samedi 17 septembre 2011

Le dépôt de la foi !

T.O. 24 - Samedi - (1 Tm 6, 13-16 - Lc 8, 4-15)

En ce dernier jour de la 24ème semaine du temps ordinaire, la liturgie nous fait terminer la lecture de la première des “lettres pastorales“, la premièrelettre à Timothée.

En cette lettre, nous ne retrouvons plus le souffle dogmatique puissant des épîtres dites “de la captivité“, inspiré par une mystique de grand style (ce que nous avons rencontré dans l’épître aux Colossiens, les semaines précédentes). Paul s’exprime dans un autre style, celui d’une “bonne morale“, préoccupée de maintenir un “juste équilibre“ dans les divers groupes d’une même Communauté et entre les groupes eux-mêmes. La place accordée au dogme n’a plus sa place prépondérante. Et surtout, la préoccupation suprême de Paul, en ses vieux jours, semble être la conservation du dépôt, de l’essentiel de sa prédication.

Ce mot de “dépôt“, dépôt de la foi, à maintenir pur de toute contamination, est une des idées dominantes des lettres pastorales. Elle est exprimée dans le dernière phrase de cette lettre, quelques versets après notre lecture d’aujourd’hui : “O Timothée, garde le dépôt. Évite les discours creux et impies, les objections d'une pseudoscience. Pour l'avoir professée, certains se sont écartés de la foi“. (1 Tm 6,20).

Timothée, son disciple de prédilection, est jeune ; et Paul l’exhorte sans doute à vaincre une certaine timidité de tempérament qui le rend influençable aux doctrines ambiguës qui, à son époque, pullulent dans la région d’Ephèse, et dont le judaïsme est alors assez contaminé. Paul l’exhorte à maintenir le cap et il lui fait sentir que le meilleur moyen pour cela, c’est celui qu’il a utilisé : garder ses racines solidement plantées dans le judaïsme biblique authentique. “Que personne ne méprise ton jeune âge, lui avait-il dit ; Sois pour les fidèles un modèle… Consacre-toi à la lecture de l’Ecriture“ (I Tm 4.12). Et il lui écrira dans sa seconde lettre : “Demeure ferme dans ce que tu as appris et accepté comme certain“. Paul fait allusion, là, à la grand’mère et à la mère de Timothée, Loïs et Eunice, qui étaient juives et qui l’avaient initié à la connaissance des Ecritures. “Depuis ta tendre enfance, tu connais les Saintes Ecritures. Elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus“. (2 Tm 3.14-15). -
Quand Paul parle des Ecritures, il ne parle pas, bien sûr, du Nouveau Testament qui n’existe pas encore, qui n’est pas encore rédigé tel que nous lr connaissons. Il ne parle pas non plus d’un judaïsme fortement marqué par la gnose et les mysticismes païens de l’époque. Il parle de la Bible judaïque. Il l’invite à procéder dans ses prédications et dans son enseignement, comme lui-même, Paul, n’a cessé de le faire : “secundum scipturas“, “selon les Ecritures“. C’est ainsi que l’on garde le dépôt de la foi !

Paul est bien ce Juif, "pharisien fils de pharisien", qui ne cesse de proclamer que Jésus a accompli toutes les Ecritures.

Et puis - autre remarque importante -, dans la lecture de cette lettre, on peut remarquer, comme des rebondissements dans l’action de grâce, des doxologies dont certaines sont passées dans la liturgie. L’action de grâce, la louange, c’est l’identité du peuple élu, à la différence du monde entier qui vit dans l’idolâtrie ou dans un horizontalisme indifférent au Dieu Vivant, qui n’a même pas l’idée de rendre grâce à Dieu, Créateur du ciel et de la terre. Paul mène à son intensité maximum cette action de grâce, cette “eucharistie“, en constatant que le Dieu Vivant a accompli son dessein de grâce à travers l’histoire, dans le Christ, à la plénitude des temps. C’est ainsi que se termine notre lecture d’aujourd’hui : “Garde le commandement en demeurant sans tâche et sans reproche, jusqu’à la manifestation - la parousie - de notre Seigneur Jésus Christ, que fera paraître aux temps fixés, le bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul n’a vu ni ne peut voir. A lui, gloire et puissance éternelle. Amen“.

Il faut le dire et le redire : on aurait certainement provoqué la fureur de St Paul en disant que le christianisme naissant était une religion autre que celle de ses ancêtres qui avaient eu la révélation de Dieu par les Ecritures. Le témoignage à la Vérité que Jésus rend devant Pilate, que Paul continue à rendre constamment dans sa prédication et qu’il invite Timothée à rendre en vainquant sa jeunesse et sa timidité, est la religion de ses ancêtres, comme il le proclamera solennellement à plusieurs reprises dans les derniers de ses discours, à Césarée, que nous rapportent les Actes des Apôtres (Cf. Ac. 24.14 sv ; 26.6-8, 22-23).

Ainsi, il dira devant le gouverneur Félix : “C'est suivant la Voie, qualifiée par eux(ses accusateurs) de parti, que je sers le Dieu de mes pères, gardant ma foi à tout ce qu'il y a dans la Loi et à ce qui est écrit dans les Prophètes, ayant en Dieu l'espérance qu'il y aura une résurrection des justes et des pécheurs….“
Et devant le roi Agrippa et la reine Bérénice : “Si je suis mis en jugement, c'est à cause de mon espérance en la promesse faite par Dieu à nos pères et que nos douze tribus espèrent voir aboutir. C'est pour cette espérance, ô roi, que je suis mis en accusation par les Juifs. Pourquoi juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts …“. Et il affirme avoir toujours rendu témoignage “de ce que les Prophètes et Moïse avaient déclaré devoir arriver : que le Christ souffrirait et que, ressuscité le premier d'entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations païennes“.

Avec action de grâce, suivons la recommandation de Paul de se consacrer à la lecture des Ecritures : “Elles ont le pouvoir de communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus“. En Jésus ressuscité, toujours vivant ! C’est l’enseignement également de l’évangile de ce jour en la parabole du Semeur, le Semeur de la PAROLE de Dieu : le VERBE de Dieu - la Parole subsistante, silencieuse, ineffable qui est en Dieu - s’est fait chair, est venu habiter au milieu de nous pour s’exprimer au dehors et se dire à nous avec les mots d’une langue humaine. Le Verbe, la Parole Unique qui est en Dieu est venu s’exprimer en des paroles multiples, fugitives, charnelles pour mieux nous communiquer la VIE même de Dieu. Aussi, sans cesse, il nous est dit : “Ecoutez-le !“






(soir à l’occasion de la bénédiction de l’icône de la Sainte Trinité) :

Oui, le Fils de Dieu, s’est fait homme pour nous conduire vers le Père, par son Esprit qu’il nous donne.
En contemplant cet icône, en priant devant elle, rappelons-nous que nous sommes appelés à venir nous insérer dans les relations d’amour que s’échangent éternellement les trois Personnes de la Sainte Trinité.

Le théologien-peintre (Roublev) a choisi de nous dire Dieu en entraînant notre regard dans la vision d’Abraham qui reçoit trois anges représentant Dieu lui-même (Gn 18). Chacun d'entre eux, dans le mouvement d'une présence à l’autre, traduit cependant la plénitude d’une vie personnelle. Chaque personne est semblable à l'autre, tout en conservant sa différence. Mais quelle plénitude de communion ! Quelle unité dans le mouvement de cette circonférence qui relie entre eux les trois Anges !

Nous sentons que quelque chose nous est donné pour rejoindre la réalité pressentie : la Vie unique de Dieu en trois Personnes !

Ainsi, la vie trinitaire n'est pas seulement pour nous une belle icône à contempler. Elle est communication d’un échange d’Amour entre ceux que l’on nomme Père, Fils et Esprit-Saint ! Et Jésus lui-même se réjouissait à la pensée de voir son Père en communiquer le secret par son Esprit à ceux qui sont assez petits et humbles pour l'accueillir, comme on accueille l'amour, comme on accueille la Vie.

Vivons déjà, en famille, en église… de ces relations d’amour - de charité - qui unissent si fortement les Trois Personnes divines au point qu’elles ne forment qu’un Unique et même Dieu ! Et rappelons-nous sans cesse que nous sommes appelés à être insérés, un jour, pleinement, en ces divines relations trinitaires. Alors nos amours humaines, nos unions de la terre deviendront parfaites parce que divines, vécues en ces relations divines qu’entretiennent le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Puissions-nous, par toutes nos relations présentes d’ici-bas, en porter témoignage.

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