jeudi 22 septembre 2011

Le Temple - L’Eglise

T.O. 25 imp. Jeudi (Ag 1, 1-8)

Le livre du prophète Aggée est le plus court de l’Ancien Testament. Il nous invite à méditer sur le Temple et son importance, si nous voulons comprendre ce que le Nouveau Testament nous en dit. Et si nous voulons également percevoir le signe de l’Eglise à travers les siècles.

Il faut d’abord se rapporter, pour cela, à Ezéchiel lorsqu’il prédit sa destruction par les Babyloniens. (cf Ch. 24). Toujours avec une imagination débridée, Ezéchiel est frappé par le décès de son épouse, “la joie de ses yeux“. Le Seigneur lui demande de ne pas porter le deuil, de ne pas s’affliger, car cet événement personnel est l’annonce d’un événement national : le sanctuaire - “l’orgueil et la joie du peuple“ - sera profané, le peuple lui-même sera dispersé et exilé. Pourtant, le peuple ne devra pas s’affliger, lui non plus ! Car cet événement, même douloureux, sera un présage : après la catastrophe, il y aura une restauration, bien plus une restructuration autour de la présence divine, de la gloire de Dieu mieux reconnu dans son Temple. Non seulement chaque tribu, mais chacun n’aura raison d’exister que par référence à cette présence divine.

L’Eglise n’est-elle pas cette épouse du Christ qui, comme son Maître et Seigneur, s’emble aller vers la destruction (en certains pays actuellement), mais revivra plus belle encore, manifestant la présence, la gloire de Dieu au milieu des hommes. Il s’agit toujours de rebâtir la “Maison de Dieu“ ; “J’y mettrai, dit le Seigneur, ma complaisance ; et j’y trouverai ma gloire !“. Et chacun peut toujours chanter : “J’ai mis le Seigneur devant moi sans relâche. Puisqu’il est à ma droite, je ne bronche pas. Car, Seigneur, tu ne peux abandonner mon âme au shéol. Tu nous apprendras le chemin de vie“ (ps. 16).

Et de fait, Ezéchiel avait raison ! Avec l’édit libérateur de Cyrus, en 538, le temple put être reconstruit. Mais ce fut une minorité qui revint, une trentaine de mille, en convois successifs, entre 537 et 522. Certains restèrent à Babylone. Parmi eux, beaucoup s’égarèrent dans les richesses. Quelques-uns restèrent, en pays étrangers, fidèles au Dieu Unique.

C’est ainsi que l’Eglise prospère. Je prendrai un exemple : s’il n’y avait pas eu l’expulsion (la destruction) des Congrégations religieuses au début du 20ème siècle, celles-ci - telle la Congrégation de Solesmes - n’auraient sans doute pas fondé nombres de “maisons religieuses“ en pays étrangers. Le processus n’est donc pas d’hier. “Sang des martyrs, semences de chrétiens“ !

Un reste revint donc en Israël ; mais la reconstruction du temple fut difficile. On l’a vu avec le livre d’Esdras. Et pour beaucoup, la ferveur primitive fit place à un matérialisme pratique. La foi se dilua, là encore, au contact des mœurs du monde. Seule la tribu de Juda refusa l’alliance avec les Samaritains. C’est l’origine qui fait qu’au temps du Seigneur, on ne traversait pas la Samarie sans mettre sa vie en danger.
C’est toujours un danger en certains lieux !

Enfin, quarante ans après l’édit de Cyrus, sous le règne de Darius, avec les prophètes Agée et Zacharie, la ferveur et le zèle religieux se réveillèrent : le temple fut reconstruit en l’espace d’un peu plus de 4 ans ! Certains gardaient cependant la nostalgie du premier temple, celui de Salomon. Cependant, c’est ce deuxième temple, grandement aménagé par Hérode le Grand, que connut Jésus. On disait que c’était la 7ème merveille du monde. Merveille cependant édifiée avec de l’argent sal (celui de Hérode). Merveille où se pratiquaient bien des affaires mercantiles, peu honnêtes, si bien que Jésus prenant un fouet, chassa pour un jour les bénéficiaires de ces trafics lucratifs.

L’Eglise a connu aussi de semblables déviations. Mais le sang du Christ l’a toujours purifiée.

Enfin, dernière réflexion : c’est au temps de Jérémie, fuyant l’exil à Babylone, que l’arche d’alliance fut perdu. Le prophète l’aurait caché dans une caverne de la montagne de l’Horeb ou du Nébo. Et elle ne fut jamais retrouvée. Jérémie lui-même déclara : "Ce lieu sera inconnu jusqu'à ce que Dieu ait opéré le rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. Alors le Seigneur manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que le saint lieu fût glorieusement consacré".
Si bien que le “Saint des Saints“ était un “lieu vide“ au temps de Notre Seigneur. Titus, lors de la conquête en 70 s’en étonna. Et les Juifs encore se lamentent de l’absence de Dieu signifiée par l’absence de l’arche de Dieu.

Pour nous, nous savons que le voile du temple, se déchirant à la mort du Christ, les bienfaits divins coulent désormais dans l’Eglise, dans le Peuple de Dieu lui-même devenu Temple de Dieu.

Une question demeure pour les Juifs, peuple élu de Dieu qui ne renonce jamais à ses promesses. Quand et comment ce vide qu’ils éprouvent depuis la disparition du temple sera-t-il comblé ?
Et pour nous-mêmes les signes de la présence de Dieu que le Christ a confiés à son Eglise sont-ils suffisamment un témoignage qui puisse, comme dit St Paul, rendre jaloux et nos frères Juifs et en même temps tous nos frères ? C’est à nous, en Eglise, Temple de Dieu, à répondre !

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