vendredi 9 septembre 2011

Le dessein de Dieu

T.O. 23 imp. Vendredi - (I Tim 1.1-14)

Nous passons aujourd’hui des lettres dites “de la captivité“, comme celle aux Colossiens, aux lettres dites “pastorales“ ! Ces “lettres pastorales“ s’adressent non plus à des collectivités, mais à des individus sur lesquels Paul semble s’être déchargé d’une charge devenue trop lourde pour sa vieillesse : Timothée et Tite. Elles sont les dernières de l’Apôtre. On les date des années 65 à 67, environ cinq ans après les épîtres de la captivité.

St Paul est maintenant à la fin de sa vie ; s’il est né vers l’an 8, il approche maintenant la soixantaine. A l’époque, à cet âge là, on était un “vieillard“. (1). - Paul est donc âgé ; il ressent une certaine fatigue, lassitude. Cependant, il fait encore des projets. Si le texte liturgique n’avait pas été abrégé, il est dit juste après les deux premiers versets, qu’il est parti pour la Macédoine laissant à Ephèse Timothée, pour continuer à lutter… (2). Paul est donc encore “vaillant“ ! D’ailleurs lorsqu’il a fait ses adieux aux anciens d’Ephèse qu’il a convoqué à Milet, il leur avait dit : “Je ne me suis pas dérobé quand il fallait vous annoncer toute la volonté de Dieu !“ ( Ac 20,27).

“La volonté de Dieu !“. Le “dessein de Dieu !“, ce que les Pères de l’Eglise appelleront “l’économie du salut“. C’est le salut que Dieu désire pour tous les hommes qui s’est accomplit dans le Christ, qui se déroule tout au long de l’histoire et qui se poursuivra jusqu’à la fin des temps dans le Corps mystique du Christ.

On peut dire que c’est l’une des grandes idées de St Paul. Aussi a-t-il commencé sa lettre en disant : “Moi Paul, Apôtre, sur l’ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus, notre espérance, je m’adresse à toi, Timothée, mon fils dans la foi…“. Le rapprochement “Sauveur-Espérance“, fréquent dans l’A.T., a ici une grande portée doctrinale face aux diverses dérives que l’apôtre a rencontrées à Ephèse et dont témoigne la lettre aux Colossiens que la liturgie nous a fait lire. Ce rapprochement de ces deux mots confirme que pour Paul son espérance est absolument certaine d’atteindre son objet qui est celui du dessein de Dieu. (3)

Et cette espérance en Dieu Sauveur ne peut prendre effet que dans la foi, a-t-il dit. Bien au-delà de toute loi !!! La loi, avait-il souligné est bonne dans la mesure où on la prend comme loi permettant d’éradiquer ce qui est contraire à la doctrine de l’Evangile. (v/8sv).

Peut-être écrivait-il cela sachant qu’il s’adressait à Timothée. En effet, Timothée était un des disciples de prédilection de Paul. Il était né à Lystres où Paul et Barnabé étaient passés lors du premier grand voyage missionnaire (Ac 14,6 et 21). Timothée avait un père païen, mais sa mère était juive. C’est au cours de sa deuxième mission qu’il le prit pour compagnon de route : “Il y avait à Lystres, disent les Actes des apôtres, un disciple nommé Timothée, fils d'une Juive devenue croyante, mais d'un père grec. Les frères de Lystres et d'Iconium lui rendaient un bon témoignage. Paul décida de l'emmener avec lui. Il le prit donc et le circoncit, à cause des Juifs qui se trouvaient dans ces parages ; car tout le monde savait que son père était grec“. (Ac 16,1)

Il le fait circoncire ! Pourtant Paul avait fait triompher ses idées au Concile de Jérusalem en faveur des non-Juifs. La circoncision n’est donc rien ! La foi, bien au-delà de toute loi ! Mais précisément, parce que les observances juives sont dépassées et que la foi seule justifie, Paul avait pratiqué à l’égard de Timothée et des Juifs qui l’entouraient un certain opportunisme. Il savait s’adapter aux situations et ne pas interrompre peut-être les cheminements de la grâce par des durcissements sur des pratiques qui ont perdu leur importance. Paul, face au “dessein de Dieu“ pour tout homme ne veut pas s’encombrer de considérations bien secondaires et devenues inutiles.

Nous sommes alors dans les années 50. La lettre est de 65 ; quinze ans de fidèle compagnonnage avec Timothée se sont écoulés. La suite de la lettre va justement nous apprendre comment ne pas nous noyer dans les doctrines parasitaires et les verbiages inutiles pour nous concentrer sur le dessein de Dieu : le salut de l’homme. Et la foi nous donne cette espérance !

Et aujourd’hui, n’est-ce pas à cette lumière du dessein de Dieu qu’il nous faut vivre les évènements actuels. Les nuages à notre horizon, dit-on parfois, sont de plus en plus épais. Ils s’obscurcissent. Le dessein de Dieu, lui, se poursuit dans le Christ qui est Tout. C’est cela l’important !
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(1) Son style, la forme et la structure de sa pensée, sont assez différents pour qu’on ait pu mettre en cause l’authenticité de son texte. Il n’est pas impossible que ses disciples les plus proches aient influencé la forme définitive sous laquelle elles nous ont été transmises.

(2) … comme nous l’avons vu faire, contre les doctrines étrangères, les fables, les généalogies interminables – celles terrestres ou celles célestes à propos des esprits, des anges… - … tout cela qui est plus propre à soulever de vains problèmes qu’à servir le “dessein de Dieu !“.

(3) St Jean Chrysostome commentera : “Nous avons Dieu pour sauveur ! Non pas un homme. Ce Sauveur n’est pas un débile ; c’est Dieu lui-même… Et notre espérance ne saurait être confondue puisque c’est le Christ lui-même ! Avec ce double appui, nous bravons les périls ou nous ne tardons pas à nous y soustraire ; nous sommes nourris d’espoirs bienfaisants !“.

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