vendredi 2 septembre 2011

St Grégoire le Grand, pape

3 Sept. 2011

St Grégoire le Grand naquit vers 540 d’une famille sénatoriale très chrétienne (un de ses ancêtres fut le pape Félix III + 492). Il fit ses “études classiques“, dirions-nous aujourd’hui, à Rome. Mais il préférait s’adonner à l’étude de la Parole de Dieu ! Vers 573, il est nommé “Préfet de Rome“. Mais s’estimant incompétent pour les affaires du monde, il renonce à tout pour se consacrer à Dieu. Et comme il jouit, la mort de son père survenant, d’une assez grande fortune, il fonde un monastère à Rome sous le vocable de Saint-André (était-ce déjà selon la Règle de St Benoît - + 547 - ?).

Mais le Pape Pélage II l’oblige à en sortir, l’ordonne diacre et l’envoie comme ambassadeur à Constantinople (Les relations entre Rome et Constantinople ne sont pas toujours “au beau fixe“ !). Grégoire entraîne avec lui quelques moines du monastère St-André afin de continuer à mener une vie monastique en la ville impériale ! Il leur donne des conférences qui formeront le noyau de son grand traité “Les Morales“. Il y abordera assez longuement le sujet de la “résurrection des corps“ contre le patriarche Eutychès, trop platonicien pour acquiescer au réalisme de ce mystère !

Les relations entre Constantinople et Rome s’avérant infructueuses, Grégoire revient à Rome où, peu après, il est élu Abbé du monastère Saint-André (qu’il a fondé). Il entraîne sa Communauté à une certaine austérité et une rigueur dans l’observance de la discipline monastique, principalement au sujet de la pauvreté. Il est à remarquer qu’il donne une grande importance à la célébration de l’Eucharistie à l’intention des défunts ! C’est à cette époque qu’il faut situer l’une de ses grandes œuvres : “Les Morales sur Job“.

En 589, à la suite de pluies diluviennes, la ville de Rome est inondée et la peste sévit ; le pape Pélage en meurt. Bien malgré lui, Grégoire est élu pape ; et son premier acte fut d’inviter toute la ville à supplier Dieu d’arrêter le fléau de la peste. Au cours de la procession qu’il organisa, on vit un ange remettre l’épée dans le fourreau. La peste se retira. Dès lors, on érigea la statue d’un ange au lieu qui devint par la suite “Château-Saint-Ange“.

St Grégoire devenu pape vit à une époque sombre de l’histoire et de l’Empire et de l’Eglise encore marquée par les hérésies des deux derniers siècles. Aux congratulations qui lui arrivaient, il répondait facilement par des lamentations : “Avec la charge d’évêque, me voilà lié de nouveau au monde… ! J’ai perdu la joie de mon repos. Extérieurement, c’est une élévation ; intérieurement, c’est une chute… Ballotté par les vagues des affaires, la tempête gronde au-dessus de ma tête, et je puis dire avec le psalmiste : « Je suis plongé dans l’abîme des eaux et les vagues passent au-dessus de ma tête »“.

Cependant il ne refuse pas de travailler à ‘“Œuvre de Dieu“ ! Il avait parfaitement conscience des devoirs qui s’imposaient à lui et qu’il se permet de rappeler à tout évêque dans un admirable traité : “La Règle pastorale“ !
Et les devoirs qu’il s’imposât furent ceux - d’un Chef spirituel de l’Eglise, - d’un Protecteur du monachisme, - d’un Missionnaire de l’Evangile et - d’un grand Administrateur des affaires temporelles.

I. A Rome et dans les alentours, il va au plus pressé : il veille à ce que personne ne souffre de la faim, se considérant comme responsable de ceux qui en meurent. Chaque jour, il recevait à sa table douze étrangers auxquels il lavait les mains avant le repas.

- Au spirituel il insiste sur la prédication. Lui-même, chaque dimanche, donne l’homélie.
- Il réforme l’institution des diacres qui ne doivent pas être choisis uniquement selon des critères humains.
- En matière de liturgie, il innove largement. C’est à lui que l’on doit, par exemple, la récitation du “Notre Père“ après la Prière Eucharistique.
- Il encourage la vénération des reliques des Saints, bien qu’il n’autorisait que difficilement le transfert partiel ou total de leurs ossements, pratique qui se propageait malheureusement en Gaule d’après Grégoire de Tours.
- Il encourageait les évêques à tenir régulièrement des Synodes, à ce que les clercs soient assujettis au célibat et s’adonnent à la pratique des vertus.
- En Afrique ou en Espagne, il encourage à éradiquer les hérésies de l’arianisme, du donatisme…
- Partout, il établit une étroite dépendance des Eglises locales vis-à-vis du Siège de Rome. En ce sens, il réprimande l’orgueilleux évêque de Constantinople qui s’était attribué le titre d’“évêque universel“…. Bref, Grégoire revendique pour Rome un pouvoir effectif sur l’Eglise universelle. Ce faisant, il n’agissait certes pas par orgueil, lui qui fut le premier à se désigner comme “le serviteur des serviteurs de Dieu“.

II. Il favorisa beaucoup le développement du monachisme selon la Règle de St Benoît. En son palais du Latran, il avait installé une petite communauté pour poursuivre avec eux l’idéal de la vie religieuse. Il exigea une formation (noviciat) d’au moins deux ans et interdisait aux moines, même à ceux qui avaient tenu des postes importants, de se mêler des affaires temporelles, ce qui le fit entrer en conflit avec l’empereur de Constantinople… Par contre, il sauvegarda l’indépendance des moines contre les exigences parfois exagérées de certains évêques…

III. Ayant ainsi contribué au développement des Bénédictins, Grégoire voulut en faire également des missionnaires. Ainsi, en 596, il choisit pour apôtres de la Grande Bretagne des religieux du monastère Saint-André en leur donnant comme supérieur Augustin (le futur St Augustin de Canterbury).

IV. Grégoire excellait dans l’organisation de l’Eglise et des biens matériels. Les troubles politiques de son époque amenèrent nombre de grandes familles à abandonner leurs biens au Saint-Siège que Grégoire fit gérer avec soin. Ainsi il put se préoccuper du rachat des captifs tombés aux mains des Lombards. De toute façon, il exerçait la charité sous toutes ses formes. Le seul reproche qu’on put lui faire fut de ne pas savoir limiter ses générosités.
Une attaque de Rome par les Lombards était toujours possible. Et ce fut sous le coup de cette crainte qu’il prononça ses “homélies sur Ezéchiel“ (ce prophète qui appréhendait la destruction de Jérusalem). Autant que faire se peut, il fallait traiter avec l’ennemi. Et on peut dire que durant tout ce temps, le sort de Rome et de l’Italie fut entre les mains de Grégoire. Même s’il recourait au bras séculier en certains cas, il sut toujours maintenir la distinction des pouvoirs. Et il ne souffrait pas que les évêques intervinssent dans les affaires purement temporelles, sauf en de rares exceptions.

Les dernières années de Grégoire furent marquées par d’intenses douleurs physiques qui mirent à l’épreuve sa patience et firent de l’existence un fardeau presque intolérable pour lui. A un correspondant, il écrivait : “Je vous prie, ne cessez point de faire oraison pour moi… La douleur que je souffre dans mon corps et l’amertume dont mon cœur est rempli en voyant la désolation et les ravages que causent les Barbares m’affligent extrêmement ; au milieu de tant de maux, je ne cherche point une consolation temporelle. Je ne demande que l’éternelle… par le moyens de vos prières“.

Grégoire mourut en 604. On a pu résumer sa vie et son action en ces termes : Grégoire le Grand parut à l’heure de la plus douloureuse des invasions. Après Alaric et Attila, après les Goths, c’était le temps des Lombards, période de terreur…
Grégoire sut prendre en main la défense de l’empire d’Orient très affaibli contre les Lombards. Puis il décide de faire la paix avec eux cherchant même à les évangéliser. Il se tourne résolument vers les royaumes barbares de l’Occident, rompant ainsi le lien entre christianisme et romanité !

Gardons de ce grand pape son amour de la Parole de Dieu, de la Bible qu’il commenta largement. Il estimait que le chrétien doit tirer de l’Ecriture plus une nourriture pour son âme que des connaissances théoriques. Ce qui suppose toujours une très grande humilité : “L’humilité intellectuelle est la règle première pour qui tente de pénétrer le surnaturel à partir de l’Ecriture“. Et puis, “comprendre l’Ecriture est inutile si cette compréhension ne porte pas à agir“.

Son écrit le plus célèbre, la “Règle pastorale“, propose un portrait du “Maître spirituel“ que doit être tout évêque (prêtre, chrétien). Cet écrit témoigne de la haute conception qu’avait ce pape pour le soin des âmes, ce qu’il nomme “l’ars artium“, “l’art des arts“. L’important, pour lui, était le salut de Dieu qui se manifeste toujours quelques soient les méandres du temps ou de notre propre vie.

Dans toutes ses relations, il se voulait toujours le “Serviteur des serviteurs de Dieu“. Il fut lui-même le serviteur de tous en des temps de grandes tribulations. Et c’est ainsi que, malgré sa grande humilité, on l’appela très vite “Grégoire le Grand“ !

Ayons tous cette sorte de grandeur qui se manifestait encore chez lui par son sens morale très affiné et d’une grande acuité. “Ce sont les vices de la chair (sensibilité), disait-il, et non la chair elle-même qu’il faut détruire. En effet, si la chair est parfois destructrice, elle peut également constituer une aide pour le Bien“. (Morale 20)…, pour Dieu !

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