mercredi 21 avril 2010

Pâques 3 Mercredi – Le Simonisme - Ac 8, 1b-8 - Ps 65 - Jn 6, 35-40

Le jour même de la lapidation d’Etienne, une violente persécution se déclenche contre l’Eglise de Jérusalem. Persécution dont Saul de Tarses se montre un des participants les plus actifs et les violents.

Cette première persécution a pour effet de disperser les chrétiens et, par le fait même, de propager la “Bonne Nouvelle“, cet Evangile qu’il est impossible de ne pas partager.

Les premiers bénéficiaires de cette évangélisation hors de Jérusalem sont, on peut s’en étonner, ce sont les Samaritains dont la réputation était si mauvaise à l’époque qu’on évitait de traverser leur région quand on voyageait de Judée en Galilée. On se rouve dans la logique de Jésus qui scandalisait ses contemporains en luttant contre les préjugés qu’ils entretenaient avec ces Samaritains. Rappelons-nous la parabole du bon Samaritain, l’entretien avec la Samaritaine au puits de Jacob, l’épisode des dix lépreux qu’il guérit et dont le seul à manifester de la reconnaissance est, comme par hasard, un Samaritain. 

L’évangélisation de la Samarie est attribuée au diacre Philippe, qu’il ne faut pas confondre avec l’apôtre Philippe qui amène Nathanaël à Jésus. Le texte précise que les Apôtres, eux, sont restés à Jérusalem, tandis que s’opérait cette première dispersion.

Philippe est comme Etienne, l’un des sept diacres. Comme Etienne, il ne se contente pas de décharger les Apôtres du service des tables pour que ceux-ci puissent mieux se consacrer à la prière et au service de la Parole ; Comme Etienne, il a “la langue bien pendue“ et ne se prive pas de prêcher l’Evangile. On le rencontrera demain sur la route de Gaza, alors qu’il baptise l’eunuque de la reine Candace, après une belle catéchèse baptismale qui peut servir de modèle encore aujourd’hui.

Si vous poursuivez la lecture de notre texte d’aujourd’hui, vous verrez que Philippe doit lutter, parmi les déséquilibrés - ou possédés - auxquels il a affaire, contre un certain Simon, “Simon le Magicien“.

Cet homme voit son prestige - et en même temps son chiffre d’affaire - baisser à cause  de Philippe qui provoque dans la foule, par sa prédication et ses guérisons, des merveilles qui impressionnent les foules beaucoup mieux que lui-même ne réussissait à le faire par ses sortilèges. Beaucoup de conversions se manifestent ; et Philippe baptise un grand nombre de personnes !

Alors, Simon lui-même se laisse convaincre et se fait baptiser. Les Apôtres viennent de Jérusalem confirmer le travail d’évangélisation de Philippe. Le texte dit qu’ils descendirent de Jérusalem. On ne peut que descendre de Jérusalem même quand la route monte pour la quitter. Seuls les Apôtres, en imposant les mains, donne l’Esprit-Saint à ceux qui ont accueilli la “Bonne Nouvelle“ apportée par Philippe et les premiers Evangélistes.

Simon est alors dans une grande admiration en voyant les Apôtres faire plus encore que Philippe. Mais son vrai personnage se dévoile. C’est un homme vénal et, en toute candeur, il propose de l’argent aux Apôtres afin de posséder, lui aussi et comme eux, le pouvoir de conférer l’Esprit Saint. « Donnez-moi ce pouvoir à moi aussi : que celui à qui j’imposerai les mains reçoive l’Esprit Saint ». Cela provoque chez Pierre une indignation qui s’exprime avec une éloquence peu commune : « Pierre lui répliqua : "Périsse ton argent, et toi avec lui, pour avoir cru que tu pouvais acheter, avec ton argent, le don de Dieu ! Il n'y a pour toi ni part ni héritage dans ce qui se passe ici, car ton cœur n'est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ton mauvais dessein et prie le Seigneur : peut-être cette pensée de ton cœur te sera-t-elle pardonnée ;  car tu es, je le vois, dans l'amertume du fiel et les liens de l'iniquité".  Simon répondit : "Intercédez vous-mêmes pour moi auprès du Seigneur, afin que rien ne m'arrive de ce que vous venez de dire". » (Ac 8,20-24).

Je crois qu’il serait dommage de ne pas ainsi compléter la lecture d’aujourd’hui. Je ne sais ce qu’est devenu ce “Simon le Magicien“ ! Mais on peut dire que son mauvais esprit s’est longtemps maintenu : un des péchés dont l’Eglise a eu (et a toujours) le plus de mal à combattre tout au long des siècles de son histoire est le péché de simonisme. Il consiste à vendre contre argent comptant, les pouvoirs reçus gratuitement. Jésus avait dit clairement : «vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement». Le simonisme est un des péchés qui se déguise le plus facilement et qui donne, aujourd’hui encore, beaucoup d’urticaire à la conscience de beaucoup.

Et chacun de nous doit se rappeler : Dieu nous donne gratuitement ; donnons, nous aussi, gratuitement ce que nous avons reçu ! A l’exemple du Christ qui nous a tout donné, jusqu’à sa vie… Mais Dieu l’a ressuscité pour que nous vivions de sa vie divine !

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