mercredi 21 septembre 2011

St Matthieu

21 Septembre

“Pourquoi votre Maître mange-t-il avec les pécheurs ?”

Eh oui, le scandale est grand à Capharnaüm ! Pensez donc ! Coup sur coup, Jésus vient de se livrer à deux “provocations” qui ont scandalisé les gens bien en place :
- qu'il appelle à sa suite un percepteur qui pressurait les contribuables au compte de l'occupant romain et au profit de sa caisse noire, passe encore ! C’était courant et... c’est toujours courant !
- mais qu'il se permette ensuite de participer au banquet de ces pécheurs, hommes véreux, qui ont partie liée avec le pouvoir d'oppression..., ç'en est trop !

Et au lieu de s’adresser à Jésus lui-même - c’est souvent de circonstance -, on s’attaque à ses amis comme pour les démobiliser : “Pourquoi votre Maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?“. C'est honteux, cela ne se fait ! Voyons !

Et les récriminations, les protestations fusent. Elles ont dû, il y a deux mille ans, transpercer les oreilles et le cœur de Matthieu, le percepteur. Car c'est de lui, de ses amis qu'il s'agit. Ce passage d'évangile est un passage d'autobiographie !

Or l'événement a bouleversé sa vie ! Oui, c’est vrai : il était un pécheur ! Un pécheur assis confortablement non seulement à son bureau de précepteur, mais bien assis, sans complexe, dans sa situation sociale détestée. Or, Jésus l'a relevé, en a fait un homme debout, un apôtre, un missionnaire.

Nous aussi - il faut le reconnaître -, nous sommes parfois des femmes et des hommes plus ou moins “assis” socialement, religieusement. Or, Jésus demande d’être sans cesse des hommes, des femmes debout… pour être toujours prêts à le suivre. Avec Jésus, il faut sans cesse se lever, s’élever… !

Ainsi, Jésus dit à tous les Matthieu que nous sommes : “Suis-moi”. – “L'homme se leva et le suivit”.

Mais où Jésus entraîne-t-il ?

Déjà, on s’en rend compte. Dès le début de sa vie publique, Jésus bouscule toutes les convenances et les protocoles, les catégories sociales et les âges, les personnalités et les exclus, les gens cultivés comme les illettrés, les bien-portants comme les malades... Aucune importance pour lui. Il se moque du diplôme aussi bien que du patrimoine ou du certificat de bonne conduite !

Il s'en va vers tous les hommes et femmes de bonne volonté qui sont suffisamment humbles pour rester disponibles, vers tous ceux qui ne sont pas assis, coincés dans leur respectabilité ou leur désespérance. Il ouvre leur visage, leur tend la main, et les fait exister !

Le Christ, c'est celui qui continue de croire malgré tout en l'homme, qui est capable de discerner en l'être le plus déchu la petite étincelle qui peut lui permettre d’être debout et de repartir ! Et pour cela, Jésus prend toujours les gens tels qu’ils sont et là où ils en sont.

Alors, prenons-en conscience : ce matin, le regard de Jésus se pose sur nous. Quels que soient aujourd'hui la lassitude, le découragement qui envahissent peut-être notre cœur devant la vacuité, l'insignifiance de notre existence..., il nous faut “espérer contre toute espérance”. (Rm. 4.18). Jésus veut nous faire espérer
* pour nous-mêmes : “Viens, suis-moi...”.
* mais également pour l'autre, pour celle ou celui qui nous paraît bien éloigné du Seigneur, pour tel membre de notre famille encombré de mille et mille difficultés de toutes sortes, ou tout simplement et prosaïquement pour celui, celle qui est à côté de moi, qui a telle ou telle manie et qui comprend toujours de travers, ou qui chante si mal..., bref qui n’est pas un modèle et qui m’agace !

Aujourd'hui Dieu vient : “sa venue est aussi certaine que celle de l'aurore”, dit le prophète Osée. Dieu vient pour moi, et également pour tous ceux-là que, plus ou moins, je condamne…

“Pourquoi votre Maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs?”. Et Jésus répond lui-même : “Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades... C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices !”

Eh oui, au risque de choquer encore davantage, Jésus enfonce le clou! Non seulement, il engage un percepteur détesté, non seulement il prend un repas avec des gens déconsidérés, mais il va encore plus loin : u>Il révèle l'immense amour de son Père pour tous ceux qui sont apparemment “perdus” ; et il définit ainsi le sens de sa mission.

Lui, Jésus, - il le répétera souvent - il est venu pour les malades. Appelle-t-on quelquefois un médecin pour un bien portant ?
Et celui-ci, - le bien-portant ou qui se croit tel - de récriminer parfois : Alors, que va faire Jésus pour moi ? Alors - je le crois profondément - c’est l’attitude la plus irrécupérable ! Il s’agit là, peut-être, de cette faute contre l’Esprit dont parle St Jean. Car à son action, Jésus ne pose qu’une seule condition : qu'on sache se reconnaître pécheur, malade... et d'autre part, qu'on n'essaie pas de se concilier Dieu, d'acheter Dieu “avec des sacrifices” !

Déjà, huit siècles avant Jésus Christ, Osée nous avait transmis la pensée de Dieu : “C'est l'amour que je désire et non les sacrifices...”. Autrement dit, inutile - ce serait d’une inconvenance ridicule - de placer Dieu derrière un guichet de perception et de lui présenter nos bonnes œuvres ! Inutile, avec Dieu, de chercher à jouer au “donnant-donnant”, d'additionner sans arrêt, de faire des balances !

Mieux vaut, une bonne fois pour toutes, comprendre qu'avec Dieu, on sera toujours en déficit... et être persuadé que le Christ Jésus, par le sacrifice aimant de la croix, a tout épongé. Il nous entraîne dans cette contagion de miséricorde qui déborde de Dieu et devrait, par nous, envahir et révolutionner notre monde !

“Pourquoi votre Maître mange-t-il avec les pécheurs ?” A cette question, c’est toute notre vie qui doit répondre.

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