mardi 20 avril 2010

Pâques 3 Mardi – Etienne - Ac 7, 51 à 8, 1a - Ps 30 - Jn 6,30-35

La lecture nous propose les derniers versets du discours d’Etienne devant le Sanhédrin. Ce discours qui demanderait à être lu en entier occupe cinquante versets de plus au chapitre sept du livre des Actes.

Ce qui est à remarquer c’est qu’Etienne repasse toute l’histoire du peuple élu :
  • l’appel de Dieu à Abraham qui quitte la Mésopotamie, la promesse du don de la terre de Canaan où il ne séjournera qu’en étranger, l’Alliance avec le signe de la circoncision ;
  • le drame de Joseph vendu par ses frères et grâce auquel le peuple se développe en Egypte après la réconciliation.
  • le déconvenue de Pharaon pris à son propre piège : il avait ordonné de jeter les enfants nouveau-nés dans le Nil ; et c’est Moïse, sauvé des eaux, élevé par sa propre fille et instruit de toute la sagesse des égyptiens, qui fut l’instrument de la grande libération.
  • Dans désert du buisson ardent, il reçoit du Dieu de ses pères (Abraham, etc) cette mission extraordinaire : conduire le peuple à faire l’expérience du Dieu vivant, à faire alliance avec lui au SinaÏ.
  • Et puis, il y a l’expérience du désert durant quarante ans où Moïse rencontre moult difficultés de la part de son peuple : réticences, lamentations, infidélités…

Ce qui est à remarquer c’est qu’Etienne met en relief les aspects négatifs du comportement du peuple élu. Il veut y voir les préludes et les préfigurations de l’opposition que rencontrera Jésus, le vrai Moïse. C’est alors que la situation s’aggrave : « A ces mots, leurs cœurs frémissaient de rage et ils grinçaient des dents contre Etienne ».

Les versets qu’a conservés la liturgie d’aujourd’hui commencent ici. Etienne y est décrit comme transfiguré par la vision de la gloire de Dieu. On le pousse hors de la ville et on le lapide. Les Grecs vénèrent l’endroit de ce premier martyre du côté de Gethsémani, sur le pont qui traverse la route du Cédron. Les Latins ont repris une tradition byzantine qui situe l’événement au nord de la porte de Damas, là où le Père Lagrange a fondé l’Ecole Biblique et Archéologique française, sur les ruines d’une basilique que construisit l’impératrice Eudoxie. C’est pourquoi, le couvent des Dominicains s’appelle “Saint Etienne“.

Etienne, comme Jésus, meurt en demandant à Dieu le pardon pour ses persécuteurs. La mention de la présence de Saul de Tarse n’est pas là par hasard. La mort des martyrs est une semence de chrétiens. Qui dira la part qu’a joué le martyre d’Etienne sur la conversion de Saul et son rôle dans l’expansion universelle du message de l’Evangile ?

Prions St Etienne :
  • il fait mémoire : il ramasse tout le passé, l’actualise en sa vie, en la vie du monde et en dégage un élan d’avenir… vers Dieu, ce que rappelle toute Eucharistie.
  • Il fait “profession de foi“ au Christ qu’il voit déjà dans la gloire divine.
  • Il témoigne du Christ jusqu’au martyre.

L’Evangile nous invite à continuer la méditation commencée hier. Ce que signifie le pain pour Jésus - nous l’avons entendu déjà hier et nous l’entendrons plus explicitement demain -, c’est “faire La volonté de Dieu“ : “Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde… Je suis le pain de la vie… Et je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé !“. L’épitre au Hébreux fera dire au Christ : « Tu n'as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j'ai dit : Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté. » (He 10,6-7) Le chrétien, lui aussi, doit faire la volonté du Père dont il faut se “nourrir“ jour après jour en la déchiffrant dans les événements qui sont nôtres et en lesquels la Providence n’est jamais absente!

Ce qu’il y a de nouveau dans notre évangile d’aujourd’hui, c’est, si je puis dire, la “déclaration d’identité“ de Jésus : “C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le vrai pain, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie… Moi, je suis le pain de la vie… !“. “Je suis“ , ce “Je suis“ que répétera Jésus à l’approche de sa passion - : “Je suis“, le nom même de Dieu donné à Moïse au Sinaï.

Avec la lecture et l’évangile conjointement, on peut dire que toutes les réalités de l’Ancien Testament (de l’histoire) viennent se ramasser en la personne du Verbe Incarné pour y trouver une plénitude de signification avant d’aller se répercuter dans le monde entier jusqu’à nous.

Jésus n’a pas seulement fait des discours sur la volonté de Dieu. Il l’a traduit par tout son comportement de Verbe incarné. Et il nous donne la possibilité non pas seulement de l’imiter comme on imite un héros que l’on admire ; mais il vient vivre cette vérité mystérieusement en chacun de nous, selon la phrase mystérieuse de St Paul : « je complète encore dans ma chair, ce qui manque aux épreuves du Christ » - « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ! ».

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