vendredi 23 avril 2010

Pâques 3 Vendredi – St Luc, historien ! - Ac 9, 1-20 - Ps 116 - Jn 6, 52-59

On dit souvent que St Luc est, de tous les évangélistes, celui qui se rapproche le plus de l’idée qu’on se fait, à l’époque moderne, de l’historien. De l’historien de qui on peut attendre une reproduction chronologique et topographique aussi fidèle que possible des évènements qu’il rapporte. Et c’est vrai en quelque sorte ; il suffit de se rappeler le prologue de son évangile où il expose ses intentions : « Après m’être informé exactement de tout depuis les origines, j’ai décidé d’en écrire pour toi l’exposé suivi, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus, excellent Théophile ».(Lc 1,3-4).

Le but de St Luc est, tout en respectant l’exactitude des informations qu’il a collectionnées, d’en faire un exposé suivi. Et cet exposé suivi, il le fait avec le talent du médecin et de l’artiste, préoccupé avant tout de dégager, en l’occurrence dans le récit des Actes,  les lignes de forces des origines du christianisme :
  • De Jérusalem, l’Evangile se propage aux alentours, à la suite de la dispersion provoquée par la prédication et le martyre d’Etienne. Au chapitre 8ème, Luc note simplement la présence de Saul qui gardait les manteaux de ceux qui lapidaient Etienne et l ‘acharnement qu’il mettait à étouffer la prédication.
  • Mais, il lui paraît encore prématuré de concentrer l’attention de son lecteur sur celui qui va jouer le rôle principal dans l’expansion universelle de la “Bonne Nouvelle“. Il juge opportun d’ouvrir une parenthèse sur la propagation de l’Evangile par le diacre Philippe, aux environs immédiats de Jérusalem, comme nous l’avons vu les jours précédents, en Samarie et sur la route de Gaza.
  • Cette parenthèse se ferme aujourd’hui et l’attention se concentre sur Paul de Tarse et sa conversion sur la route de Damas.

Cet évènement capital dans l’histoire de l’Eglise est relaté trois fois par St Luc. Il en reparle aux chapitres 22ème et 26ème. Il y a grand intérêt à confronter les trois récits entre eux ; concordants pour le fond, ils nous montrent aussi des divergences de détails qui s’expliquent par la  différence des genres littéraires, les deux autres relations faisant partie de discours de Paul lui-même. Et il faut les confronter encore avec ce que St Paul dit de lui-même dans l’épître aux Galates….

Il est bon de laisser aux spécialistes le soin de faire de l’histoire au sens moderne du mot et de dénouer les contradictions apparentes qui émergent du rapprochement de ces textes !

Pour nous, simples chrétiens, mais lecteurs de la Parole de Dieu, lecteurs des “Actes des Apôtres“, il vaut mieux consacrer son temps à admirer le talent avec lequel St Luc, à travers la complexité des événements, montre la progression de la prédication évangélique telle qu’il l’a perçoit quand il fait son enquête et procède à sa rédaction : DIEU SE REVELE A TRAVERS TOUTE L’HISTOIRE !  Et il le fait avec le recul du temps qui lui a permis de dégager les lignes de force des évènements en même temps que leur signification providentielle à la lumière de toute l’histoire du peuple élu, à la lumière des Ecritures, comme Jésus avait appris à le faire aux disciples sur la route d’Emmaüs. St Luc avait bien retenu la leçon : “Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait“. C’est surtout ce talent “spirituel“ qu’il faut admirer chez St Luc, sans oublier celui de bon historien !

[ Cette réflexion est d’ailleurs valable pour tous les récits de la Bible où les auteurs inspirés ont pour principal souci de nous rapporter la signification providentielle des évènements qu’ils ont perçue avec le recul du temps, et cela avec l’aide de l’Esprit Saint qui mène vers la Vérité tout entière. Je pense que cette réflexion est plus actuelle que jamais  pour pouvoir lire la Bible sans trop s’embarrasser de questions trop scientifiques… soulevées par certains spécialistes qui mettent en avant certaines contradictions là où l’Esprit Saint a mis subtilement de l’harmonie pour dégager la signification, à travers les événements, du dessein d’amour de Dieu à notre égard.]

C’est cet art du narrateur qu’est Luc que nous sommes invités à admirer quand on lit son Evangile et les Actes des Apôtres, bien plus encore que la fidélité qu’il se soucie de garder à l’égard des faits qu’il rapporte.

- Aussitôt après avoir raconté la conversion de Saul de Tarses sur la route de Damas, Luc le mettra encore entre parenthèses pour rappeler que, dans l’Eglise qui se construit, c’est toujours et d’abord Pierre qui est le chef de l’Eglise ; et il parlera avec un art consommé de cette seconde Pentecôte qui a eu lieu pour les païens à Césarée Maritime avec la conversion du centurion Corneille.

Retenons surtout de la lecture d’aujourd’hui que Paul de Tarses a véritablement rencontré la personne du Christ ressuscité. C’est de la réalité de cette rencontre qu’il tirera l’assurance et la force dans l’affirmation de sa qualité d’apôtre.

Saul, pourquoi Me persécutes-tu ?

C’est souvent dans notre faiblesse, voire dans nos fautes que nous rencontrons la force du Ressuscité !

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