jeudi 16 décembre 2010

Création nouvelle

Avent 3 Jeudi – Alliance nouvelle et éternelle ! (Is. 54.1sv )

“Crie de joie, femme stérile… Elargis l’espace de ta tente… Ta descendance va éclater dans toutes les directions… Car ton époux, c’est ton créateur, ton Rédempteur (ton “Goël“, celui qui a droit de “rachat“). Un moment, je t’avais abandonnée… Mais dans ma tendresse je te rassemblerai… Mon amour pour toi ne changera pas…“.
On pourrait trouver très facilement de tels sentiments, de telles expressions dans toute la Bible, et particulièrement chez Osée, Amos et les prophètes de l’exil à Babylone. Car il s’agit toujours - et aujourd’hui plus que jamais - de l’Alliance entre Dieu et l’homme !

Notre lecture d’aujourd’hui a certainement été écrite par un lointain disciple d’Isaïe - ce grand prophète de la foi - ! Les temps ont changé ! C’est désormais le temps de l’exil ! (Comme pour Ezéchiel, Jérémie). Et ce successeur d’Isaïe affirme tranquillement, alors que le peuple est pratiquement anéanti, que Dieu ne peut abandonner son peuple. Non seulement il ne peut l’abandonner, mais il va établir une situation nouvelle encore plus merveilleuse qu’autrefois.

Déjà, Isaïe - le prophète - parlait d’un nouvel exode : “Une voix crie : dans le désert, frayez le chemin du Seigneur…“ (Is. 40.3). Un exode qui ferait sortir non plus d’Egypte, mais de tous les déserts vers une Jérusalem nouvelle. Dans le même sens, Jérémie, à la même époque de l’exil, parlait d’une nouvelle Alliance : “Voici venir des jours où je conclurai avec la maison d’Israël une alliance nouvelle… Je mettrai ma Loi au fond de leur être ; je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je serai leur Dieu et eux seront mon peuple !“ (Jr. 31.31. Texte repris à notre intention par l’épitre aux Hébreux : 8.8-12).

Et on peut suivre, dans l’A. T., les étapes de cette Nouvelle Alliance qui ne sera rien moins, finalement, qu’une nouvelle création. Il y a comme un refrain rédactionnel qui parcourt la Bible depuis le livre des Juges : le peuple fait l’expérience de l’infidélité - comme nous tous - ; et de l’infidélité, il tombe dans l’esclavage - comme nous tous -. De cet esclavage, comme au temps où il faisait des briques en Egypte, il crie vers Dieu - comme nous tous -. Et Dieu lui envoie un Sauveur qui opère une délivrance - comme pour nous - !
Mais vient un moment où le rythme s’accélère, si l’on peut dire. Lorsque le peuple est déporté à Babylone, il n’est plus qu’“ossements desséchés“. Il se rend compte alors qu’il lui faut comme une nouvelle création. C’est le langage d’Ezéchiel : “Je vous donnerai un cœur nouveau ; je mettrai en vous un esprit nouveau…“ (Ez 36.25). Ce grand prophète - si original par son imagination - inaugure toute une théologie de la régénération par une nouvelle création…

Et les écrivains inspirés, tellement assurés des délivrances que Dieu va opérer, de la nouvelle création que le Seigneur va instaurer, vont répondre, par anticipation, à cette objection : comment se fait-il que Dieu reste fidèle alors que son peuple se montre si souvent infidèle ! On cherche les motivations pour lesquelles Dieu reste fidèle !
+ Le premier motif, répond-t-on rapidement, c’est que Dieu doit respecter l’honneur de son grand “NOM“ qui risque d’être profané parmi les nations s’il ne réalise pas, malgré tout, les promesses qu’il a faites.
+ Et bien davantage, on se rend compte que Dieu reste fidèle par amour, par un amour absolument gratuit, un amour tel qu’après les fiançailles originelles, il y ait des épousailles encore plus belles (Cf Osée) qui vont présider à une nouvelle alliance qui sera comme une nouvelle création.

Cet amour divin qui est à l’origine d’une nouvelle création a été proclamé tellement gratuit qu’on a dû lutter, par la suite, contre une certaine pensée, quand on a essayé d’expliquer la Révélation avec des catégories platoniciennes selon lesquelles “le Bien est diffusif de soi !“. Comme si Dieu avait été obligé de créer, de recréer, parce qu’il était bon ! Et bien non et non ! C’est par un acte absolument gratuit que Dieu a créé. C’est par un acte encore plus gratuit, qu’il nous recrée par l’Incarnation de son Fils qui est venu instaurer une nouvelle création “par l’eau et par l’Esprit“, comme Jésus lui-même le disait à Nicodème (Jn 3.5).

Prenons conscience, à l’approche de Noël, de cet immense amour de Dieu, un amour tout gratuit pour chacun d’entre nous : “Il nous a aimés le premier, dira St Jean… Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils…“ (Jn 14.21).
Ste Catherine de Sienne (excusez-moi de la citer ; mais c’était l’une de mes favorites lors de mon enfance monastique : une grande mystique, mais qui avait bien les pieds sur terre !) priait ainsi : “O Dieu éternel, ô fou d’amour, as-tu donc besoin de ta créature ? Car tu agis comme si tu ne pouvais vivre sans elle. Pouvais-tu te placer plus près d’elle qu’en te revêtant de son humanité ?“. Ce qu’avait bien compris finalement une toute petite fille de dix ans qui disait après son catéchisme : “Si je comprends bien, Dieu est un Cœur“, … tout rempli d’amour.

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