine en joie“. Ce "secret" évoqué par le missionnaire, c'est la lumière de la foi, source d'espérance et de joie.

Avec les interrogatoires, le Mandarin du lieu espère obtenir des dénonciations. Le P. Berneux ne trahit aucun de ceux qui l'ont caché. On introduit trois jeunes Annamites chrétiens emprisonnés et tout meurtris par les coups : “Voici des hommes qui vont mourir. Conseillez-leur d'abandonner votre religion et ils seront tous trois sains et saufs. - Mandarin, répond le P. Berneux, on n'engage pas un père à immoler ses enfants ; et vous voudriez qu'un prêtre de Jésus conseille l'apostasie à ses chrétiens ?“. Et, se tournant vers ses chers néophytes : “Amis, un seul conseil : pensez que vos souffrances touchent à leur fin, tandis que le bonheur qui vous attend au Ciel est éternel. Soyez-en dignes. - Quelle est donc cette autre vie dont vous leur parlez ?, demande en ricanant le Mandarin. Tous les chrétiens ont-ils donc une âme? - Sans nul doute, et les païens en ont une aussi. Vous en avez une, Mandarin !“.

“Tous les hommes,
dira le Concile Vatican II, doués d'une âme raisonnable et créés à l'image de Dieu, ont même nature et même origine ; tous, rachetés par le Christ, jouissent d'une même vocation et d'une même destinée divine... “ ( Gaudium et spes, 29, 14). Cette âme est appelée à contempler éternellement “dans la pleine lumière, tel qu'Il est, le Dieu un en trois Personnes“ (Lumen gentium, 49), pourvu qu'elle l'ait mérité ici-bas. St Benoît ne dit-il pas que pour habiter le Royaume du Ciel, “il faut y courir par les bonnes œuvres sans lesquelles on n'y parvient pas. Il faut donc préparer nos cœurs et nos corps à combattre sous la sainte obéissance aux commandements de Dieu si nous voulons fuir les peines de l'enfer et parvenir à la vie éternelle, tandis qu'il en est temps encore“ (Règle, Prologue).

Le 9 mai 1841, le P. Berneux est transféré à la prison de Hué, capitale de l'Annam. Les interrogatoires reprennent… Le 8 octobre, les P. Berneux et Galy apprennent avec joie leur condamnation à mort. Le 3 décembre 1842, la signature royale sanctionne la sentence. Soudain, - coup de théâtre - : le 7 mars 1843, un commandant de corvette français, ayant appris que cinq de ses compatriotes croupissent dans les cachots de Hué, réclame leur libération. Le 12 mars, on brise leurs chaînes et on les remet au commandant. Cette mise en liberté les prive du martyre auquel ils touchaient,…

Mais le Père Berneux ne va pas s'arrêter en chemin. Il se prépare à partir vers d'autres horizons. En octobre 1843, il est envoyé en Mandchourie, province du Nord de la Chine. Il y travaille pendant dix ans, malgré de sévères épreuves de santé. Le 5 août 1854, Pie IX le nomme évêque de Corée. “La Corée, écrit le nouvel évêque, cette terre des martyrs, comment refuser d'y entrer !“. Accompagné de deux missionnaires, il s'embarque le 4 janvier 1856 et arrive, de nuit, à quelques kilomètres de la capitale, dans une résidence secrète, satisfait d'avoir trompé la surveillance des garde-côtes. En effet, l'entrée de la Corée est interdite aux étrangers, sous peine de mort.

L'évêque se met aussitôt à l’œuvre : il apprend d'abord la langue coréenne. Il entreprend ensuite la visite des chrétiens, tant à Séoul que dans la campagne et la montagne, puis il ouvre un séminaire, des écoles, une imprimerie, etc. Malgré des conditions d'apostolat très dures (clandestinité, pauvreté extrême, persécutions locales périodiques), le nombre des baptisés augmente.

Mais, en 1864, une révolution de palais et la menace d'une attaque russe sur la Corée (janvier 1866), interrompent le labeur apostolique des missionnaires et réveillent la haine anti-chrétienne. Le 23 février 1866, une troupe investit la maison de l'évêque. On l’emmène. Mgr Berneux comparaît devant le Ministre du Royaume et deux Grands-Juges.

Du 3 au 7 mars, Mgr Berneux subit chaque jour un interrogatoire dans la cour de la Prison. Au centre de cette cour, il est attaché à une haute chaise de bois et subit diverses tortures… Il reste silencieux, poussant parfois quelques soupirs… L'exécution a lieu le 8 mars. En sortant de la prison, l'évêque s'écrie : “Ainsi, nous mourons en Corée : c'est bien!“. À la vue de la foule assemblée, il soupire : “Mon Dieu, que ces pauvres gens sont à plaindre!“. Le lieu choisi pour le martyre est une large plage sableuse, le long du fleuve Han. Les supplices qu’on leur fait subir sont affreux ! Il est finalement décapité avec ses compagnons. Il a 52 ans !

Tous les chrétiens ne sont pas appelés à donner ce témoignage suprême du martyre, ni même à partir en mission. Mais, dira le pape Jean-Paul II, “on peut être des apôtres authentiques, et de la manière la plus fructueuse qui soit, même à l'intérieur des murs de sa maison, sur son lieu de travail, dans un lit d'hôpital, dans la clôture d'un couvent...: ce qui compte, c'est que le cœur brûle de cette charité divine qui - seule - peut transformer en lumière, en feu et en vie nouvelle pour le Corps Mystique tout entier, jusqu'aux extrémités de la terre, non seulement les souffrances physiques et morales, mais aussi les peines mêmes de la routine quotidienne“ (Jean-Paul II, 18 mai 1997).

S'adressant à Notre-Dame des Victoires, Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, patronne des missions, priait : “Puissions-nous, à la suite du Christ, brûler du désir de sauver des âmes, à travers notre devoir d'état quotidien ! C'est la grâce que nous demandons pour vous à la Reine des apôtres“.

Aucun commentaire: