lundi 13 décembre 2010

L'âne

Avent 3 Lundi - L’âne de Dieu ! … (Nb. 24.2…)

Elle est digne d’un conte de Perrault, cette histoire de Balaam (Nb 24). Il faudrait la raconter aux enfants, comme beaucoup d’histoires de l’Ancien Testament (histoire de Jacob, de Joseph, du roi David… !) ; Ils en seront émerveillés, tout réjouis, tout “esbaudis“ !

Le roi de Moab (à l’est de la mer morte) voit d’un mauvais œil les Hébreux s’installer à l’ouest. Alors, il demande à un “Voyant“ célèbre (il en a, à toutes les époques !), à ce Balaam qui a une réputation de grand magicien (devant la crèche, affirmons qu’il est certainement l’ancêtre de nos fameux “Rois-mages“ ; et, de plus, il arrive du pays d’Abraham !)…, il lui demande de venir maudire ce peuple d’immigrés ! C’est toujours d’actualité !

Pour faire court, Balaam, monté sur son âne, arrive pour maudire le peuple de Dieu. Mais cet âne voit soudainement sur le chemin l’ange de Dieu lui barrer le passage, une épée à la main. Une première fois, il se cabre ; une seconde fois il dévie contre la muraille, blessant quelque peu son cavalier ; une troisième fois, il se couche ! Alors, Balaam, en colère, le rudoie. Evidemment !

Et voici que l’âne se met à parler ! Et oui, un âne qui parle ! Cela arrive : “Pourquoi me battre ; je t’ai toujours été fidèle !“. C’est la caractéristique de l’âne : la fidélité ! Isaïe l’avait bien remarqué : “Un bœuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire de son maître !“ Aussi recommandera-t-il de toujours “laisser sans entrave l’âne et le bœuf“ (32.20). De toute façon, ils reviendront à la maison du maître ! Voilà pourquoi ces deux-là ont leur place dans la crèche à Noël, même s’ils ne figurent pas dans les évangiles ! Un âne, dit-on, même très éloigné, retrouve toujours la maison de son maître ! Je demande toujours au Seigneur d’être assez intelligent et fidèle… comme l’âne de Balaam… Et celui-ci interpelle son maître : “Mais regarde donc… !“. Et Balaam voit l’ange de Dieu lui barrant la route comme une armée, l’empêchant d’aller maudire le Peuple de Dieu !

Il faut bien le remarquer et insister : c’est un âne qui d’abord voit l’ange de Dieu. Dès lors, l’âne de notre vie évoque certains moyens que Dieu prend pour nous parler. Car cet âne de Balaam prend la parole, figurez-vous ! Certains pensent que les ânes ne parlent pas. Ils ont tort. Ce sont des ânes ! Car l’âne de Balaam symbolise toutes les voies de nos vies qui semblent sans issue, rudes, escarpées et fatigantes… et qui mènent finalement à quelque chose…, à Dieu. Quand on vieillit et que l’on voit le passé, on a une grande dévotion pour l’âne de Balaam, pour tous ces “ânes“ qui se sont manifestés en notre existence, des messagers de Dieu, finalement !

Et puis, l’âne a un grand rôle dans la Bible… C’est l’animal messianique par excellence… C’est une deuxième raison pour qu’il soit dans nos crèches. Quand Moïse retourne en Egypte pour accomplir la mission de délivrance que Dieu lui a confiée, c’est sur un âne qu’il part : “Il prit sa femme et son fils, les fit monter sur un âne et s'en retourna au pays d'Égypte“ (Ex 4.20). Et c’est probablement sur un âne que l’enfant Jésus, le Messie, alla en Egypte et y revint, à l'exemple de Moïse : “D’égypte, j’ai appelé mon fils“, annonçait Dieu à travers le prophète Amos (Os. 11.1 – Cf Math. 2.15). Ne fût-il pas dit à David : “Les ânes serviront de monture au roi !“ (2 Sam 16.2). Aussi, Zacharie prédira : “Exulte avec force, fille de Sion! Crie de joie…,! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d'une ânesse“.
C’est assez extraordinaire le contraste qu’il y a dans le messianisme de Jésus, contraste qu’il faut souligner à Noël : Dieu, le Transcendant qui descend jusqu'en terre ; il faut faire la comparaison entre la vision d’Ezéchiel avec son imagination si fertile : Dieu sur un chariot immense, avec des yeux partout, des chérubins… etc et l’humilité de l’âne que Jésus a pris intentionnellement pour faire son entrée solennelle à Jérusalem, le jour des rameaux !

Mais revenons à ce Balaam qui comprend finalement qu’il doit non point maudire, mais bénir ! Et c’est l’un des oracles de cet “homme au regard pénétrant“ que présente notre lecture d’aujourd’hui. Il voit un “astre“ se lever. C’est l’étoile de David, l’étoile du “Messie-Roi“ ; c’est l’étoile de la crèche ; c’est l’étoile de l’“Emannuel“, Dieu-avec-nous ! Et Balaam bénit Dieu et son peuple !

Finalement, j’aimerais bien être cet âne de Balaam ! “J’avance comme un âne“, écrivait jadis le Cardinal Etchegarray. L’âne de Balaam ! Il a bien rempli sa mission, cet âne : désigner la présence de Dieu en nos vies.
Avoir la grâce de l'âne de Balaam pour mieux dire, humblement mais réellement : le Seigneur est là et qu'il soit toujours avec vous !

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