vendredi 16 avril 2010

Pâques 2 Vendredi  - Gamaliel ! - Ac 5, 34-42 - Ps 26 - Jn 6, 1-15

Gamaliel dont il est question dans la lecture, on peut, il faut  l’invoquer ! Actuellement,  il est vénéré par les chrétiens, depuis l’époque byzantine, à Beit Gémal (sud ouest de Jérusalem) où les Pères salésiens ont une école d’agriculture et où les sœurs de Bethléem ont construit un monastère où elles vivent une règle inspirée de celle des chartreux.

Les Actes des Apôtres sont toujours très riches de renseignements historiques : Ce Gamaliel est fort probablement le même Gamaliel, qui fut le maître de Saul de Tarses quand il était étudiant à Jérusalem dans sa jeunesse, ainsi qu’il le dit lui-même, après son arrestation à Jérusalem au retour de ses grands voyages missionnaires : "Je suis Juif.  Né à Tarse en Cilicie, j'ai cependant été élevé ici dans cette ville, et c'est aux pieds de Gamaliel que j'ai été formé à l'exacte observance de la Loi de nos pères, et j'étais rempli du zèle de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui". (Act 22.3).

À peu près dans tous les discours de la prédication apostolique, on distingue, comme on l’a remarqué, le peuple juif et les autorités du peuple juif. L’hostilité qui s’oppose à la prédication de l’Evangile vient, en premier lieu, des Sadducéens qui font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher la “séduction“ qu’opérait Jésus et ensuite les Apôtres sur le peuple.

Gamaliel comme Nicodème sont du parti des pharisiens qui ne sont pas d’accord avec les Sadducéens. On voit de plus en plus clairement quels sont ceux qui ont joué un rôle de premier plan dans le procès de Jésus, les partisans, comme Caïphe, de la « real politik » (une exigence toujours d’actualité !!!) : « L'un d'entre eux, Caïphe, étant grand prêtre cette année-là, dit : " Vous n'y entendez rien. Vous ne songez même pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière." (Jn 11,49-50).

Ce sont eux qui ont forcé la main de Pilate, le gouverneur, en faisant passer Jésus pour un agitateur, comme il y en avait beaucoup à l’époque. Ce sont eux qui ont manipulé la foule en lui faisant réclamer Barrabas et en arrivant à lui faire dire : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ».

Gamaliel, dans la lecture d’aujourd’hui, met en garde contre cet amalgame qui a provoqué la crucifixion de Jésus. Dans un réalisme plein de santé humaine et spirituelle, il réussit à convaincre le Grand Conseil de soumettre les choses à l’épreuve du temps. Si Jésus n’était qu’un vulgaire agitateur, il ne laisserait qu’un souvenir éphémère et ses partisans disparaîtront sans qu’on ait besoin de dramatiser et d’utiliser la force. C’était un sage, secrètement admirateur de Jésus, certainement. (Il y a en a toujours !). Et on peut l’invoquer pour qu’il nous donne lumière et sagesse.

Les Apôtres sont fouettés avant d’être, de nouveau, relâchés. Ils considèrent cette flagellation comme une occasion de ressembler un peu plus à Jésus lui-même. Ils y trouvent des énergies nouvelles pour la prédication de l’Evangile. Cette attitude est pour nous un exemple également. Sachons placer nos souffrances - et surtout celles que nous pouvons ressentir en tant que chrétiens - en celles du Christ Rédempteur !

L’Evangile d’aujourd’hui nous raconte de nouveau la multiplication des pains. Cet épisode est rappelé en ce temps pascal pour signifier que ce geste de la fraction du pain fut celui grâce auquel on reconnaît Jésus après sa résurrection, et pas seulement sur la route d’Emmaüs…

Cette “fraction du pain“ était un des gestes que Jésus avait l’habitude de faire tout au cours de son ministère public. C’est ce geste qui initia, peu à peu, les croyants à ce qui deviendra l’eucharistie, le GESTE par excellence, signe de sa présence. Ce geste occupait d’ailleurs une place importante parmi les bénédictions qui jalonnent toute la vie juive.

La liturgie de la messe a adopté ce geste de la bénédiction du pain et du vin à l’offertoire : “Tu es béni, Dieu de l’Univers…“. Bénir Dieu, le louer, le remercier… !  C’est le geste de louange, d’action de grâce par excellence : On loue Dieu pour  tout ce qu’il nous donne. On oublie un peu trop cette dimension spirituelle de la simple louange.

Et comment mieux louer Dieu que par ce DON DE LUI-MEME qu’il nous fait en Jésus Christ ? En avons-nous conscience ?

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