mardi 6 avril 2010

Mardi de Pâques   -    Proclamation de la résurrection  - Ac 2, 36-41 - Ps 32 - Jn 20, 11-18

Après la fête de Pâques, la réforme liturgique a mis à la première place, la première prédication, LA PROCLAMATION, le Kérygme (comme l’on dit), que fit Pierre, transformé par l’Esprit Saint, au matin de la Pentecôte. Il faut voir là une invitation à retrouver, au point de départ de l’enseignement du christianisme, la proclamation de la résurrection du Christ. « Si le Christ n’est pas ressuscité », dit St Paul, « nous sommes les plus malheureux des hommes, et notre foi est vaine ». Autrefois, on se saluait, le jour de Pâques, par ce dialogue : “Le Christ est ressuscité !“ - Et la réponse : “Oui, il est vraiment ressuscité !“.

Lue en entier, cette première prédication est une invitation à relire toutes les Ecritures, rétrospectivement, à la lumière fulgurante de la résurrection du Christ, comme nous le fait faire la liturgie, à longueur d’année, pour démontrer que toute l’histoire sainte, qui est notre histoire, qui est l’histoire de l’humanité tout entière, converge vers cet événement, le plus important qui ait jamais eu lieu : la victoire du Christ sur la mort au matin de Pâques. - Tout converge vers cette libération fondamentale de nos aliénations les plus graves, celles du péché et de la mort elle-même ; tout prépare cet événement, l’annonce et le préfigure. C’est l’aboutissement du dessein du « Dieu des délivrances qui a les issues de la mort ». Pâques, c’est “l’accomplissement du temps“, comme dit St Paul. Nous vivons à Pâques l’Exode, au plein sens du mot, cet exode dont s’entretenaient Moïse et Elie (représentant la Loi et les Prophètes,) avec Jésus, sur la Montagne de la Transfiguration.

Dans cette première prédication, Pierre se fonde surtout sur les psaumes, qui résument toute la Bible sous forme de prières. Il faudrait prendre le temps de lire en son entier cette prédication première, qui nous initie à une lecture chrétienne de la Bible. Pour nous Chrétiens, il ne doit pas y en avoir d’autre. Il faut lire la Bible et toute notre vie à la lumière de la Résurrection. Pour des raisons pastorales, le texte a été abrégé, et nous n’avons aujourd’hui, dans notre lecture, que quelques versets de conclusion de cette prédication première et primordiale.

Les auditeurs ont le cœur transpercé : “d'entendre cela, ils eurent le cœur transpercé“ (v/37) (ce qui n’est pas toujours le cas lorsqu’on entend un “sermon“ ordinaire, comme le mien souvent !). L’appel à la repentance pour la rémission des péchés et la réception de l’Esprit Saint s’adressent à l’universalité des hommes, à ceux qui sont près (les enfants d’Israël) et à ceux qui sont loin, tous les hommes, ce qui se fera par la prédication de Paul adressée aux “îles les plus lointaines“.

Avec cette prédication première s’ouvre la deuxième étape de l’histoire du monde. Tandis que l’Ancien Testament se contractait progressivement pour se ramasser dans la passion et le résurrection du Christ, la porte s’ouvre maintenant sur ce que St Paul appelle la récapitulation universelle du monde entier dans le Christ, par l’incorporation au Christ que procure le baptême. « Eux donc, accueillant sa parole, se font baptiser. Il s’adjoignit environ 3000 âmes »

Après la résurrection, la présence du Christ, plus réelle que jamais, n’est plus perceptible immédiatement par les sens comme auparavant. Marie Madeleine croit voir le jardinier. Elle ne le reconnaît qu’une fois interpellée par son nom.

“Je monte vers mon Père“. Ce mot de « vers » (“pros“) est le mot qu’on trouve au début de l’Evangile de Jean. « Au commencement était le Verbe. Le Verbe était tout élan vers Dieu »  (“pros theon“). Cet élan éternel du Fils vers le Père se transforme en passage ici bas. Le Christ passe au plus profond de la terre et de la détresse humaine pour la rencontrer, la saisir et l’emporter, après se l’être incorporée, vers son Père devenu notre Père, vers son Dieu devenu notre Dieu.

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