lundi 19 avril 2010

Pâques 3 Lundi - Ac 6, 8-15  - Ps 118 - Jn 6, 22-29

Dans la lecture, la liturgie centre notre attention sur le premier des diacres dont l’institution nous a été racontée précédemment.

D’après le récit, on devine que les conversions au Christ ressuscité, avec la prédication des apôtres, ont touché toutes les catégories raciales, sociales, politiques et religieuses. Aussi, on distingue dans l’Eglise primitive des distinctions, voire des divisions. Il y a d’une part les « Hellénistes » : des juifs qui avaient vécu hors de Palestine et disposaient à Jérusalem de synagogues particulières où la Bible se lisait en grec. Avec la langue grecque, ils adoptaient assez naturellement certaines manières de penser et de vivre que réprouvaient les juifs autochtones, les « Hébreux » qui parlaient l’araméen, mais avaient maintenu dans leurs synagogues l’usage de lire la Bible en hébreu.

L’initiative des missions partira du premier groupe, les « Hellénistes ».  Mais, en attendant, il y a quelques tensions à propos d’intendance, semble-t-il : “Les Hellénistes se mirent à récriminer contre les Hébreux parce que leurs veuves étaient oubliées dans le service quotidien“. Cette récrimination  sur un point matériel devait très probablement correspondre à des tensions internes plus importantes. Quoi qu’il en soit, elle fut l’occasion de l’Institution des diacres. Les premiers furent au nombre de sept sur lesquels on impose les mains. Ils portent tous des noms grecs : Etienne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas. Ce dernier, Nicolas, n’est même pas juif de naissance, c’est un prosélyte, un de ces prosélytes  qui ont complètement accepté la religion juive, accepté la circoncision, et sont devenus membres du “Peuple élu“. Ils se distinguent en cela d’une 3ème catégorie de gens qu’on appelle les “Craignant Dieu“ qui sympathisent avec le judaïsme et fréquentent les synagogues, mais ne vont pas jusqu’à la circoncision et la pratique rituelle de la loi.

Il est important de bien situer ces trois catégories de gens pour bien suivre les premières péripéties de l’Eglise primitive dans son élan universel des missions. Et n’en est-il pas toujours ainsi aujourd’hui ???

Avec Etienne, on est au point de départ de cette éclosion universaliste. La discussion à laquelle nous assistons aujourd’hui se place à la synagogue des « affranchis ». On pense que ce sont des descendants de juifs emmenés à Rome par Pompée en 63 Av. J.C. et vendus comme esclaves ; beaucoup avaient ensuite été affranchis. Ils constituaient à Rome une colonie prospère et influente. Rien d’étonnant qu’ils aient eu leur synagogue à Jérusalem.

La dispute qui aboutira à la lapidation d’Etienne se fait à la “Synagogue des Affranchis“, dans le milieu helléniste. Saul de Tarses devait se trouver là, lui qui gardera les vêtements de ceux qui lapidèrent Etienne. L’apôtre des Gentils doit peut-être sa vocation en partie au martyr d’Etienne, s’il est vrai que “le sang des martyrs est une semence de chrétiens“.

Dans la synagogue, la discussion se transforme en émeute. Etienne est accusé de blasphème et traîné par le peuple, les anciens et les scribes, devant le Grand Conseil où commence un procès avec des accusations très semblables à celles qui furent portées contre Jésus, au sujet du Temple et de la Loi.

Etienne apparaît comme un personnage, assez fougueux et intrépide sans doute, mais exceptionnel. Il fait partie de ceux que l’on a chargés des besognes d’intendance - les diacres -. Cependant, par la suite, il se montrera cultivé et capable d’éloquence.

L’Evangile nous invite à entrer dans la compréhension de ce que Jésus appelle le pain. Lors de sa première tentation, il avait répondu à Satan : « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de ce qui sort de la bouche de Dieu. » A Samarie, quand les apôtres reviennent le retrouver au bord du puits, en rapportant des provisions, et l’invitent à manger, Jésus dit « j’ai une nourriture que vous ne connaissez pas, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Le pain pour Jésus, c’est d’abord la Volonté de Dieu telle qu’elle se manifeste au long de l’existence. Chercher toujours à faire la volonté de Dieu !

Pour comprendre l’expression « ce qui sort de la bouche de Dieu », il faut se reporter à ce qui est dit dans le livre des Nombres : « Le jour où l'on avait dressé la Demeure, la Nuée avait couvert la Demeure. Lorsque la Nuée s'élevait au-dessus de la Tente, alors les Israélites levaient le camp. Les Israélites partaient sur l'ordre du Seigneur et sur son ordreils campaient… Ils campaient sur l'ordre de Dieu et partaient sur l'ordre de Dieu. Sur l'ordre de Dieu ils campaient, et sur l'ordre de Dieu ils partaient. Ils rendaient leur culte à Yahvé, suivant les ordres de Dieu transmis par Moïse. » (Nb 9,15-23).

“Sur l’ordre de Dieu“ ! En hébreux : “sur la bouche de Dieu“ (Al pi adonaï), et cela par l’intermédiaire de Moïse. On pourrait dire que Moïse parlait sur la bouche de Dieu. Expression que l’on peut facilement transposer : quant Pierre parle - ou l’un de ses successeurs - n’est-ce pas sur la bouche de Dieu qu’il parle ? Manger le “Pain de Dieu“, n’est-ce pas chercher à obéir aux ordres de Dieu transmis par Celui que Dieu a envoyé dans le monde, Jésus, et par ceux qui ont reçu mission de parler “sur la bouche de Dieu“ ?

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