mardi 14 décembre 2010

La foi. - "Amen !"

Avent 3 Mardi - La foi en acte et vérité (So.3.1-13 ; Mth 21.28-32)

Vendredi dernier, j’ai fait allusion à la signification du mot “Amen“ qui exprime dans toute la Bible et surtout chez Isaïe, ce grand prophète de la foi, l’immuable et forte confiance que le croyant met en Dieu, malgré ce que j’appelle volontiers “les circonstances contradictoires“ qui entraîneraient facilement en un sens opposé. Non ! Malgré les incompréhensions, les obscurités, les tentations, les faiblesses, voire les chutes, le disciple “tient ferme“ dans sa confiance en Dieu, le Dieu fort (Ps 89.9), le “Dieu des victoires“ (Ps 68.21). Et parce qu’il “tient ferme“ dans la foi, il “reste ferme“ dans la vie, celle que Dieu donne (Cf. Is. 7.9).

Aujourd’hui, nous retrouvons la même leçon dans la lecture et l’évangile ! Le prophète Sophonie annonce l’apparition d’un peuple humble, modeste, faible, mais qui mettra toute sa confiance en Dieu, qui aura pour seul refuge “le NOM du Seigneur“. Alors, il n’y aura plus de tromperie en sa bouche. Heureux sera-t-il ce peuple nouveau, … le PEUPLE DE DIEU !

Et l’évangile nous encourage justement à toujours proclamer, en toutes circonstances, notre foi, à toujours prononcer un véritable “AMEN“, ce tout petit mot qui contient tout, tellement riche qu’il est employé dans toutes les liturgies du monde sans jamais être traduit désormais, ce qui épuiserait la richesse de son message !

Ainsi, dans l’évangile, Jésus veut nous conduire jusqu'au bout de l'“Amen“ chrétien.
L'“Amen“ au Père, c'est d'abord Lui, Jésus, l'accord parfait, le "Oui" sans retenue, la cohérence absolue entre le dire et le faire. Car sa nourriture est de toujours faire la volonté du Père jusqu'à l'extrémité de l'obéissance par amour. Pour Jésus, “Amen“, c'est l'engagement total et le don intégral culminant sur la croix. St Paul le soulignera souvent !
Or, comme disciples de Jésus, nous sommes nés de son "Oui", nous sommes les frères de son “Amen“ au Père. Et, comme illustration, voici la parabole des deux fils pour nous aider à reprendre conscience de tout cela.

Le second fils est un "chrétien par réflexe", par conformisme, si je puis dire. Le pli est pris depuis l'enfance. Il acquiesce à tout ce qui est demandé… C'est instinctif, mais superficiel. Ensuite on s'arrange, on se ménage une petite vie, n’est-ce pas. Et, parfois, quand la foi bouscule les vieilles habitudes, entame le confort, exige le sacrifice même minime, c'est le repli, c'est la mise à l'abri derrière mille excuses. Et les grandes déclarations du début glissent, glissent… dans le vide…

Bien différente est l'attitude de l'autre fils. Il mesure sa faiblesse, devine combien l'obéissance au Père va déranger son quotidien. Honnêtement, il est pris de vertige et recule, paniqué. St Benoît évoque cet attitude en sa Règle ! Mais son cœur réfléchit. Peut-être a-t-il prié. Il voudrait bien, mais... … Et voici le miracle de la conversion. Au terme d'une lutte…, il se met à pratiquer réellement ce que d'autres affirment verbalement.

Nous disons tant de "oui" à Dieu. Oh, certes nous disons, nous chantons très souvent “Amen“, mais avec, parfois, la légèreté de l'inconscience ; nous faisons le signe de l’“Amen“, le signe de la croix, mais, parfois, si machinalement, sans cette lente attention que la Vierge Marie recommandait à Ste Bernadette et en d’autres apparitions.

Aujourd'hui, il nous est rappelé qu'il nous faut devenir les humbles et conscients fidèles de l'Amen, les disciples du “Oui“ évangélique qui entraîne peu à peu toute la vie à la suite de Jésus.

Les chrétiens sauront-ils enfin se comporter en enfants de l'Amen ? Sinon, il leur sera signifié ce que Jésus dit aujourd’hui et en bien d’autres circonstances : “Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu !“. Aujourd'hui, combien d'Amen allons-nous dire ou chanter dans notre liturgie ? Puissions-nous les dire avec grande conscience ! Avec la grâce de Dieu. “Amen“

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