vendredi 30 septembre 2011

St Jérôme

30 Septembre (OESSJ)

St Jérôme est né en Dalmatie vers 345, de parents chrétiens. Soucieux de son éducation, ils l’envoient assez vite à Rome faire ses études (philosophie, rhétorique) pour parvenir aux plus belles situations dans l’empire romain. Il fit ses études, “tout en s’amusant“, dira-t-il, en cette ville aux mœurs légères.

Qu’est-ce qui provoquèrent un changement de vie, une sorte de conversion ? On ne le sait pas exactement. Il fut, en tous les cas, fortement impressionné par les “Catacombes“, les tombeaux des martyrs, des apôtres. Il trouvait en eux un idéal chrétien qu’il recherchait lui-même, si bien qu’il s’adonnait à la prière, à la méditation. Après un bref séjour à Trèves, il se retire sur les bords de l’Adriatique, non loin de son pays natal, menant une vie de prières, de réflexions.

Puis, il est attiré par le pays où Jésus vécut. Il part en Orient vivre en ascète, principalement à Antioche. Il mène une vie studieuse, mais, selon lui, encore profane. Eut-il une vision ? En tous les cas, il abandonne tous ses livres de philosophie, d’auteurs profanes pour commencer à se consacrer à l’Ecriture Sainte. Il part dans le désert au sud d’Antioche, menant une vie d’ascète et commençant à apprendre l’hébreu. Revenu à Antioche, il est ordonné prêtre, malgré ses réticences, semble-t-il.

Il fait la connaissance d’Origène - premier Père de l’Eglise - qui a vécu plus d’un siècle avant lui. Cet auteur avait beaucoup étudié la Bible, laissant des commentaires restés célèbres. Jérôme s’en inspirera. Il lit également Eusèbe de Césarée, mort à l’époque de sa naissance, fondateur de l’Histoire de l’Eglise, qui relate tous les événements de son époque, sans oublier les controverses théologiques (Arianisme, Nestorianisme…). Il fait encore la connaissance de Grégoire de Nazianze et l’accompagne en 381, au Concile de Constantinople, qui proclame nettement la divinité du Saint-Esprit.

Jérôme revient à Rome (385). Le grand pape St Damase le remarque ; il le charge de traduire les évangiles, le psautier. Il prêche beaucoup. Des femmes d’une certaine condition - Marcelle, Paule et ses filles, (surtout Eustochium) - se rassemblent autour de lui pour étudier la Bible, apprendre l’Hébreu. Il faut dire cependant que Jérôme a un fort caractère qui l’entraîne à des propos satiriques. Ses observations sur le clergé romain en irritent beaucoup. A la mort du pape Damase, son protecteur, il repart pour l’Orient suivies de quelques-unes de ses disciples (Paule, Eustochium). Là, il fait la connaissance de nombre de chrétiens adonnés à la prière, l’étude, la vie ascétique. Ainsi rencontra-t-il Evagre le Pontique, grand spirituel, Mélanie l’Ancienne, cette romaine, partie, elle aussi, pour la Terre Sainte, mais qui avait beaucoup voyagé (elle fit la chronique de ses pèlerinages - Histoire des Pères du désert) en compagnie de Rufin d’Aquilée que Jérôme a bien connu.

Enfin, Jérôme se fixe à Bethléem (386). Dernière étape de sa vie ! Il crée là un monastère de femmes, malgré l’opposition des moines grecs et orientaux (très nombreux). Il traduit la Bible à partir des Septante (texte grec du 3ème s. av. J.-C.), traduction appelée “Vulgate“ depuis le Concile de Trente (1545). C’est l’une des plus admirables performances de l’esprit humain.

St Jérôme meurt en 419 à Bethléem. On pourrait résumer sa vie par ce verset de la deuxième lettre de St Pierre : “Nous avons la parole des prophètes qui est la solidité même, sur laquelle vous avez raison de fixer votre regard comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur, jusqu'à ce que luise le jour et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs“. (2 Pet. 1.19).

St Jérôme est vraiment, dans l’Eglise, le modèle de ceux qui ont consacré leur vie à l’interprétation des Ecritures.

Dans un songe célèbre qu’il raconte à Eustochium, en le dramatisant, il dit qu’il sacrifia sa culture classique (gréco-latine) à la connaissance, passionnée des Ecritures. Selon lui, pour bien comprendre la Bible, il faut se soumettre à trois conditions :
- La “veritas hebraïca“ - le texte hébreu !
- La Terre Sainte, surtout Jérusalem. Si chaque chrétien pouvait se rendre une fois en Terre Sainte ! Le pays lui-même est encore un livre où Dieu parle !
- Bethléem, le lieu où le Fils de Dieu s’est incarné.

Son tempérament fougueux, très étranger à l’onction ecclésiastique, avait besoin de trouver près de la crèche, le silence, la paix et l’humilité.
Puissions-nous être à son école !

Et ce n’est pas par hasard, si pour le jour de sa fête, l’Eglise nous fait lire la un passage de 2de lettre de Paul à Timothée. La préoccupation suprême de Paul, en ses vieux jours, semble être la conservation du dépôt, de l’essentiel de sa prédication.

Ce mot de “dépôt“, dépôt de la foi, à maintenir pur de toute contamination, est l’une des idées dominantes des lettres pastorales. Elle est exprimée dans la dernière phrase de la première lettre : “O Timothée, garde le dépôt. Évite les discours creux et impies, les objections d'une pseudo-science. Pour l'avoir professée, certains se sont écartés de la foi“. (1 Tm 6,20). Paul fait allusion aux doctrines ambiguës qui, à son époque, pullulent dans la région d’Ephèse, et dont le judaïsme est alors assez contaminé. Et il fait comprendre à son disciple que le meilleur moyen pour cela, c’est celui qu’il a utilisé : garder ses racines solidement plantées dans le judaïsme biblique authentique. “Consacre-toi à la lecture de l’Ecriture“ (I Tm 4.12). Et dans notre lecture : “Demeure ferme dans ce que tu as appris et accepté comme certain“. Paul fait allusion, là, à la grand’mère et à la mère de Timothée, Loïs et Eunice, qui étaient juives et qui l’avaient initié à la connaissance des Ecritures. “Depuis ta tendre enfance, tu connais les Saintes Ecritures. Elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus“. (2 Tm 3.14-15). - Quand Paul parle des Ecritures, il ne parle pas, bien sûr, du Nouveau Testament qui n’existe pas encore, qui n’est pas encore rédigé tel que nous le connaissons. Il ne parle pas non plus d’un judaïsme fortement marqué par la gnose et les mysticismes païens de l’époque. Il parle de la Bible judaïque. Il l’invite à procéder dans ses prédications et dans son enseignement, comme lui-même, Paul, n’a cessé de le faire : “secundum scripturas“, “selon les Ecritures“. C’est ainsi que l’on garde le dépôt de la foi !

Il faut le dire et le redire : on aurait provoqué la fureur de Paul en disant que le christianisme naissant était une religion autre que celle de ses ancêtres qui avaient eu la révélation de Dieu par les Ecritures. Le témoignage à la Vérité que Jésus a rendu devant Pilate (Cf I Tm 6.13), que Paul continue à rendre constamment dans sa prédication et qu’il invite Timothée à rendre lui-même, est la religion de ses ancêtres, comme solennellement il le proclamera à plusieurs reprises dans les derniers de ses discours, à Césarée, que nous rapportent les Actes des Apôtres (Cf. Ac. 24.14 sv ; 26.6-8, 22-23).

Ainsi, il dira devant le gouverneur Félix : “Je sers le Dieu de mes pères, gardant ma foi à tout ce qu'il y a dans la Loi et à ce qui est écrit dans les Prophètes...“ - Et devant le roi Agrippa et la reine Bérénice, il affirme avoir toujours rendu témoignage “de ce que les Prophètes et Moïse avaient déclaré devoir arriver : que le Christ souffrirait et que, ressuscité le premier d'entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations païennes“.

Avec action de grâce, suivons la recommandation de Paul de se consacrer à la lecture des Ecritures : “Elles ont le pouvoir de communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus“. En Jésus ressuscité, toujours vivant ! Aussi la seule consigne de Dieu le Père, transmise par les évangiles, est celle-ci : “Ecoutez-le !“. Jésus toujours vivant dont allons “faire mémoire“ par la célébration de l’Eucharistie !

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