lundi 12 avril 2010

Pâques 2 Lundi   -   Renaître de l’eau et de l’Esprit. - Ac 4, 23-31 - Ps 2 - Jn 3, 1-8

Nicodème, comme Nathanaël, est versé, semble-t-il, dans la connaissance des Ecritures, mais leurs rencontres respectives avec Jésus sont radicalement différentes.

Tandis que Nathanaël, dès la première rencontre, au grand jour, éclate d’enthousiasme (: " Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël". Jn 1,19), Nicodème, au contraire, timidement, la nuit, essaie par des compliments d’entamer une conversation que Jésus interrompt brusquement en lui rappelant, sans transition, l’enseignement des prophètes (Jérémie, Ezéchiel et les disciples d’Isaïe) sur la nécessité d’une nouvelle naissance. Langage repris dans le psaume 51 qu’on a mis dans la bouche de David, après qu’il ait avoué sa culpabilité dans l’adultère et l’assassinat d’Uri, le mari de Bethsabée : « Vois : mauvais je suis né, pécheur ma mère m'a conçu...Lave-moi, je serai blanc plus que neige… qu'ils dansent, les os que tu broyas! Toutes mes fautes, efface-les. Dieu, crée pour moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme ». (Ps 51, 7-12)

Jésus fait appel à ce que ce notable d’Israël, ce pharisien lettré, devrait savoir de cette prise de conscience qu’a faite progressivement le peuple élu au cours de son histoire, en particulier lors de l’exil à Babylone : lorsqu’il n’était plus qu’ «ossements desséchés », il sentait bien la nécessité pour survivre, d’une Alliance nouvelle qui ne serait rien moins qu’une nouvelle création, une nouvelle naissance, naissance de l’eau et de l’Esprit comme dans la vision d’Ezéchiel :
  • « Le Seigneur me dit : "Prophétise à l'esprit, prophétise, fils d'homme.  Tu diras à l'esprit : ainsi parle le Seigneur Dieu.  Viens des quatre vents, esprit, souffle sur ces morts, et qu'ils vivent." ». ( Ez 37,9)
  • « Il me dit encore : " Cette eau (qui sort du temple) descend dans la Araba et se dirige vers la mer; elle se déverse dans la mer (morte) en sorte que ses eaux deviennent saines. Partout où passera le torrent, tout être vivant qui y fourmille vivra. Car là où cette eau pénètre, elle assainit, et la vie se développe partout où va le torrent ».(Ez 47,8-9).

On retrouve Nicodème ensuite, prenant courageusement la défense de Jésus dans le Temple, lors de discussions violentes pendant la fête des Tentes :

« Nicodème, l'un d'entre eux, celui qui était venu trouver Jésus précédemment, leur dit : " Notre Loi juge-t-elle un homme sans d'abord l'entendre et savoir ce qu'il fait !" » (Jn 7,50-51). 

On le retrouve surtout, à la fin, au pied de la croix :

« Nicodème - celui qui précédemment était venu, de nuit, trouver Jésus - vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d'aloès, d'environ cent livres. » (Jn 19,39).

Il contemple, comme le disciple bien aimé et la Vierge Marie, le corps du transpercé, élevé en signe de salut, comme le serpent d’airain pour les Hébreux dans le désert (évoqué lors de la première rencontre de Jésus avec lui). Le corps transpercé qui est, lors de la résurrection, le Temple au plein sens du mot, d’où s’écoule un fleuve de résurrection plus efficace que celui qui ressuscite la Mer Morte dans la vision d’Ezéchiel.

« J’ai vu l’eau vive jaillissant du cœur du Christ, Alleluia !
Tous ceux que lave cette eau seront sauvés, Alleluia ! »
, avons-nous chanté à  Pâques

Nicodème fait contraste, malgré sa lenteur à venir à la foi, avec les chefs des prêtres et les anciens. Mais avec lui, nous sommes tous invités à regarder le vrai serpent d’airain, le Christ élevé en Croix, mort et ressuscité, devenu le Temple au sens plénier, d’où découle le fleuve régénérateur des sacrements, qui fait parvenir jusqu’à chacun de nous la réalité de ce qu’ils signifient.

Voilà la renaissance. Et, affirmons-le, ceux qui, comme Marie, Jean et Nicodème, sont les plus près de la croix sont aussi les premiers appelés et les premiers bénéficiaires de la rédemption en regardant avec foi « Celui qui a été transpercé »
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