mercredi 22 décembre 2010

Naissance miraculeuse

Avent 22 Décembre Naissance miraculeuse (I Sam. 1.24sv)

(Pour mes lecteurs “web“ : je me permets de reprendre ce que je disais l’an dernier, mais avec modifications…).

Avant la Vierge Marie, une autre femme de la Bible chante un “magnificat“ en reconnaissance pour le Dieu Vivant qui se fait connaître dans l’Histoire par ses merveilles… ; non seulement par les délivrances qu’il opère en faveur de son peuple, mais aussi quand il mérite de nom de “El Shaddaï“ : quand il agit par les naissances miraculeuses les plus déconcertantes. (“Shad“, c’est le sein maternel que tête le nourrisson. Le Nom divin “El Shaddaï“ est décerné à Dieu quand il est question des merveilles qu’il opère dans le domaine de la génétique, si je puis dire…, quand il est question des “naissances miraculeuses“ !) (1)

La scène se passe à Silo qui, avant Jérusalem, fut “le lieu que Dieu avait choisi pour y faire habiter son Nom“. L’arche d’Alliance y séjourna après le passage du Jourdain. A cause de la présence de l’Arche justement, c’est à Silo qu’on se rendait en pèlerinage comme le fit Elqana, l’éphraïmite, avec ses deux femmes dont l’une qui était stérile était persécutée par l’autre qui était féconde. (Excusez-moi : une histoire de femmes !)

Anne prie en pleurant. Comme ses lèvres remuent sans qu’aucune parole ne sorte de sa bouche, le vieux prêtre Eli, la croit ivre et l’envoie promener avec rudesse : “Va cuver ton vin !“. Anne arrive quand même à lui expliquer qu’elle ne fait qu’épancher son âme devant Dieu ; et le prêtre, alors, lui fait espérer que sa prière sera exaucée ! Ce qui arrive, de fait !
A lieu alors une présentation au temple. Anne ne se sépare de son enfant qu’après le sevrage qui, si l’on en croit d’autres passages de la Bible, pouvait durer trois ans. (2)

Anne est reconnue par le vieux prêtre Eli. Elle lui rappelle sa prière : “C'est pour cet enfant que j'ai prié, et le Seigneur m'a concédé ce que je lui demandais. A mon tour, je le cède au Seigneur. Pour toute sa vie, il est cédé au Seigneur ".
L’enfant reste donc au temple ! Le vieil Eli a du mal à comprendre que les enfants peuvent très tôt rencontrer Dieu sans que personne ne puisse les aider à déchiffrer leurs expériences. Autrefois, toutes les images de première communion représentait le petit Samuel auprès de l’Arche, tout en prière. Par trois fois, Eli le renvoie. Enfin il lui dit : la prochaine fois, tu diras : “parle, Seigneur, ton serviteur écoute !“.

Samuel sera, par la suite, à la transition entre la période des Juges et celle des prophètes.

Et si vous lisez, comme nous y invite la lecture d’aujourd’hui, les trois premiers chapitres du premier Livre de Samuel, vous rejoindrez St Luc dans la rédaction qu’il fait de l’enfance de Jésus jusqu’à la présentation et le recouvrement au temple… et votre prière du rosaire en bénéficiera !

Er puis, surtout, vous pourrez demander d’avoir une âme qui écoute comme le petit Samuel. “Shamma’El“ : Dieu a écouté ma prière, avait dit Anne lors de sa naissance ; et elle l’appela donc Samuel. Et l’enfant, très tôt, reçut la grâce d’“avoir un cœur qui écoute“, comme le demandait le roi Salomon (I Rois 3. 9), comme le conseillait St Luc : “Faites donc attention à la manière dont vous écoutez“ (8.18). En ce domaine et en ce temps qui approche de Noël, n’est-ce pas Marie qui peut nous aider à écouter véritablement le Seigneur : “Ma mère et mes frères, disait Jésus, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique“ (Lc 8.21). Marie n’était que “écoute“ du Verbe de Dieu en elle !

Aussi pour terminer, je me permets de vous transmettre mon oraison de neuvaine pour ma profession solennelle (3) :
Verbo tuo, Domine, Spiritus Sanctus aurem servi tui et cor aperiat,
eumque per illam ad te ducet viam, suis splendoribus décoratam,
per quam Unigenitus tuus ad nos usque descendit.
Qu’à ton Verbe, Seigneur, l’Esprit-Saint ouvre l’oreille et le cœur de ton serviteur,
et qu’il le conduise jusqu’à toi par cette voie ornée de ses splendeurs,
par laquelle ton Fils Unique descendit jusqu’à nous.

Que Marie nous aide à recevoir de plus en plus le Seigneur ! Bon Noël, déjà !

(1) L’appellation “El Shaddaï“ revient le plus souvent dans la Genèse lorsqu’on parle de Sara et d’Isaac et de la fécondité des patriarches. (Cf. Gn 17.1 ; 35.11 ; 25.3 ; 43.14 ; 48.3,18 ; 49.25).

(2) Cf. le beau texte de 2 Macc 7.22sv : "Je ne sais comment vous êtes apparus dans mes entrailles ; ce n'est pas moi qui vous ai gratifiés de l'esprit et de la vie, et ce n'est pas moi qui ai organisé les éléments dont chacun de vous est composé. Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé l'homme à sa naissance et qui est à l'origine de toute chose, vous rendra-t-il dans sa miséricorde et l'esprit et la vie, parce que vous vous sacrifiez maintenant vous-mêmes pour l'amour de ses lois".
Antiochus se crut méprisé et soupçonna un outrage dans ces paroles… Il fit approcher la mère et l'exhorta à donner à l'adolescent des conseils pour sauver sa vie… Elle se pencha donc vers lui et lui dit : " Mon fils, aie pitié de moi qui t'ai porté dans mon sein neuf mois, qui t'ai allaité trois ans, qui t'ai nourri et élevé jusqu'à l'âge où tu es… ".

(3) Chaque moine “invente“, la plupart du temps, une oraison à cette occasion. J’avais des idées. Mais, ce fut l’un de mes frères, bien plus latiniste que moi, qui la mit en forme !

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