vendredi 9 avril 2010

Jeudi de Pâques   -   Reconnaître le Ressuscité ! - Ac.  4, 1-12 - Ps 117 - Jn 21, 1-14

L’Octave de Pâques, disons, comme le fait la liturgie, l’Aujourd’hui de Pâques, se termine. On dirait que l’Evangile que nous venons d’entendre a été choisi pour nous préparer à reprendre la vie ordinaire, sans pour autant quitter la présence permanente et réelle du Christ ressuscité.

« Je m’en vais à la pêche », dit St Pierre qui reprend son métier habituel (comme nous-mêmes, souvent).

On peut s’étonner de trouver, parmi les compagnons qui s’embarquent avec lui, Nathanaël dont on apprend qu’il est “de Cana en Galilée“ et qui n’est pas pêcheur du lac comme les fils de Zébédée, les associés de Pierre. C’est plutôt un intellectuel, dirions-nous.

Nathanël apparaît lors des premières “rencontres“ de Jésus.. Certains pensent que St Jean voit en lui, le type du théologien. Il est amené à Jésus par son ami Philippe de Bethsaïde : « Jésus vit Nathanaël venir vers lui et il dit de lui : "Voici vraiment un Israélite sans détour". Nathanaël lui dit : "D'où me connais-tu  ?" Jésus lui répondit : "Avant que Philippe t'appelât, quand tu étais sous le figuier (1), je t'ai vu". Nathanaël reprit : "Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël". Jésus lui répondit : "Parce que je t'ai dit : "Je t'ai vu sous le figuier", tu crois ! Tu verras mieux encore". Et il lui dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme".  (Jn 1,45).

Le vrai Israélite (et donc le chrétien) en qui il n’y a pas de détour, est appelé, comme son ancêtre Jacob-Israël (2), à voir l’échelle - reliant ciel et terre - partout plantée…, pas seulement à Béthel, mais dans le pointillé de l’existence. En voyant cette échelle partout plantée, on devient capable de donner signification - humaine et divine tout à la fois - aux choses et aux évènements les plus banals, comme une noce de village à Cana (d’où est originaire Nathanaël). Ce premier des signes de Jésus ne fut-il pas le plus riche de signification ? Quand l’heure sera venue, il ne s’agira plus de donner du vin (qui se dit parfois en hébreu : “sans de la grappe“) pour la gaîté d’une noce de village, mais de verser le “sang de sa vie“ pour la consommation des noces de la nouvelle et éternelle Alliance.

Ainsi, après Pâques, est-on invité à passer de la grande festivité annuelle de Pâques à la vie très ordinaire (“je vais  à la pêche“) où la présence du Christ, bien réelle et permanente, n’est pas toujours immédiatement perceptible. Nathanaël, ce “vrai Israëlite“ qui est dans la barque de Pierre, est un bon guide. Il faut l’invoquer !

Thomas  - du coup, ce n’est pas un intellectuel ! - fait aussi parti de la bande qui s’embarque, comme pour nous accompagner dans nos interrogations sur la présence réelle et permanente du Christ ressuscité. « Et voici que je suis avec vous, pour toujours jusqu’à la fin du monde !». (Mt 28,20)

Et puis, il faut le remarquer, comme sur la route d’Emmaüs, comme dans le jardin où Marie Madeleine croit rencontrer le gardien, la présence de Jésus est si discrète qu’on risque de l’oublier. Ici, après la nuit de pêche infructueuse, le premier à reconnaître Jésus dans la personne qui interpelle depuis le rivage est le disciple bien aimé. « Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre ; c’est le Seigneur ! » (Jn 21,7). C’est toujours l’amour qui discerne le mieux !

Mais les disciples semblent n’avoir pas encore vraiment reconnu la personnalité mystérieuse de l’inconnu du rivage quand ils débarquent. On remarque simplement que Jésus a préparé un déjeuner : « en débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain ».Il y avait 153 gros poissons dans le filet qu’on amène et qui ne se déchire pas. Des connaisseurs disent que d’après les naturalistes de l’Antiquité, il y avait 153 espèces de poissons connus à l’époque. Rappelons-nous que les pêcheurs du lac vont recevoir mission de devenir pêcheurs d’hommes dans le monde entier : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde".(Mth 28.19).

Remarquons encore : comme sur la route d’Emmaüs, on ne reconnaît Jésus qu’à la fraction du pain !
  1. Explication la plus simple : Par temps chaud, on se donnait rendez-vous facilement sous un arbre ; et pour les scribes, sous un figuier dont les feuilles épaisses donnaient davantage de fraîcheur !
  2. Jacob - avant que Dieu ne lui donne le nom d’“Israël“ (Gen. 32.29) - avait joué pas de “tours“, de “coups tordus“… à son frère Esaü, à son beau-père, etc… Il portait bien le nom de “Jacob“ qui peut se traduire par “le tortueux“ ! Il “se convertit“ en quelque sorte lors de son combat avec l’Ange ; il devient “Israël“ : fort et vrai  dans ses relations avec Dieu et avec les hommes !

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